jeudi 30 juin 2011

Wills Dissolve



Sousaday.

Non ce n'est pas la dernière insulte portugaise à la mode. C'est une translittération à l'arrache du "bonjour" khmer. Voilà, comme cela vous savez le dire, à défaut de l'écrire, vu que nos chers Cambodgiens se sont aussi dotés d'un alphabet parfaitement incompréhensible pour la buse moyenne telle que moi, à l'instar de leurs "amis de toujours", les Thais. Ils s'adorent.

Merci aux quelques-uns qui passent encore ici. Le manque de productivité de ma part a, sans surprise, déclenché une baisse drastique de la fréquentation de ce blog ces dernières semaines. Je vais m'employer ici-bàs, à renverser cette tendance.

Ne nous précipitons pas trop vite sur le Cambodge. Je suis encore coincé avec les Viets à Can Tho. Et oui, rappelez-vous la visite des marchés flottants dans le Delta du Mekong avec l'ami "Heeeeeei". Rappelez-vous ma conclusion sur ce grand pays qu'est le Viet Nam à la fin du dernier billet. Et bien ce Viet Nam il m'a fallu un peu galérer pour en sortir.

J'avais décidé de rentrer au Cambodge par le poste frontière situé le plus au Sud, car à l'origine j'avais éventuellement le projet de faire un passage sur l'île de Phu Quoc. Cette île, la plus au Sud du Viet Nam, disputée avec le voisin khmer, est vendue par les viets comme leur plus belle île. The "Île Tropicale" par excellence. Et c'est vrai que les photos pourraient faire baver plus d'une grand-mère. Même avec mon compagnon Will on avait pour projet de s'y rendre éventuellement. Aucun de nous n'y a été au final. Me concernant, plusieurs choses mon contraint d'abandonner cette idée.

A) Je ne voulais pas faire un aller-retour continent viet - Phu Quoc. Perte de temps et d'argent. J'avais eu vent de rumeurs indiquant des bateaux partant parfois de Phu Quoc pour gagner Sihanoukville au Cambodge, ce qui (dépendant du prix) aurait été une bonne solution pour moi. Mais je n'ai jamais en confirmation de son existence réelle.

B) Des retours d'expériences catastrophiques de Phu Quoc. Les photos de plages paradisiaques sont parait-il trompeuses. Alors bien sûr qu'il y a des endroits jolis, mais les photos de vous montrent pas -paraît-il- les nombreuses ordures qui jonchent la plage, le bord des routes crados, la nouvelle RN en cours de construction ainsi que les chantiers rasant jungle et palmeraie pour construire d'éternels furoncles 5 étoiles de 25 étages bien construits et bien solides à l'aide de superbes parpaings de 14.

C) Les prix pratiqués. Les locaux se sont crus à Ibiza. Les prix sont effroyables par rapport à la moyenne vietnamienne à prestation égale. Si c'est pour me taper un bungalow au milieu des sacs plastiques, à 20 euros la nuit. Merci mais non merci !



Voilà. Donc par contre j'avais gardé en tête l'idée de filer vers Sihanoukville après ma rentrée dans le Cambodge, ce qui me menait en toute logique vers le passage frontière situé à Ha Tien, côté Viet. Le plus au Sud donc, ce poste frontière a la réputation d'être relativement facile pour les étrangers et peu fréquenté.

Bien évidemment, une fois à Can Tho, on m'apprend qu'il n'existe réellement aucune ligne de bus directe entre Can Tho et Ha Tien (distance = 110 Km environ), et qu'il va falloir que je me débrouille pour me rendre à la frontière moi-même, la traverser, et poursuivre à l'intérieur du Cambodge par mes propres moyens. Par chance, en discutant un peu avec la "tenancière" du homestay dans lequel je me trouve me tuyaute pour un obscur bus local qui ferait le trajet depuis Can Tho. Départ à 4h30 du matin de l'autre côté de la ville. En ce 24 février donc, debout à 3h, pour me rendre compte qu'un mec en bécane, un xe om, m'attend dehors dans la nuit pour m'emmener au bus se trouvant à une petite dizaine de kilomètres de là.

Pour le coup, je me retrouve dans un bus purement local, aux milieux de locaux uniquement. Pas mal de marchandise sur les sièges, dans le couloir, sur le toit. C'est cool, c'est folklo, la journée s'annonce belle (la météo est magnifique pendant tout mon voyage depuis Hoi An quelques 3 semaines plus tôt). Je parviens à trouver un espèce de sommeil malgré l'énorme bordel fait par le moteur. Je me rend compte que les arrêts sont fréquent, le bus transportant des gens mais faisant aussi pas mal de fret ! Charger, décharger, certains arrêts ont duré plus d'une demie-heure, parfois à attendre qu'au local vienne chercher sa marchandise. Du coup, les paysages et les bornes défilent leeeentement.

110 kilomètres. Neuf heures de trajet...

Sur la fin, ça devenait plus dur physiquement. Parti à quatre heures du mat' et approchant les midis, la chaleur dans cet étrange bus s'intensifiait, un cagnard improbable nous tapant sévèrement sur le coin de la tronche. Pas moyen de boire ou de manger. Ah si, quelques locales viennent nous vendre des beignets et de la flotte directement dans le bus lors d'une courte pause je-ne-sais-où. Impossible aussi d'avoir une quelconque discussion avec les locaux remplissant le bus (je suis le seul non-local), vu qu'ils ne parlent pas anglais. D'ailleurs, impossible également de savoir si je vais réellement dans la bonne direction, mais je le sens bien.


Ça y est, on y croyait plus, mais je vois la mer sur ma gauche. Les plages Viets située aux Sud du Delta du Mékong sont assez magnifiques. Et complètement "intouchées", à part quelques pêcheurs locaux. On est maintenant dans le Golfe de Thaïlande, et non plus dans la Mer de Chine du Sud, quelque part à la jonction entre les océans Pacifique et Indien. Je sens déjà le parfum du Sud Thaïlande que j'avais déjà parcouru quelques trois mois auparavant. Mais si je m'y dirige, je n'y suis pas encore, c'est le Cambodge qui commence à se profiler avec cette arrivée à Ha Tien.

Il me faut être plutôt affûté car le bus se vide drastiquement le long de la route et nous ne sommes plus très nombreux à l'intérieur. Finalement, un mec me dis de descendre, je prends mon barda et me retrouve tout seul au milieu de la route. Le climat est aride, pas une plante verte dans le coin ! Je suis en nage, et pour le coup ma sortie du Vietnam est en opposition complète de ce point de vue là aussi ! Je me remémore mon arrivée mouvementée dans un Hanoi aux 10 degrés...me voila dans une zone déserte et aride.

Déserte complètement ? Non. Il y a un Viet avec une moto qui est semble-t-il là pour moi. Je ne suis pas encore complètement à la frontière (environ 3 Km), et ce jeune homme me propose de m'emmener vers les villes du Sud-Est Cambodgien les plus proches d'après la frontière, à savoir Kep ou Kampong. Malheureuesment pour moi (et pour lui), ces deux destinations ne me branchent pas. Je voulais initialement pousser jusqu'à Sihanoukville, la grosse station balnéaire khmère, mais les neufs heures de bus m'ont calmé car j'en aurais eu encore pour six heures derrière un local en moto depuis là où j'étais, ce qui ne m'enchantais que moyennement. Le compromis étant la ville de Kampot, qui me rapprocherait un peu de mon but final.

Après discussion de prix et entente financière trouvée, je me retrouve derrière ce Viet, que nous appellerons affectueusement Maurice, qui me dit qu'il fait cela tous les jours et qu'il peut traverser la frontière dans tous les sens autant de fois qu'il veut puisque de toute façon les agents, qu'ils soient Viets ou Cambodgiens, connaissent bien les gars qui font ce business et ne sont pas trop regardants là-dessus. Il faut dire aussi que le poste frontière Ha Tien / Prek Chak est loin d'être le point de passage le plus fréquenté (dans le Sud, c'est plutôt Chau Doc, le long du Mékong et sur la route de Phnom Pehn qui est préféré par les voyageurs). Et pour cause, seulement 6 ou 7 personnes, toutes occidentales, sont là. Quelques français (comme souvent), ainsi que cet italien de la trentaine qui voyage en moto et qui semble déjà bien connaître ces pays d'Asie du Sud-Est.

Maurice me laisse continuer à pieds, me sortant qu'il me récupèrera de l'autre côté du point de passage, et que la plaisanterie allait, malgré le peu de personnes, prendre une bonne heure et demie. Chose difficile à croire, la suite révèlera qu'il avait raison. Les formalités se font sans encombre, bien qu'il soit plus compliqué pour moi d'entrer au Cambodge, vu que le visa se fait directement à la frontière et qu'il faut une photo d'identité que je n'ai pas. 5$ supplémentaires permettront de passer outre cette obligation. Le chef du poste frontière cambdogien me parle un peu en français et, très sympatique, me rend mon passeport avec un grand sourire...



Il faut savoir au passage, que le dollar américain est largement utilisé au Cambodge. Il a même supplanté la monnaie locale et est utilisé en priorité partout. Le riel, qui est donc la devise cambodgienne, est très faible (pas autant que le dong vietnamien cela dit) et n'est plus utilisé que pour les subdivisions du dollar. On entend d'ailleurs toute sorte de tentative d'arnaques sur les points de passage achalandés, où l'on tente de faire croire aux voyageurs qu'il n'y a aucun moyen de se procurer du cash une fois dans le pays (ce qui est absolument faux, c'est même plutôt simple) ce qui permet de leur mettre la pression et de leur proposer un échange de devises à des taux dévastateurs.

Me voilà au Cambodge. Maurice me rejoint pour me dire que finalement, c'est un cambodgien qui va m'emmener jusqu'à Kampot. Ce fut donc relativement bref entre lui et moi, mais nos quelques heures ensemble nous ont rapproché, puisque nous avons approximativement le même âge et, et bien ça me fait chier de le laisser là. Mais ce sont les aléas du voyage alors je fonce derrière mon khmer qui ne parle pas un mot d'anglais. C'est parti pour deux heures de bécane, sans casque, à l'arrière d'une meule qui trace sur les routes de terre rouge de cette partie du Cambodge.


La transition avec le Viet Nam est frappante déjà dans le comportement des gens. J'ai l'impression de me retrouver en Indonésie, à Bali plus précisément, où ils ont tous le sourire et sont intéressés par toi, là, avec ton gros sac et ton air paumé. Mais surtout, ce sont les paysages qui sont à couper le souffle. Nous traçons dans des campagnes isolées et pauvres, dans de grandes plaines qui ressemblent à une savane d'un côté, et des marais salants bordant la Mer au Sud. Je suis le seul occidental dans le coin, et les gens curieux me voient à l'arrière de mon scooter et me font des signes de la main, de loin. En ce début d'après-midi, pas un nuage à l'horizon et la température élevée se transforme en un sirocco tout à fait appréciable à 60 Km/h. Je suis sous le charme d'emblée. Je ferme les yeux, et me laisse imprégner de ce vent chaud, de ces odeurs. Les fermes, les habitations de bois sont magnifiques. Quelques beaux palmiers bordent de temps en temps une route rougeoyante de terre asséchée par un soleil de plomb. Je dégaine mon appareil et mitraille photo sur photo.






Mon chauffeur muet a baissé la visière de son casque (qu'il est le seul à avoir). Je comprends vite pourquoi. Les rares voitures que nous croisons lèvent poussière et graviers, à tel point que je commence a lutter pour y voir normalement. Cela ne rate pas, une poussière génante dans l'oeil s'infiltrera et me cassera les roubignolles jusqu'au lendemain matin, me forçant à user (ce qui est plutôt rare jusqu'ici, je le reconnais) de ma trousse de pharmacie pour nettoyer tout ça à coup de gouttes et éviter une infection.

Arrivée à Kampot. Une petite ville au milieu de nulle part. Ne voulant pas tarder à trouver une piaule et me poser après ces péripéties, je demande au chauffeur de m'amener dans une adresse que j'avais repérée sur mon Lonely. Je ne tarde pas à négocier une piaule pour pouvoir enfin déposer le barda. Je ne tarde pas car l'après-midi avance et il est nécessaire pour moi de me procurer de l'argent local ainsi que quelques utilités comme une carte SIM prépayée et trouver un cyber-café. Je suis donc amené à me balader dans Kampot dont les animations comme le marché du centre-ville battent encore leur plein. Je change mes dongs en dollars et riels, profitant de mes premiers instants véritables au contact de la population pour tenter d'imprimer dans mon cervelet les sempiternels deux mots passe-partout ("bonjour" et "merci") en khmer. Je rigole un peu avec les filles qui tiennent le magasin  de bijou faisant également office de bureau de change clandestin. Je découvre avec horreur qu'ici aussi, ils ont un alphabet d'écriture absolument mais d'une opacité sans nom pour bibi.

On the road inside Cambodia

Couchant sur Kampot


Je suis étonné de n'être que le seul occidental en vue à trainer dans les rues de Kampot, et je parviens non sans mal à trouver tout ce dont j'ai besoin, pour finir par un cyber café, remplis par des bonzes bouddhistes accros à je-ne-sais-quel jeu en réseau. Lorsque je ressors de là, il fait nuit. Et les rues de Kampot ne sont pas éclairées ce qui fait que je dois user quelque peu de mon sens de l'orientation dans les rues noires pour retrouver mon homestay. La ville, de taille très modeste, est dénuée de toute activité une fois la nuit tombée. C'est plutôt mort en effet, et l'italien à la frontière m'avait prévenu de ne pas trop m'y attarder. Malgré le fait que certaines choses sont à voir au niveau "nature" dans le coin, et qu'elles mériteraient certainement un séjour de 2 jours pleins dans le coin, mon escale à Kampot était une étape improvisée et brève dans mon chemin vers Sihanoukville.  Le homestay où j'ai atteri est plutôt sympa et propre, logeant tant bien que mal les quelques occidentaux qui sont venus jusque là. Je prends un billet pour un mini-bus vers Sihanoukville dès le lendemain, "pas trop tôt" (9h), comme me l'avais conseillé le local en voyant ma gueule improbable, fatiguée et poussiéreuse, sans parler de l'oeil gauche en vrac.

Kampot, proche du marché

Kampot, à la piaule le soir


Le lendemain donc, en route vers "Sihanouk". Anciennement nommée Kampong Som, on l'a rebaptisé avec le prénom de l'ancien roi Norodom. Ça vous la coupe, hein ? Sihanoukville est LA station balnéaire touristique du Cambodge. Officiellement encore en guerre civile jusqu'à la véritable fin des khmers rouges en 1998, le Cambodge n'a pas encore "bénéficié" des masses touristiques et de la frénésie de développement qui s'ensuit comme peuvent le connaître Bali, la Thaïlande ou même le Viet Nam. Exception faite évidemment pour les temples d'Angkor, les quelques îles et les plages de la côte Sud cambodgienne restent pour le moment peu fréquentées et plutôt conservées. Comme le reste du pays d'ailleurs. Sihanouk, en revanche est le fer de lance du nouveau tourisme de masse pour plagistes. On y construit beaucoup d’hôtels directement sur le sable, boîte de nuits et prostituées bon marché sont déjà présents, pour accueillir une palanquée de backpackers occidentaux venus y faire la fête et se bourrer la gueule pour pas cher. Toute proportion gardée, on est sur le même modèle de développement que les endroits les plus crados de certaines îles du Sud de la Thaïlande (Phuket notamment).


En ville à Sihanouk, rue principale



Par contre les plages sont magnifiques. Et il y en as quelques-unes autour de la ville (5), sache-le cher assidu lecteur. Tu as Independance Beach, qui est la plage des clubbers et autres fêtards décérébrés, endroit rêvé pour se huiler les abdos, faire péter les lunettes Gucci, et engager les pourléchés  pourparlers pour ne pas finir seul après la soirée qui se prépare. Bon j'exagère un peu, mais c'est la plage des touristes occidentaux en furie. Voilà. Autre curiosité, la plage de Ochheuteal. Située un peu plus au Sud mais toujours atteignable par la route en deux minutes depuis le centre de Sihanouk, elle a la particularité d'accueillir en masse des touristes cambodgiens. Grandes quantités de khmers plutôt aisés donc, qui viennent pour la plupart de Phnom Penh profiter de cette langue de sable superbe, mais surpeuplée. De nombreuses activités nautiques (boudins gonflables, parachute ascensionnel et compagnie...) sont proposées dans ce coin.

Gamin sur Independance beach

Ochheuteal beach
Il y a deux autres plages au Nord de la ville dont je ne me rappelle pas les noms et que je n'ai pas vu, je ne pourrais pas trop vous en dire par ici. Par contre, mon pote australien  Peter avec qui j'avais passé quelque jours à Hoi An, pendant mon trip Viet, nous avait balancé (à Will et moi. Vous savez, Will, mon compagnon au Viet Nam pendant deux semaines) le nom d'une plage bien plus roots située à environ 4 Km au Sud de Sihanoukville, par-delà Ochheuteal, accessible par chemins de terre et cachée derrière une petite colline. J'ai nommé : Otres Beach.

Will, que j'avais laissé plus avant dans mon trip, y est passé aussi, avec environ 5 jours d'avance sur moi. Pour s'y rendre, prendre un tuk-tuk depuis le centre de Sihanouk et ne pas lui lâcher plus de 4$. C'est le tarif maximum pour le petit quart d'heure de trajet à fond les ballons. Pendant ce dernier petit trip, je profite de voir la ville disparaître derrière mois. Une espèce de grande bâtisse, genre d’hôtel de bord de mer dont la construction n'a jamais été terminée et abandonnée depuis quelques lustres, semble tout droit sortie d'un autre temps, d'une autres époque Cambodgienne...Irréel. Elle fait face à une plage incroyablement belle et déserte. Mais nous ne somme toujours pas à Otres.

Vers Otres


 J'ai su que j'arrivait à Otres Beach quand j'ai eu l'Illumination. La Révélation : j'ai vu Jésus. Celui de Nazareth, et non celui de Lyon. Oui.
1m90, sec et basané comme moi, torse nu en paréo multicolore avec une musette en bandoulière (le sac j'entends, c'est pas la Java Bleue ici) et un gigantesque pétard de marie-jeanne entre ses doigts crochus. Cheveux longs noirs et barbe gigantesque de la même couleur, il marchait sur la plage en direction d'un tas de petites paillotes posées à même le sable. J'appris plus tard qu'en fait je m'étais trompé : il ne s'agissait "que" d'un hippie allemand perdu en Asie depuis des années...avec probablement une "éternisation" du côté de l'Inde.

Otres Beach, c'est en fait un chemin de terre de 400 mètres de long bordé à droite et à gauche par quelques homestays. C'est plutôt cher d'ailleurs mais il y a moyen de trouver des dortoirs à 5$ la nuit dans des paillotes pas mal miteuses... mais à 7,5 mètres de l'eau. Ils sont cependant bien planqués et je me suis retrouvé dans ma propre piaule dans un homestay, quand même bien sympa, à 10$ la chambre.

La piaule, Otres

Le chemin de terre longeant Otres. Grosse animation



Couchant sur Otres


Très rapidement, au bar/restau de la piaule, je fais connaissance avec Baptiste, un français qui baroooode pas mal dans le coin pour 2-3 mois, sa toute récente copine Thaï qui pour le coup l'a suivi dans un Cambdoge qu'elle ne connaissait pas. Enfin, Greg, un troisième français de la Côte d'Azur qui les a rencontré à Koh Hai (toute petite île bien posée du sud-est de la Thaïlande) quelques jours auparavant et qui s'est motivé pour les suivre sur la route. C'est ma première véritable rencontre depuis que je suis rentré au Cambodge la veille, et je m'entends rapidement très bien avec eux. Ils sont un tout petit peu plus âgés que moi, au passage. Greg est un personnage plutôt particulier, puisque récemment devenu chômeur en France, il a décidé de se barrer pour deux mois en Thaïlande et passe son temps à fumer des pécous dans des endroits magnifiques où il est facile de s'en procurer (Koh Hai donc, ou encore Otres Beach). Du coup, se grand nounours baraqué résume ses vacances à fumer / manger / dormir / recommencer dans un autre ordre. Bon, je suis un peu mauvaise langue car, si c'était effectivement le cas à Sihanoukville, je les ai recroisé un peu plus tard dans mon périple à Siem Reap, et il était davantage dans un état de motivation.


En mode crevettes pas chères à 16h sur Otres Beach !

Otres, plutôt calme



Mais à Otres Beach, qui dans ce coin du monde est un des derniers véritables havres de paix pour hippies et autres soixante-huitards d'une génération plus vieille que la mienne, ce cher jeune homme fume à ce point qu'il parvient à trouver le sommeil au milieu du repas dans un restaurant, ce qui nous fait du coup bien marrer ! Et il n'est pas le seul à se balader psychiquement avec le Ras Tafari dans le coin, vous pouvez me croire. Je suis d'ailleurs impressionné de la teneur en THC des touristes occidentaux (entre 40 et 60 ans pour la majorité) qui traînent dans le coin, les filières d'approvisionnement cambodgiennes étant également tout à fait au point, grâce aux chauffeurs de tuk-tuk qui zonent sur le chemin, fournissant des quantités d'herbe importantes à des prix incitant grandement à la consommation. Avant qu'on ne me cherche des noises, sachez que tout cela est grandement illégal au Cambdoge également. Aussi le risque existe, même si malgré tout le Cambodge reste (avec les Philippines en premier) le pays le plus pauvre visité durant mon voyage, et que les policiers font partie des plus corrompus au monde. Ceci expliquant cela, d'autant qu'ils ne se trainent que très rarement jusqu'à Otres Beach. Il faut dire qu'avec le nombre de gens "dans le Zion", les bagarres et autres problèmes d'insécurité sont rarissimes. Les poulets préfèreront la simplicité en se plaçant sur l'avenue principale de Sihanoukville, donc en pleine ville, pour se farcir des occidentaux en bécane qui ont (par exemple) "la jugulaire du casque mal serrée". Aaaah vive l'Asie.

Ma pauvre bécane récalcitrante, juste avant Otres

Il faut savoir qu'Otres Beach n'est pas à endroit où il y a grand chose à faire. Et non. C'est un endroit où l'on prend le temps de perdre son temps. Et ça fait du bien. Et c'était également mon but en venant par là car le voyage vietnamien durant un mois avait été sportif, mine de rien. Mais certes, sortie des rencontre humaines, l'animation est presque inexistante Aussi, le réseau électrique qui la dessert est bien capricieux, ce qui pousse les locaux qui tiennent des établissements à avoir recours régulièrement à des groupes électrogènes.
Les bars, les restaus ? Ils sont très peu nombreux sur les quelques centaines de mètres que couvre l'endroit. Qu'importe, c'est plutôt de très bonne qualité, les prix sont raisonnables (attention ce n'est pas non plus la grosse teuf à ce niveau), et c'est tranquille au bord de l'eau, la plage étant (je le rappelle) superbe.

"Mais courrez à Otres Beach, bon dieu!" Moi.



 Pour les amateurs de sensations fortes, de grosses sorties boîte bien arrosées et de prostituées pas cher (on ne cautionne pas cela sur ce blog, désolé, on a des gens civilisés qui nous lisent et pas du tout adeptes de toutes ces conneries. Rappel à moi-même) vous pouvez toujours vous prendre un tuk-tuk
 facile pour faire l'aller-retour sur le littoral de Sihanouk', toujours bien animé. Ce ne fut jamais mon cas, ayant prévu trois nuits sur Otres, à me la couler douce tranquillou avec ma musique et mon livre, je ne demande rien à personne et que surtout personne ne vienne me demander quoi que ce soit. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas devenu associable pour autant car le bon Greg est quand même venu me demander si j'avais des feuilles à rouler (sacré lui)...et je n'ai pas été désagréable avec lui.


Le fameux bâtiment inachevé en allant vers Otres



Si moi j'avais décidé de me prendre quelques jours dans le coin, les amis franco-thaïs eux, voulaient bouger vers la capitale Phnom Pehn rapidement. Personnellement moi-même, je décidais de rester un jour de plus qu'eux. J'avais réussi à louer une bécane pourrie à un local pour un prix assez dégueulasse, mais qu'importe. Ce qui m'a permis d'aller un peu vers le centre et le littoral de Sihanouk'. Lors d'un de mes (peu nombreux) trajets vers la ville, le prend en stop une jeune allemande du nom de Nina, qui sortait elle aussi d'Otres. Détrompez-vous de suite, c'est loin d'être ma tasse de thé...mais par contre c'est une baroodeuse de premier choix qui fait de l'humanitaire au Cambodge pour un petit moment et qui connait un peu le pays (elle y est toujours au moment où j'écris, soit 4 mois après les faits).

Otres, en regardant vers le Sud-Est

Je la trimballe pour peu de choses en fait, puisque nous mangeons dans le marché local qui nous fait de la bouffe classique (à base de nouilles et de poulayyyy!!...), ainsi qu'au gros supermarché de Sihanouk', car il y en a un, lequel me fournit en packs de bières très très bon marché pour ramener aux copains ainsi qu'aux autres gaziers qui n'ont pas eu le courage de se bouger la couenne d'Otres Beach.

Bières que je n'aurais jamais pu refourguer en totalité aux potes branleurs qu'étaient mes voisins et que je fus obligé de laisser à la piaule à mon départ (non sans avoir tenter de les vendre au tenancier du homestay pour une bouchée de pain, ce qui l'a bien fait rire). Bref ! Ce fut encore une excellente soirée sur Otres Beach,
à la roots, comme on les aime. On joue au billard contre un couple de quicagénaires allemands complètement bourré qui nous met une fessée comme rarement...il faut dire qu'on est loin d'être des bestioles en la matière.

27 février. Ma dernière journée à Sihanoukville/Otres fut plutôt calme. Pas grand monde à qui tchatcher, le coin est très désert, d'autant plus que Baptiste et Greg avaient fait route vers la capitale tôt ce matin-là, ce que je m'apprêtais doucement à faire le lendemain. Pas de trace de Nina dans les environ. Toujours mon bouquin, la mer et le soleil pour passer une journée tranquille. Je décide toutefois d'aller une dernière fois en ville avec ma bécane afin de voir ce qu'il s'y passe mais il faut dire que le littoral d'Independance Beach n'est que très peu animé en journée...Je parviens toutefois à croiser Nina qui s'apprète à prendre un bus pour je-ne-sais-où. Ce fut la dernière fois que je l'ai vu.

La piaule à Otres, encore


Un sentiment de solitude s'est emparé de moi malgré tout , et j'ai décidé qu'il était temps que je trace moi aussi vers d'autres horizons plutôt que de s'éterniser inutilement dans un endroit comme Otres qui, bien que vraiment sympa, est rapidement ennuyeux pour quelqu'un comme moi. Je prends un billet de bus pour Phnom Pehn dès le lendemain 9h, ce qui me garantit d'être sur la capitale en début d'après-midi. J'ai prévu également d'y passer trois nuits car il ne me reste qu'une semaine pour être de retour à Bangkok !

C'est ici que je m'arrête. Vu le temps séparant deux posts, point trop n'en faut ! Merci d'avoir lu jusqu'ici et merci pour les retours en commentaire, ça fait toujours plaisir !

Peace, Love...Love again.