samedi 13 novembre 2010

March To The Sun



Que c'est il passe a Gili Trawangan ?

Petit rappels des faits. J'arrive tout juste de la fin de la descente du Gunung Rinjani de Lombok, me retrouve a Bangsal (le port le plus proche pour les bateaux vers les Gilis) avec trois de mes compagnons trekkers (Allison, Alex, et Mike les anglais)...

Avant de vous raconter ce qui m'est arrive par la-bas, je vais vous faire un petit topo du style Lonely Planet, mais a ma facon si vous le voulez bien.

Dans les glorieuses annees ou le backpacking etait encore une discipline reservee aux fous furieux routards et aux hippies backpackers, Bali etait une destination exotique et sauvage prisee. Un ensemble de plages, de jungles, de montagnes et de plages, ou il n'y avait rien. Aujourd'hui, et bien...il y a du beton.
Oui, les trois "K" faisaient des adeptes :
- Il y avait ceux qui etaient plus du genre Ku Klux Klan. Pas tres sympas, pas du genre voyageurs, et en perte de vitesse dans les sondages, a l'epoque des sixties.
- Et puis il y avait, ceux qui ne revaient que de Kaboul, Katmandou et Kuta. Les hippies, plus sympas, mais en perte de vitesse egalement, quelques annees plus tard.

On s'en doute, Kaboul a beaucoup change et n'est plus la destinations prisee pour trouver du repos, et ce depuis les demeles afghans avec les sovietiques. Vu qu'actuellement c'est une zone de guerre, oublions. Katmandou, et bien je n'en sais rien mais j'en ai entendu de bons retours par les voyageurs que je croise. Et Kuta...eh bien ca a tellement change, il y a une telle decadence qu'il n'y a plus rien de balinais dans cette ville.

Et puis les gens ont ete plus loin, vers Lombok...qu'ils ont remonte vers le Nord. Et ces trois minuscules iles, a une demi-heure du port de Bangsal, au Nord Ouest : les iles Gilis. Depuis lors, beaucoup de voyageurs qui descendent d'Asie du Sud-Est, le long de l'archipel indonesien font une halte (ou terminent leur periple) par cet endroit mythique.

Voila le seul moyen de transport, avec le velo, des Gilis.


Nous avons la, trois tout petit coins de paradis, vraiment, et il y en a pour tous les gouts :

- Vous avez Gili Meno. La plus petite, tres tranquille puisqu'il n'y a absolument rien a y faire a part glander dans son bungalow les pieds dans l'eau en lisant un bon bouquin et en sirotant une noix de coco. En basse saison (donc au moment ou j'y ai ete), tout est presque vide, les plages magnifiques de sable blanc (du corail pile quoi) sont desertes et le snorkeling y est superbe. Le calme m'a impressionne d'abord, puis apaise ensuite. A peine deranges par quelques vendeuses de fruits magnifiques (les fruits), vous pouvez etre sur de ne croiser presque personne dans l'apres-midi.

- Gili Air : La moyenne, au niveau de la taille ainsi que de l'activite. Faite pour ceux qui veulent boire un verre tranquille le soir, mais sans trop faire la fete, et se reposer pepere durant la journee. Je n'y ai pas ete, mais sont profil "intermediaire" lu vaut un succes incontestable. Pour les puristes, le "Space Bar" sert des boissons a base de divers champignons hallucinogenes locaux...certains n'ont jamais retrouve leur bungalow !

Je vous dis que des hippies sont passes par la.

Avant de vous parler de la plus "grande" (2 Km par 1 Km), Gili Trawangan, une petite mise au point s'impose : les iles Gilis ont un status un peu particulier en Indonesie puisqu'elle sont "auto-gerees"....entendez par la qu'il n'y a aucun representant du gouvernement Indonesien sur les iles. Entendez par la, pas de poste, et surtout (et c'est ce qui nous interesse) pas de police.
Chaque ile est geree par un chef local de village, qui a a sa disposition quelques sous-fifres "assurant la securite" (c'est un tres grand mot), et se trimbalant sur des velos qui ont du voir naitre Pompidou. La derniere tentative de la police indonesienne de faire une incursion sur les Gili s'est soldee par un accueil de jets de pierres par la population locale...bonne ambiance...

Toujours est-il qu'aux Gilis, jusqu'a maintenant, on est plus vraiment en Indonesie. L'abscence de police, le cote festif et les nombreux voyageurs ont ouvert la porte aux substances narcotiques diverses et variees. Les Gilis sont en effet le seul endroit ou on pourra trouver en vente (non libre, mais largement toleree) toute sorte de drogue. Toute autre partie de l'Indonesie, on vous jete en zonzon aussi sec.

Et le catalogue est fourni : on passe des classiques (marijuana arrivant de Sumatra, Vallium, coke locale egalement, ecstasy de toutes les couleurs, morphine), aux exotiques (champignons hallucinogenes, qui font le bonheur des petits comme des grands, dans une bonne omelette ou dans un peu de Red Bull, mescaline), aux psychedeliques puissants (LSD), ou a d'autres saloperies meurtieres (heroine, methamphetamines...).
Tout cela se trouve (plus ou moins facilement) sur Gili Trawangan, pour des sommes modiques.

Puisque je vous dit que des hippies puants sont passes par la ! On entendrait presque Lucy In The Sky With Diamonds. Et je crois meme y avoir apercu John Lennon (qui n'est evidemment pas mort, il est aux Gilis a l'apero avec Elvis, Mickael Jackson, James Dean, Hitler et  Gainsbarre).



"Tu veux bedave ?"

La plus repandue etant bien sur l'herbe : on vous propose sans arret d'en acheter, et ca commence des votre descente du bateau. Lorsqu'on vous loue une chambre, on vous tend la cle dans une main, et le pochon d'herbe dans l'autre (au cas ou vous en voudriez). On vous propose meme de la gouter gratos pour vous faire une idee. Il y a meme des pack "velo + equipement de sorkeling + petard" a des prix defiant toute concurrence (et elle est feroce)...c'est du grand n'importe quoi.

"I know that I am ugly, but with mushrooms I am happy !"

Cette phrase est ecrite dans le dos des serveurs du bar "Rudy's Pub" (le plus repute, egalement le plus abordable de Gili Trawangan) qui sert donc, entre alcools normaux, des boissons magiques consistant en une race inconnue de champignons passes au mixer, melangee avec du Red Bull

"Red bull, car c'est en fusee qu'on va sur la Lune", qu'ils disent. C'est LE narcotique le plus populaire des visiteurs des Gilis. Et partout, passe une certaine heure, les magasins (qui d'habitude en journee vendent des strings "Heinekken" et des crocodiles geants gonflables), sortent leurs pancartes dans la rue : "We have super extra skyhigh magic ultimate brainstorming mushrooms". Le verre coute 150 000 roupies (12 euros), ce qui represente un budget dans ce coin du monde...et ayant apercu les effets sur les gens qui en prenaient, je me suis abstenu. Cette nana, qui devait etre plutot jolie dans son etat normal, a passe pres de quatre heure a contempler ses mains se deformer, changer de couleur, voir des griffes pousser au bout de ses doigts, et cette putain de moissonneuse-batteuse chauve avec son brassard de l'ONU qui ne veut pas lacher ma cravate.

Voila ! The decor is planted, comme disent les anglais. Maintenant que je vous ai decris l'endoit comme une zone de non-droit livree au narcotrafic, un endroit a passer au Karcher, que je vous ai plus avant decrit comme un paradis sur Terre, vous allez me prendre pour le dernier des toxicos.

Que nenni ! On pourrait penser que ces iles sont en effet remplies de junkies defonces, qu'il y a de l'insecurite, des problemes, des bagarres, des incidents, des arrets cardiaques, des bad trips a foison. Et bien ce n'est pas le cas. Rien de tout cela.

Au vu du nombre de drogues disponibles, c'est quand meme stupefiant.

Non, la majorite des gens ne consomment pas ou tres peu de ces substances. Les gens sont certes la pour s'amuser, mais ce sont pour la plupart des voyageurs avises. L'ambiance est on-ne-peut-plus bon enfant et ouverte a la rencontre, a la communion, aux autres. La presence de drogue en vente toleree ne stimule pas la consommation de ces machins, mais genere une impression de liberte, elle meme generant (c'est assez difficile a expliquer) un bien-etre ainsi qu'une volonte de rester responsable, justement peut-etre pour preserver la caracteristique de l'endroit. En bref, nous avons a faire la a une grande quantite de backpackers (beaucoup de voyageurs solo) qui ne viennent pas jusqu'ici, au fond de l'Indonesie, pour se defoncer, mais pour jouir de la liberte de pouvoir le faire si jamais cela leur chante...ce qui est tres different.
L'absence de regle, de contrainte.

Gili Trawagan donc, GT pour les habitues, est un endoit hors du temps pour tous les voyageurs. Les jours se transforment en semaines, les semaines en mois. J'avais decide, a l'origine, d'y passer deux-trois jours, histoire de reposer tranquille mes guiboles souffreuteuses. J'en ai passe huit, et me suis force a partir...

GT possede un petit village (ou des logements pas chers et tranquilles sont trouvables, non loin de la mosquee), ainsi qu'une "route" principale en terre, faisant le tour de l'ile (2h a pieds). C'est sur cette route que se concentrent toutes les activites de l'ile, uniquement sur le littoral Est (face a Lombok, on peut d'ailleurs apercevoir le Rinjani aisement depuis la plage). Le littoral Nord est borde par quelques bungalows fuyant la fiesta nocture, alors que les cotes Ouest et Sud sont desertes. Il y a meme des infrastructures touristiques desafectees dans ce secteur.



Ah oui, j'oubliais. Le fait que les Gilis soient autonomes implique que le chef de village interdise aux entrangers de lancer leur affaire sur l'ile ce qui preserve grandement le littoral de toute construction hasardeuse et degeulasse, nous avons la une ile d'une simplicite apaisante. Cerise sur le gateau, il n'y a aucun engin motorise sur les iles : les deux moyens de transport etant la charette a poney et le velo. Un bonheur. A part le bruit de sabot, rien. Tout, tout est apaisant ici. Je vous parle pas des paysages, paradisiaques, des plages de sable blancs, fonds marins de furieux...

C'est dans ce monde que je debarque.

Dans le bateau qui m'y emmene, je retrouve un mec que j'ai rencontre pendant le trek sur le Rinjani. Il etait dand un autre groupe de trekkers, uniquement seul avec son guide. Il est Indonesien, originaire de Sumatra et s'appelle Kiki. Sans deconner. Il me dit que c'est un nom de fille habituellement en Indonesie. Il me dit qu'il connait bien "Zizi, le joueur de foot francais". Non mais attendez je n'invente rien, je n'ai pas l'esprit mal tourne. Je me suis force a rester serieux, retenant mon sourire du mieux que je pouvais en regardant dans la direction opposee et en eclantant de rire, faisant mine de chercher la presence d'un gallion espagnol charge d'or vers le Nord...


Bref, me voila discutant avec Kiki, debarquant sur GT, disant "bye, see you in another life and travel safe !" a mes trois compagnons de trek. Kiki reste avec moi. Il est plus jeune, il voyage seul pour deux semaines, il est assez timide et j'ai l'impression que je lui apporte une certaine securite dans son voyage, car je me montre rapidement plus debrouillard et informe que lui sur la destination. Il fait partie de cette categorie indonesienne de gens aisees.  Je n'en croise pas beaucoup ou je traine. Son anglais est excellent et le gazier semble plutot cultive. Il gagne, dans son taf de comptable pour une grosse boite d'extraction de charbon, environ 600 euros par mois, ce qui est assez confortable pour vivre dans le coin.

Aucun de nous ne savions ou nous allions passer la nuit. Il me demande si je veux partager une chambre, je refuse. Un peu de calme et de solitude etaient necessaires. Par contre, vous allez me traiter de profiteur, j'ai use de ses capacites a parler le Bahasa Indonesia afin d'augmenter mes chances de succes lors de negociations musclees pour la chambre. Apres une premiere tentative infructueuse dans un taudis, je finis par trouver (toujours suivi de Kiki), un petit losmen sympa dans le village de GT, un peu en retrait de la rue principale de bord de mer (donc plus au calme, sauf que j'avais pas prevu la mosquee et son muezzin !). Le Lisa Homestay, ou Kiki prend donc la chambre d'a cote.


Apres avoir vide la totalite de mon sac (j'avais l'intention de passer au moins 3 nuits), un certain nombre de mes affaires utilisees pour le trek etant crades, j'avais donc besoin de faire une halte lessive et d'aller explorer les environs. Mais avec ma jambe en mousse, je ne suis pas alle bien loin.

Retour a l'hotel, il reste encore deux heures de jour. Nous sommes donc le vendredi 29/10, et je fais la premiere d'une tres longue serie de rencontres a GT. Un local. LE local a qui tu va faire confiance pendant toute la duree de ton sejour. Il va peut-etre un peu t'arnaquer, mais tu l'aime bien quand meme, et il t'aime bien aussi. Du coup, malgre une relation basee pour un bonne partie sur du commerce, on s'aime bien. Il m'appelle "Oli", comme le font tous les Indos, et lui s'appelle Allan. Se trimbalant sur son velo minuscule et faisant des allez-retours dans le village, il balance toujours un "Hello Oli!" de loin, pedale vers moi pour me demander s'il peut faire quelque chose pour moi, pour me demander ou je vais, etc. C'est le genre de gars que tu vas voir si tu as besoin d'un velo, et d'un equipement de snorkeling...A la fin j'avais meme son telephone.

A part Kiki (qui repartait le lendemain), dans les quatres chambres du losmen se trouvaient egalement Nathalie, une femme francaise "d'un certain age" (mais qui n'avait pas lu le bouquin sur la bonne femme a Ubud), mere de famille voyageant seule, qui faisait un break de cinq semaines en Indonesie pour se detacher de son taf de psychologue devant accompagner les femmes victimes de grossesses a risques/problemes etc., qui commencait un peu a la submerger. Et puis, dernier au tableau, David, un allemand de 26 ans, qui connait bien le coin puisque son premier voyage seul en Indonesie remonte a ses 16 ans. C'est avec lui que j'ai traine, vu qu'il etait un bon guide potentiel et ne sachant de toute facon pas ou trouver Kiki (Allan avait reussi a lui refourguer le pack "velo +...").



J'ai bien sympatise avec David le berlinois. On va boire l'apero et bouffer, puis boire un coup. Alors pour information, le nombre d'endroits pour boire des coups est assez impressionnant a GT. Mais il y a trois bars principaux qui ont le droit, a tour de role, de mettre leur soupe plus forte et plus longtemps que les autres (c'est de la musique de boite de nuit occidentale). Le Lundi, c'est le bar du centre de plongee Blue Marlin, qui met son David Guetta a fond. Le Mercredi c'est le Tir Na Nog, un pub irlandais qui retransmet les matchs de foot et sert des Guinness, qui met son David Guetta a fond, et le Vendredi soir, c'est le Rudy's Pub, le plus populaire, qui met son David Guetta a fond. Et vous avez, un peu plus loin, le Sama-Sama Reggae Bar, repute meilleur bar reggae d'Indonesie, avec de la musique live et du monde tous les soirs jusqu'a la fermeture vers 1h30.

David (l'allemand, pas Guetta) etait en fin de vacances, en rade d'argent pour ses trois derniers jours, donc je lui en ai lache un peu de flouze (oh pas grand chose, histoire qu'il puisse au moins bouffer). Dans ma premiere vraie journee a GT le lendemain, Kiki avait effectivement mis les voiles tot sans dire au revoir. David et moi avons donc pris le bateau a 9h30 pour aller a Gili Meno, la plus deserte. Il n'y a que un aller-retour par jour qui desert les differentes iles de l'archipel (distantes d'1 Km chacune mais, au vu des courants, il est dangeureux de la tenter a la nage). Aussi devions nous etre de retour au "port" pour 15h30.
Nous avons donc severement glande sur un plage parfaitement deserte, je suis alle faire une heure de snorkeling, magnifique, a seulement une vingtaine de mettre du bord. Le temps de glander, de discuter, de glander encore, de manger. Hop ! Il etait 15h30. Tout cela est passe tres vite.





Bienvenue donc aux Gilis. L'endroit ou les gens marchent de toute facon a 10 metres par minutes (ah ces insulaires !).

L'endroit ou tu peux prendre le temps de perdre ton temps. 

Avec David, on s'est donc retrouve pour la plupart du temps au Rudy's Pub, car il s'etait fait un pote serveur, Mato, un local qui avait du rester perche avec les champignons qu'il vendait, mais qui nous faisait marrer a parler toutes sortes de langues. Mais David etait creve assez tot du fait que, pour faire des economies de fric, il ne bouffait que le soir et restait dormir au losmen toute la journee. Dimanche, dernier soir pour David, je rencontre une autrichienne hotesse de l'air...j'ai juste tape la tchatche, comprenez, mais j'aurais bien aime la revoir le lendemain. Bof, ca n'est pas arrive. Comment ca "complexe d'Oedipe", c'est encore une connerie signee Freud non ?

Le Lundi qui a suivi, David est donc reparti vers sa Chermanie natale. Et j'en ai profite pour aller aux Dream Divers, un centre de plongee ou bossait Loic, un francais exile depuis 2 ans sur cette ile paradisiaque, dont le metier est d'accompagner les plongeurs, de prendre des photos et videos de leur exploits subaquatiques, et de leur vendre le tout sur DVD apres coup. Voila, pas degeu non ?

GT est blindee (je dis bien blindee) de centres de plongee. C'est l'activite touristique qui genere le plus de pognon avec l'hotellerie et la picole. Certains ont des batiments impressionnants, munis de fosses d'entrainements, de materiel dernier cri et d'instructeurs de plongee super beaux gosses. On peut d'ailleurs passer tous ses diplomes PADI en un rien de temps et se retrouver a etre capable d'enseigner le truc a de charmantes israeliennes en chaleur. Le Blue Marlin est considere comme un des meilleurs centres de plongee technique au monde (avec des instructeurs renommes, et des formations sur la plongee au Nitrox ou encore avec un recycleur d'air).

Mais tout cela a un cout. Et le cout est particulierement eleve a Trawangan. Pour une fundive (comprenez "plongee-exploration", necessitant un diplome prealable), comptez environ 40-50 euros, materiel et encadrant fournis. Vous payez au passage, pour chacunes de vos plongees, la Gili Eco Tax, qui est une mesure locale intelligente permettant de recolter des fonds afin de nettoyer les plages, sensibiliser les ecoliers locaux au probleme de la preservation de l'ecosysteme marin, et recreer du recif coralien plus rapidement en utilisant un systeme de des cages electrifiees (le corail autour de GT est mort, en grande partie, a cause de la peche a la dynamite et au cyanure pratiquee par les braconniers pendant des annees).

Bref, ma plongee a GT, la premiere depuis longtemps (mais j'ai plus de 100 plongees sur mon carnet), s'est realisee a Shark Point, au Nord-Est de l'ile. Normalement, a Shark Point, on devrait voir des requins. Hein, normal quoi. Des pointes blanches, des pointes noires. Des requins gentils quoi. Bon, les requins etaient absents, mais les raies manta ne se comptaient plus. Une tortue de mer passait egalement dans le coin. J'aime tellement cette sensation qu'offre la plongee sous-marine, cette troisieme dimension, ce silence...Je suis resorti de l'eau tellement heureux. Meme si je n'avais rien vu, j'aurais eu le sourire tellement cette activite d'etre sous l'eau m'apporte serenite et bien-etre.



Le mardi, arrivent mes nouvelles voisines de chambres. Trois nanas ! Jackpot !!! Deux filles magnifiques : Gayle (anglaise) et Saskia (hollandaise). Et une troisieme. En fait, ce sont des nanas qui au depart voyagent seules mais qui se sont retrouvees a un moment donne. La troisieme fille, anglaise egalement et qu'on appellera "Motormouth" pour preserver sa dignite, s'est greffee a Gayle&Saskia au dernier moment, et se revele etre une veritable plaie.

Motormouth est en effet la premiere personne que je croise dans ce voyage pouvant balancer des ondes negatives, et n'ayant absolument aucun sens de la tolerance, la premiere que j'ai eu envie de fuir ! Pourtant, c'est une vraie baroudeuse. 32 balais, elle termine un voyage solo de 9 mois qui l'a menee jusqu'aux confins de l'Inde, de la Chine, de la Thailande, de la Nouvelle-Zelande, etc. Elle a donc tout vu, tout fait, et l'endroit ou elle se trouve actuellement (GT) est absolument minable a cote des merveilles qu'elle a vecu par ailleurs. Elle parle tout le temps, plus fort que tout le monde. Une casse-berles digne des plus grandes competitrices de la categorie.

Premier soir de son arrivee, au diner : la honte absolue. Nous etions 6 ou 7 voyageurs a la meme table. Motormouth etant occupee a gueuler sur son voisin  de table (elle parle tres, tres fort en fait) pour lui raconter comment elle avait pu allaiter un bebe panda chinois avec son propre sein gauche afin de lui sauver la vie (ou une autre histoire du meme accabit), a tel point qu'elle ne remarque pas l'assiette gigantesque de poulet au curry deposee devant elle. C'est uniquement un quart d'heure plus tard que, trempant sa fourchette dans une assiette semi-froide, elle se met a faire une remarque desobligeante sur la temperature de son auge. Elle fais un signe au pauvre "serveur" :
- "Vous pouvez venir ici s'il vous plait ?". Le mec, interloque, se pointe.
Vous appelez-cela une assiette chaude ?Non, c'est froid...".

Et son assiette repart donc en cuisine. Nous avons tous (sauf elle evidemment), echange des regards desole pour le serveur, le cuisto, et surtout pour cette pauvre conne qui s'est donc remise a hurler du fait dramatique que "la qualite du service en Indonesie se degradait a mesure qu'on s'eloignait de Borneo". Excusez-moi, vous qui lisez cela, mais je ne comprend pas que, quand on se la raconte "routard de fou furieux", on puisse encore s'emouvoir a l'idee de manger un poulet au curry tiede qu'on a paye 1,5 euro. La phrase universelle, qui nous est tous passee par la tete a un moment donne de notre relation avec cette fille est uniquement "ta gueule...juste...ta gueule s'il te plait".

Le courant est par contre plutot bien passe avec l'anglaise, Gayle. C'est une plongeuse, une snorkelleuse, a un bon niveau et une bonne connaissance de la faune exotique marine que nous pouvons croiser (bien meilleure que moi). Nous foutants reciproquement de notre gueule entre rosbifs et frogs (gentilment hein!) on s'est sirote quelques bieres dans une bonne ambiance. Ouep, on s'est bien entendu !



Grace a Saskia, nous faisons la connaissance d'autres barooders solo, ce qui fait de nous un petit groupe, notamment d'anglais, de hollandais et un francais tout seul (moi), qui allons nous retrouver regulierement pendant quelques 3-4 jours pour bouffer ensemble le soir, et picoler gentiment dans notre repaire : le fameux Sama-Sama Reggae Bar, ou j'avais reussi a trainer tout le monde et a leur faire apprecier l'ambiance du lieu.

"How good and how pleasant it is for us to be here together within one unity"

Le Sama-Sama, c'est un peu le rendez-vous de ceux qui n'aiment pas David Guetta ou Lady Gaga. Le groupe local "Mellow Moon" y joue tous les soirs, pendant 4 heures (avec pause d'une heure) une setlist roots reggae tres similaire d'un jour sur l'autre, mais sait mettre une bonne ambiance. Mention speciale au clavieriste, coupe afro, qui est le meilleur pianiste que j'ai jamais vu dans un groupe de reggae. Essentiellement des reprises, on retrouvera enormement de chansons de Bob (les plus populaires, de One Love a Jamming...mais pas de Natural Mystic blowing through di air), du Alpha Blondi (Jerusalem surtout), et UB40 (une musique qui m'insupporte). Le groupe joue aussi deux de leur compos, dont notamment "Lombok Holidays", excellente,  et la plus touristique "Once Upon A Time In Gili Trawangan" qui vient cloturer chaque prestation scenique.



A cette endroit, toujours dans cette ambiance de fete, sur cette petite ile ou tu croises et recroises tout le monde, je rencontre Marcel, un hollandais. La petite trentaine...Il fait 2 metres, chauve, epais comme une allumette, et blanc comme la neige. On le voit arriver de loin car, des qu'il est bourre, il brandit un drapeau ethiopien de la meme taille que lui avec le lion imperial rasta, et saute partout avec sur les rythmes marleysiens. Il affirme que son pere vient d'Ethiopie (il n'a pas su me dire de qu'elle tribu), qu'il a donc Africa dans ses veines, et que du coup, bordel, le rasta c'est sa vie (qu'il t'affirme avec un verre de biere a la main).

Avec un peu d'alcool dans les veines, ce mec devient juste enorme ! Il ne peut parler autrement qu'en utilisant des incantations Nyabinghi (un ordre Rasta). Tranquille avec ta roteuse dans la main, le mec il arrive par derriere et te sort en gueulant d'une voix solennelle un redoutable :
"Respect and penitence for the Imperial Majesty Haile Selassiai The First, Lord Of Creation, Above All, Each and Everyone, Which will look after Earth, his children and the mother Nature from Zion. Jah Rastafari ! I'n'I never fearful. Yes I."

Et il en a plein d'autres comme cela. Et il nous fait bien marrer tellement il se prend au serieux.

Il ne danse pas sur du "reggae blanc" (parce que c'est pas "Irie", c'est plus "Babylone music" ), et pense que les dreadlocks devraient etre reserves au noirs ! Bon je suis pas tout a fait d'accord, mais merde ce mec est adorable, et il est juste gigantesque avec son drapeau ethiopien 24h/24 autour du cou.

Pour cloturer en beaute, sachez qu'a GT vous avez un cinema sur la plage, avec deux films recents (pirates) par soir. Gratuits. Vous avez juste a commander a boire ou a manger une fois, et vous pouvez vous vautrer sur des coussins et autres fatboys, a 10 metres de la mer, pour mater votre film tranquille. Si vous etes plus adepte de l'intimite, des petits bungalows sur la plage, equipes d'une TV, vous permettent de mater un film a 5 ou 6, vous filant un choix d'environ 400 films. Si vous preferez, on peux aussi vous brancher une console de jeux.

GT, vous voyez, ce fut cela. Des rencontres, diverses, variees, toutes differentes. Dans la bonne humeur, la rigolade, la liberte, la tolerance, l'intemporalite. Le tout sous les tropiques, sur des plages magnifiques, avec gens beaux et bons, et des poissons de toutes les couleurs. Grosses vibrations. J'y serais reste des semaines. Et ce n'est pas le fait de m'etre fait piquer une paire de tongs et un t-shirt,  au milieu d'une plage deserte pendant que j'explorais seul les fonds marins au Sud de Trawangan, qui me feront changer d'avis. GT, j'y reviendrais un de ces quatre.

Lorsque j'ai repris pied, huit jours avaient passe depuis mon arrivee. Le compte a rebours avant mon depart pour la Thailande avait commence : J-5. J'ai donc decide de prendre un bateau rapide, directement vers Amed, Nord-Est de Bali, le samedi 6 novembre, au matin.

J'ai donc laisse derriere moi toutes mes rencontres. La plupart du groupe de voyageurs rencontres a continue sa route vers l'Est : Lombok, Sumbawa, Flores...Et moi je suis reparti, solo, vers Bali a l'Ouest. Pour le coup, ca n'a pas ete evident pour le moral, car je savais que j'allais vers des contrees plus vides, et moins animees. Juste apres GT, c'est une petite claque.

Mais je commence a avoir l'habitude alors je pars sans me retourner a 11h le matin...et dans une heure, je serai a Bali... 

Peace, Love, Frenetic Vibes.

5 commentaires:

  1. tjrs très agréable de te lire ,et je peux me rendre compte que tu es heureux ...Quoi de plus important pour moi que de te savoir bien ds tes baskettes,et bien ds ses choix !Aujourd'hui,tu es arrivé en Thailande...Bonne impression ? Il me d
    tarde de lire la suite de tes aventures.Bon vent mon Titou,et tjrs....prends bien soin de toi !!!Pleins de baisers .Maman

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  2. Nous sommes le 18!!!!!!!
    A quand le nouveau post????
    On a besoin de rêves nous,d' évasion,d' exotisme...!.!!!;)
    T as pas le droit de nous laisser comme ça! Pendant que tu te la coule douce pense un peu a ceux qui sont dans leur quotidien,routinie et de plus en plus froid!!!
    Dans cette attente eclate toi bien ( tes posts en seront que plus passionnants),prends soin de toi,profites,observe,ouvre grand ton cœur et ton âme!
    A très vite....

    Selah';)

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  3. Aha Selah :)

    Je suis actuellement sur des iles en Thailande ou l'acces Internet est soit impossible, soit hors de prix. Maaaais, le prochain article est pour tres bientot, vous inquietez pas :)

    Le bisous a tous !

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  4. enooorme la blague stupéfiante !

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  5. hello bro!!!
    Que du bonheur!!!!Chaque publi,je pars un peu.Continues ton periple,et à me faire rever à des voyages improbables.
    Profites & prends soin de toi, mon frere.Que le cul te pèle...
    Brü

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