mercredi 18 mai 2011

Lunatic Factory




Xin Chao a tous.

Merci pour les commentaires et merci d'avoir lu le precedent billet, particulierement long (bien que, vous l'aurez remarque, je ne fais jamais dans le succint). Plus d'un mois sans post, il est vrai que le Jalan Jalan fut particulièrement occupé durant les périodes Mars-Avril 2011 ce qui m'a retardé dans mes plannings de rédaction. J'éspère que vous ne m'en voudrez pas trop, et je tâcherai de publier avec une fréquence bien plus accrue désormais. N'hésitez pas à continuez vos commentaires et vos encouragements qui demeurent la seule rétribution pour moi à partager un peu de mon expérience asiatique !

J'attaque ici le dernier billet de l'aventure mensuelle vietnamienne. Il relate avec une certaine precision les six derniers jours de ma presence dans ce pays. Au programme donc Ho Chi Minh Ville, un court passage memorable dans le delta du Mekong et la ville de Can Tho, et enfin une petite conclusion de cette partie du trip.



Depuis Mui Ne donc, trois bonnes heures de routes pour me retrouver (puisque je suis a nouveau seul, mais pas pour longtemps) dans l'enfer betonne de Ho Chi Minh Ville. Saigon pour les puristes et les anciens qui n'ont pas encore digere la defaite du Viet Nam Sud...

Bon, vu la grosseur de la ville (qui est quand meme la plus importante du pays), je suis a peu près content d'arriver a me reperer des le depart, alors que je suis encore dans le bus. Je descend dans le "guetto des backpackers" : sur l'avenue Pham Ngu Lao au croisement avec De Tham.
C'est un equivalent de Thanon Kao San de Bangkok, mais sans la gigantesque masse de viande touristique alcoolisee (et avec moins de prostituees/ladyboys).

Je prend le temps de bouffer un peu  et decide d'aller me mettre a la recherche de logement pas cher. Autant vous le dire tout de suite : HCMV n'est pas une ville donnee pour les backpackers lorsqu'on considere la moyenne sur le Viet Nam. Dans le pate de maison du coin sus-nommé, qui concentre facilement une centaine de homestays (ou des familles entieres dorment dans l'entree pendant qu'elles vous louent des chambres equipees de tres bonne facture).
De tres bonne facture oui mais le prix y est. Le standard est 10$ pour une chambre double utilise par une personne, et 12$ la nuit pour la meme piaule mais avec deux personnes dedans. Comme quoi des fois le voyage seul renferme ses chapitres "d'enculade velue"...



Toutes ces homestays, au coeur de Saigon, sont dans ces petites ruelles ou l'on a reellement l'impression de vivre avec les Viets. Et c'est vrai que dans ce coin la le business des familles locales se concentre sur le logement de backpackers, et les prix flambent. Quelques backpackers traditionnels dans la plus pure lignee des auberges de jeunesses d'antant, avec des dortoirs proposant des pieux a $6, sont encore presents, mais sont peu nombreux et pris d'assaut.

Saigon c'est un chaos plus etendu mais qui m'a paru moins intense que de voir ces centaines de milliers de mobylettes dans les rues de Hanoi. Tout comme la capitale, Saigon est une ville qui vit 24h/24, ce qui est inhabituel au Viet Nam, et bien  que les Viets restent globalement dans leurs horaires journaliers classiques, la concentration de touristes occidentaux dans le coin de Pham Ngu Lao (prononcez "Fam Goulao") engendre une palanquee de restaubars qui tiennent des horaires plutot muscles.

Je me retrouve donc dans l'enchevetrement de minuscules ruelles vers De Tham, chez Monsieur Quy (ca se prononce "oui" parait-il). Je prend une chambre pour deux (vous allez comprendre pourquoi. De toute facon, quand on est seul, prendre une chambre pour deux est toujours une bonne pratique). La femme de Monsieur Quy est tres gentille, et malgre son anglais quasi-inexistant, elle est toujours de bonne humeur, rigole, est souriante et serviable. Je pense qu'elle m'aime bien donc c'est cool. Le soir, son mari (qui se trouve etre le Big Boss) rentre de je ne sais-ou, tout comme son fils (probablement de retour de l'ecole), et sa belle-mere qu'elle ne peut pas blairer mais qui vient squatter l'ordinateur pour se faire des parties de Mahjong endiablees, peut-être même sur Internet avec un pseudo DarkL0rd666...

Le homestay en lui-meme, c'est une petite piece a vivre pour la famille en bas, et trois chambres, une par etage. La famille (le mari, la femme et le petiot) vivent et dorment par terre au rez-de-chaussee. C'est le fonctionnement de beaucoup de homestays dans ce coin de Saigon...Toujours a propos des horaires de vie vietnamiens, si vous rentrez de soiree ne serait-ce qu'a 22h30, vous serez obliges d'enjamber la petite famille qui roupille dans le hall d'entree, mais qui vous aura gentiment laisse la porte ouverte.

C'est une pratique que j'ai retrouve partout dans les homestays au Viet Nam, que ce soit a Hanoi, Hue, Hoi An, Da Lat, Saigon ou Can Tho. Les viets se couchent assez tot, et donc il y a toujours un mec qui dors dans un canape, matelas, lit de camps, pas loin de la porte et pret a se lever et a la deverouiller a n'importe quelle heure de la nuit pour un backpacker legerement alcoolise qui rentre de bringue (ou pas d'ailleurs).

Maly au marché, Ben Thanh, Saigon


Monsieur Quy, lui aussi, a tres probablement un leger probleme avec l'alcool. Puisque son premier geste en arrivant en debut de soiree est de s'ouvrir une Bia Saigon (la biere viet la plus populaire du Sud) et a m'en proposer une. Ce n'etait que sa premiere et je me suis rendu compte, sur les quelques soirs que j'ai passe dans le coin, qu'il s'enchainait les bieres assez severement et finissait regulierement completement roti a 21h, ce qui le conduisait a s'endormir par terre au RDC vers 22h et a se rouler par terre, tout en ronflant bruyamment, la main droite dans les couilles. Classique et charmant pour sa compagne qui partage le carrelage à ses côtés.

Grace a Monsieur Quy neanmoins, je trouve un xe om (dites "c'est homme" : taxi-moto) pas trop cher (50 000 dongs, moins de 2 euros) pour qu'il m'amene a l'aeroport ou doit arriver un avion depuis Hong Kong et dans lequel se trouve ma copine Maly, qui debarque pour le week-end. Nous sommes le Vendredi 18 fevrier et je viens d'arriver a Saigon.

C'est vers minuit que Maly finit par arriver (avec du retard, il faut le dire). On prend un tacos et on file a l'hotel. Premiere soiree "a la cool"... Nouvel appareil photo from Hong Kong egalement (rappelez vous, j'avais pete mon pseudo-waterproof D10 Canon une dizaine de jours auparavant a la plage de Hoi An) : un petit bijou nomme Canon S95.

Vers chez Monsieur Quy, Saigon


Le lendemain, premiere vraie journee a HCMV ( = Saigon  pour ceux qui dorment). Avec Maly on s'aventure du cote des halles et du marché de Ben Thanh, a la jonction entre Pham Ngu Lao et Le Lai. Surtout pour acheter un peu de superbe café viet (qui fait le bonheur des petits comme des grands). Notre chemin nous mene a longer le parc de Tao Dan puis a nous rentre au Palais de la Reunification.





Le Palais de la Reunification, c'est tout un symbole. Il s'agit de l'ancien palais presidentiel du Viet Nam Sud. Lorsque les combats ont fait rage dans les rues de Saigon lors de la derniere guerre du Viet Nam, le tank Viet Cong qui a defonce les grilles du Palais presidentiel a provoque la defaite du Viet Nam Sud et la fin de la guerre en 1975. Mettant definitivement un terme a la division en deux du pays depuis 1954 ainsi qu'aux hostilites militaires qui duraient officiellement depuis 1946 ! C'est le symbole de la defaite du Sud et de la victoire du communisme de l'Oncle Ho, qui sera venu a bout des Francais et des Americains au passage. Symbole de la defaite de l'imperialisme de l'Ouest...

Depuis, l'endroit a ete transforme en musee. Dans une architecture des plus austeres typiquement de la fin des 50's. Vous pouvez visiter ce palais gigantesque, allant de la salle du Conseil, a la salle de reception de Madame, en passant par la salle de cinema et le bureau du president, jusqu'au grand bunker souterrain renfermant cartes militaire et materiel de renseignement d'epoque. C'est sympatique comme visite, sans que nous l'ayons trouvee extraordinaire.


Nous nous aventurons vers la cathédrale Notre Dame de Saigon et l'ancienne poste centrale de la ville. Sympa. Nous sommes cependant trop tard pour visiter une des principales attractions touristiques de la ville, a savoir : le War Remnants Museum. Qui retrace typiquement la guerre contre les americains, en insistant lourdement sur les atteintes aux etres humains et sur les consequences de l'utilisation de certaines armes (bombardiers lourds, napalm, bombe au phosphore...) sur les populations civiles. Le musee se base essentiellement sur des artefacts varies (chaussette reglementaire de l'armee Viet Sud,tasse de cafe utilisee dans les tunnels vietcong, mine antipersonnel, canon d'assaut amerloque) ainsi que sur des photographies, certaines tres dures. Nous sommes arrives apres la fermeture, ce qui nous a decide de repousser au lendemain.

Tu l'as vu mon gros canon d'assaut ?


Rencontre impromptue et aleatoire au coeur de Saigon en rentrant vers le homestay : le couple britannique Kim & Vernon. Si vous revenez deux posts plus tot, ce couple (entre autres) etait avec Will et moi sur le bateau sillonant la Baie d'Halong, tout au Nord du pays, aux alentours du 31 janvier, soit environ 3 semaines plus tot. J'avais deja bien accroche avec eux la-bas, mais ils n'avaient pas repondu a un e-mail que j'avais envoye de Hoi An plusieurs jours auparavant. Ils realisaient globalement le meme itineraire que moi, mais nous ne nous etions jamais rencontre plus loins dans nos etapes de voyage. Neanmoins nous etions contents de nous retrouver sur la route et nous avons echange nos numeros de telephone cette fois-ci. Etant avec Maly pour une duree limitee (2 jours pleins), j'avais decide de ne pas les contacter directement et d'attendre d'etre seul a nouveau.

Le soir, nous bouffons tranquillement dans un restau local dans le ghetto des backpackers de Pham Ngu Lao. Un pho, bien evidemment.

Moi et mes potos VietCongs, Cu Chi

Le lendemain, nous avions decide de nous la couler douce le matin puis d'attaquer directement sur les tunnels de Cu Chi. Ceux qui connaissent un peu la guerre du Viet Nam savent que Cu Chi etait un village au centre d'une zone  Viet Cong (VC = la guerilla du Sud alliee aux communistes du Nord),posee au milieu du Viet Nam Sud, normalement controlee par les americains. La region de Cu Chi n'a jamais pu etre sous controle, du fait des nombreux Viet Cong se dissimulant dans la population, de la Piste Ho Chi Minh permettant l'acheminement à travers la jungle d'hommes et d'armes depuis le Viet Nam Nord et surtout de son enorme reseau de tunnels. Plusieurs centaines de kilometres de tunnels dans le coin de Cu Chi permettaient aux Viet Cong d'echapper aux Americains, et meme de voyager sous l'ennemi, puisque le reseau pouvait relier durant la guerre le Cambodge aux faubourgs de Saigon. Certains hommes ont passe plusieurs mois sous terre alors que les americains s'arrachaient les cheveux a essayer de deloger les Viet Cong de ces minuscules et sombres tunnels qui formaient un vrai dedale dans la jungle. Visitez ces tunnels (agrandis pour aller avec la taille des touristes non-Viets), ajoutez a cela les pieges assez hallucinants, terrifiants (et moyenageux) que les Viet Cong avaient reserves aux pauvres adolescents americains envoyes au hachoir contre leur gre et vous prenez pleine mesure du cote extremement particulier et incroyablement feroce de cette guerre.

Bon, faut pas être trop gros.


"Booby-trap" Viet Cong


Aggrandis pour les besoins des occidentaux grasouillets


Les americains se sont tellement pris la tete avec cette regions situee a 70 Km de Saigon qu'ils l'ont declaree "zone de feu libre", c'est a dire que les pilotes de bombardiers americains qui rentraient de mission avaient l'autorisation de vider leurs soutes a munition sur Cu Chi avant de rentrer a la base...S'en sont suivi des annees de bombardements et de napalm qui ont anheanti la region, les villages et les population civiles mais qui jamais ne sont venus a bout des tunnels Viet Cong et des combattants qui s'y cachaient. Ces tunnels, dont les premieres galeries furent initialement construites durant la Guerre d'Indochine, etaient deja venus a bout des troupes francaises, et on sait ce qu'il est advenu des americains par la suite. Bien que tres touristique, la visite des tunnels de Cu Chi est une etape interessante qui prend quelques heures, ne coute pas bien cher (5$ transport compris) et permet de se sortir quelque peu du jus de Saigon.



Sympatique système de défence anti-américain




Des volontaires pour descendre ? Cu Chi...


Car vous voyez, il n'y a pas enormement de trucs a faire a Saigon, donc le peu de machins est rapidement pris d'assaut et propose par les 732 tours operateurs qui se partagent le trottoir de Phan Ngu Lao. Si vous etes a Saigon et que vous cherchez une plage a proximite : Vung Tau est le point de retraite des habitants friqués d'HCMV. C'est la station balneaire la plus proche et elle est equipee pour recevoir les milliers de touristes  en sus des tres nombreux locaux.
Vous y trouverez une grosse communaute australienne, vu que c'est effectivement dans ce coin qu'etaient stationnes les troupes Aussies durant la guerre du Viet Nam. Bien sur, la guerre du Viet Nam est terminee est les troupes sont reparties chez elle, mais vous m'avez compris. Certains anciens bidots ne sont jamais repartis...

Cu Chi

Ceux qui comme moi sont curieux des croyances religieuses voudront probalement aller faire un tour vers Tây Ninh qui se trouve etre le centre ideologique de la secte Cao Dai. Sans vouloir rentrer dans des details que je ne connais pas concernant ce groupe, il faut tout de meme savoir que cette secte, relativement recente dans son existence, cherche son essence en tentant de creer un hybride de plusieurs religions (christiannisme, bouddhisme, polytheisme antique grec, paganisme scandinave, indouisme, Amour du Saint Houblon ...) voire meme dans les sciences occultes et notamment dans la pratique du spiritisme. Sans toutefois utiliser le traditionnel gueridon pour parler aux esprits ou au diable en personne, les caodaistes se font des sessions de spiritismes regulierement entre les repas. Et cela marche. Selon eux. Neanmoins on dira ce que l'on veut, mais certains personnalites reconnues pour leur devouement ou leur illumination (le Mahatma Gandi comme Victor Hugo d'ailleurs) ont un status de chef spirituel pour les caodaistes.

C'est sur, le mot 'secte' aujourd'hui fait d'avantage emerger l'image des suicides collectifs de gens qui se plantent de date de fin du monde, que celle de sages prophetes a longue barbe blanche. Qu'importe, le Caodaisme fait des adeptes au Viet Nam, et ils sont nombreux. Il y a meme des temples aux states..
.Lors de la derniere guerre, des milices caodaistes se sont d'ailleurs formees pour soutenir l'armee Sud Vietnamienne. Si vous allez a Tây Ninh, vous pourrez donc visiter le Grand Temple Cao Dai, qui parait-il vaut le coup. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de m'y attarder lors de mon passage a Saigon.

Lundi matin, lever a 3h30 pour ramener Maly a l'aeroport de HCMV d'ou elle repart vers Hong Kong apres un court week-end. Je la pose a l'avion, fume une clope pour me regaillardir de la separation (ah bravo !), puis me trouve un xe om qui me ramene chez Monsieur Quy ou je me remet dans le lit et me rendors jusqu'a midi. Journee loose, comme souvent lorsque je me retrouve a nouveau seul. Je glandouille au reveil sur l'Internet de Quy, ne sachant trop vraiment quand et comment reprendre ma route, car il n'est pas question pour moi de m'eterniser davantage sur Saigon.

Vernon + Kim + Bière + Saigon = Good Times


En terrasse au dejeuner, j'apercois Vernon & Kim qui viennent du coup boire quelques bieres en ma compagnie. Nous nous separons en ayant decide prendre apero+diner ensemble le soir meme. Et toujours impossible pour moi de planifier la suite de mon periple vietnamien. Le diner avec V&K se passe bien. Ces gens la sont adorables, aiment la bonne musique rock'n'roll, ont pas mal d'experiences de vie et de voyage a raconter. On s'entend vraiment bien, ce qui fait halluciner Vernon considerant que sa fille a 4 ans de moins que moi, mais qu'importe. Ils m'invitent chez eux en Angleterre, et notamment au Glastonbury Music Festival qui est une affiche gigantesque (un des plus gros festivals de musique en Europe) et dont ils sont chaque annee de fervents spectateurs (ou de furieux headbangers c'est selon). La rencontre avec ces gens, d'abord a la Baie d'Halong pour mon anniversaire puis par hasard a HCMV font partie des faits marquant de cette partie vietnamienne et meme de ce Jalan Jalan en general.

Une nuit supplementaire a HCMV. Seul. Je revoie le matin une derniere fois mes amis V&K, pour leur annoncer que j'ai decide de prendre un bus en debut d'apres-midi vers Can Tho. Eux profitent de leur cinq jours restant de voyage a Saigon avant de rentrer dans l'hiver anglais. C'est donc une petite session "au revoir", suivie d'une session "paquetage" pour me preparer a reprendre la route.



C'est deja le bordel pour aller a la gare routiere, puisque depuis une agence de voyage de Pham Ngu Lao on me met derriere un xe om qui m'amene a un bus, lequel me depose a la gare routiere pour en prendre un deuxieme ! Dans ce premier bus, belle frayeur de me retaper un pervers local qui n'a d'yeux que pour mon cul (je vous rappelle l'episode du bus filipino entre El Nido et Puerto Princesa) a cote de moi. Heureusement, fort heureusement, nous avons ete separes a la gare routiere.

Direction donc Can Tho dans un bus ma foi plutot confort, trois a quatre heures de route pour m'enfoncer toujours vers le Sud du Viet Nam. Nous sommes le mardi 22 fevrier. Mon visa de 30 jours se terminant le 26, et de nouveaux parametres etant venus se mettre en place, je me devait evidemment de sortir rapidement du pays, mais en plus de rentrer desormais le plus vite possible au Cambodge pour en profiter un max (vous en saurez plus dans les prochains billets). J'avais donc decide de conclure ce periple viet d'une belle maniere en allant voir rapidement a quoi ressemblait le delta du Mekong avant de passer la frontiere le 24.

Un Oncle Ho flou, quais à Can Tho


Can Tho est d'ailleurs une des villes les plus importantes du Delta du Mekong, et se trouve a proximite de deux marches flottants majeurs de la region. Le Delta du Mekong, ou ce dernier se perd en des milliers de bras de toutes les tailles, est le grenier a riz du pays.

Mon arrivee, nuit tombee, a Can Tho est plutot musclee car etant le seul non-local a descendre du bus, je suis une proie facile pour les pilotes de xe om qui peuvent faire monter leurs prix, d'autant plus que je suis a quelques kilometres des hebergements a petits budget. Mais bref, le xe om m'emmene et je peux apercevoir une ville tout a fait lambda qui ne m'attire pas plus que cela. Visiblement peu de touristes (malgre l'attrait des marches et du Delta lui-meme) et une ville quasi-morte la nuit tombee...J'atteris dans un backpacker ou je jete mon devolu sur une chambre certes propre, mais absolument deprimante. Et toujours pas moyen de se choper de compagnon de bouffe, de biere, de voyage a l'horizon...
En discutant avec ce que j'estime etre le frangin de la patrone de mon "hotel", je parvient a negocier une sortie en bateau sur le Delta...17 euros. Pas forcement donne mais le parcours avait l'air sympa. Avec moi, serait une allemande voyageant seule, et donc nous partagerions le bateau pendant les huits heures de balade...

Apres une session Internet + Skype, je decide de ne point m'eterniser avant le lit, puisque de toute facon il n'y a plus aucun endroit pour bouffer dans la rue...ah, mauvaise langue, j'ai trouve un endroit ou ils ont pu me faire un pho (on prononce 'feu'). Au lit donc, puisque je dois etre pret pour 5h30 le lendemain matin.

Hei et moi


A 5h30 petantes donc, je fait la connaissance de Hei ('hey!', l'orthographe de son prenom est une pure invention personnelle) qui sera mon chauffeur de bateau pour la matinee (et le debut d'aprem). Premier couac avec ce que j'ai achete, Hei ('hey!') n'est pas la frangine du mec qui m'a vendu le tour (il m'avait dit que je serai avec sa soeur). Ensuite, Hei ('heyyy!') ne parle pas anglais, ce qui est le contraire absolu de ce qui m'avait ete affirme la veille d'une part, mais qui en plus va se reveler relativement chiant pour la suite. Enfin troisieme point, pas d'Allemande top-model en vue, pas plus que de Tchetchene moche d'ailleurs. C'etait certainement un appat. Je vais donc passer ma demie-journee tout seul avec un local qui ne parle pas.









Nous partons depuis Can Tho, qui se trouve certes sur un bras secondaire mais ce dernier est deja tres large, nourrit des industries plutot costauds, et voit sa navigation fluviale assez dense et parcourue par des peniches et autres bateaux de taille respectable (50m). Pas specialement un plaisir pour les yeux, ni pour la navigation proprement dite, avec sa pauvre barcasse au milieu de ces mastodontes qui vont a fond la caisse, te font des vagues et font de la grosse fumee noire mechante (comme dans Lost) puisqu'ils n'ont pas de pot catalytique, eux non plus.


En revanche, lorsqu'on commence a s'eloigner des larges bras pour de plus petits, afin notamment de nous retrouver, au lever du jour, au marche flottant, la balade prend une toute autre tournure. On se laisse porter par notre bateau et on regarde tout autour les gens qui sur des dizaines d'autres s'affairent de toute part pour vendre et acheter toute sorte de produits alimentaires. Le soleil se leve doucement, rechauffant rapidement l'atmosphere et donnant grace a sa rouge lumiere des tonalites de couleurs magnifiques sur les bateaux, les gens, les habitations, le fleuves et la vegetation environnante.


Le Hei (heeeey!) n'est pas franchement causant vu qu'on ne parle pas le meme langage mais enfin, il a le sourire facile et me parait sympatique, chose assez inedite pour ma part dans le Sud vietnamien. On rigole comme on peut sans la langue et on grille des tiges ensemble, lui pilotant le bateau et moi regardant tout autour de moi, pour prendre des photos avec mon nouvel appareil fraichement ramené par Maly depuis Hong Kong. Il m'emmene dans une fabrique de papier de riz, ou l'on extrait par compression du jus de riz. Tout cela fait evidemment partie du "tour"... Bref, on cherche a epaissir ce jus, puis a le solidifier quelque peu sous forme d'une galette de 40cm de diametre ultra-fine qu'on laisse au final secher a plat sous le soleil de plomb. Ca donne donc du papier de riz, on fait des ptits nems entre autres avec ces galettes.

Il est 8 heures du matin et deja on se ramasse quelque chose niveau cagnard sur le Mekong ! Et pour le coup, vu qu'on est pas trop des fiottes, on s'est engage sur des petits canaux de quelques metres de large perdus dans un environnement melange de jungle, marecage et rizieres. Magnifique et reposant...On se prend un petit caf avec le Hei ("heeeeeey!") et on repart.
Il me depose non loin d'une ferme, au milieu des rizieres. Là, un paysan me propose de porter son coq (au sens premier) pour que je vois ce que cela fait d'avoir un coq dans les bras. Superbe, je réessaye dès que je peux. Une montée d'adrénaline hors du commun...
Mais il faut dire que ce paysan, coincé avec sa petite bicoque entre un petit bras de Mekong et sa grande riziere derrière lui, semble avoir une vie tranquille, dans un environnement magnifique et un climat on ne peut plus plaisant (si tant est qu'on adore les moustiques). Hei me montre quelques plantes aux alentours, puis en remontant sur sa barcasse me demande d'ailleurs de suivre a pieds le petit chemin pavé qui suit le bras de fleuve afin que je puisse plus m'impregner de l'ambiance de cette multitude de petites habitations où règle une tranquillité incroyable, l'ombre des arbres de rivage offrant un abri . Les Viets du Delta vivent avec et pour le fleuve 365 jours par an...Superbe balade.

Captain.


Des touristes ? Et bien j'en croise très peu, a ma bonne surprise. Pour le coup, je n'ai jamais vu aucune trace de la fameuse allemande qui servait pour m'appâter sur le tour de Mekong. En revanche, je suis tombé sur d'autres touristes (un couple hollandais notamment) qui étaient sur un bateau différent mais qui suivaient globalement le meme circuit que mois. Également, deux mecs Suisses francophones qui voyageaient pour un mois au Viet Nam dans le circuit inverse du mien (comprenez : du Sud au Nord). Je les ai rencontré pendant le repas du midi. En effet, alors que le tour doit se dérouler entre les 5h30 du mat' et 13h, une pause déjeuner est prévue vers 11h car il est vrai que le dernier repas est très loin. Alors pour le coup, Hei m'amène dans un petit resto situé sur un bras de Mekong a milieu de nulle part mais qui semble équipé (dans ses infrastructure et dans les prix qu'il pratique) pour l'accueil exclusif des touristes occidentaux. Néanmoins je suis quasi-seul et Hei ne souhaite bizarrement pas se joindre à moi à table, bien que je lui paie son repas.



Mon gros coq


Hei, dans les rizières du Mekong

Atelier de papier de riz



Lever de soleil sur les marchés flottants





Si vous êtes curieux, que vous avez un peu de pognon de côté et que vous avez vraiment la grosse dalle, profitez de votre passage dans les bras du Delta du Mekong pour vous boulotter quelques reptiles tranquille. En effet, tortues, varans, crocos et autres serpents font partie des spécialités culinaires du coin. Loin des locaux se trouve l'idée d'en bouffer tous les matins, aussi ces mets sont pas mal servis comme curiosités aux touristes, ce qui explique leurs prix élevés. A priori à tenter...


Après bouffer, Hei entame le retour vers Can Tho. Ca tombe bien car, malgré ce tour magnifique, cela commence à être long (depuis 5 heures du matin à se faire trimballer vous pensez bien). Il faut être honnête aussi : la barrière de la langue empêche toute communication entre Hei et moi et cela devient si pesant que toute tentative fut vaine d'être tentée au bout de plusieurs heures, faisant également naître un ennui réel pour ma part (vu qu'en plus personne ne pouvait vraiment m'expliquer ce que je voyais durant la balade). Merci quand même au pauvre Hei qui malgré tout m'a bien baladé et a bien fait son boulot.

La balade sur le Delta est une activité incroyable que je recommande à tous ceux qui voyagent un temps soit peu dans le Sud de cet époustouflant pays qu'est le Viet Nam. Néanmoins, l'expérience Can Tho et les bras de fleuve avec le jeune Hei (heeeeeeeyyy !) ont également confirmé mes plans de sortir du pays rapidement.

L'anaconda au ptit déj' ne plait pas à tout le monde.
Je retombe dans l'après-midi sur les deux suisses, ainsi qu'un nouveau voisin dans la guesthouse, un australien avec qui je partage le repas du soir. Je passe la soirée sur le Net tant la ville est en manque d'activité.

Le lendemain 24 février 2011, je quitte donc le Viet Nam. Le récit de l'épique sortie du territoire vietnamien pour rentrer au Cambodge par le point de passage extreme-Sud sera malheureusement pour le prochain billet, car ce fut assez "sport".

Il est cependant intéressant de noter l'évolution de mon voyage viet pendant ces quelques 4 semaines. Après une arrivée quelque peu mouvementée, seul dans le froid "quasi-polaire" de la magnifique Hanoi (ville que j'ai adoré), avec une météo plutôt mauvaise mais néanmois de belles rencontres (le Jap's Maza, le Mongol Munkh, les rosbifs Will, Kim & Vernon), parfois durables. Le bout de route vers le Sud avec le potos Will. Hue puis Hoi An. Le Gang de Hoi An (Kate, Marika, Peter). Le retour de la chaleur, le Soleil. Les montagnes de Da Lat. Des rencontres plus diluées avec Éric, Monique, Teri, les kitesurfeurs...Au fur et à mesure que le Sud est gagné, le climat se fait plus tropical, les compagnons moins nombreux. Une corrélation, vous pensez ? Mmmmh...


Au final, disons que le passage par Can Tho et le Delta du Mekong me marque par son absence presque totale de rencontre, ce qui a limité  mon temps sur place. Autre fait qui a inévitablement précipité mon départ du Viet Nam est le manque d'accueil et de sympathie des locaux dans le Sud du pays. J'ai ressenti cela dès la mésaventure de Na Thrang, mais c'est véritablement à partir de Mui Ne que cette impression s'est précisée. Il s'agit là bien évidemment d'un retour d'expérience personnel, mais j'ai eu maintes fois, avant et après ce trip viet, l'occasion de discuter des aléas de l'accueil au Viet Nam avec d'autres barooders. Certains vous dirons même, au contraire, que c'est dans le Nord qu'ils ont eu les plus mauvaises relations dans ce pays. Ce qui revient en revanche souvent dans les bouches de ceux qui se trimballent à droite à gauche en Asie du Sud-Est, c'est que cela est bien ce pays où l'accueil réservé aux occidentaux est le moins chaleureux.

J'ai, en ma qualité de" refaiseur de monde avec bière", pas mal déblatéré avec des voyageurs sur les raisons qui pousseraient les Vietnamiens à se retrouver avec une telle réputation. Franchement, il y aurait des trucs à dire, sur la victoire communiste, sur la reconstruction post-guerre (après tout, cela ne fait que 35 ans que tout s'est calmé), sur l'invasion touristique pas toujours respectueuse qui touche le pays depuis que les rapports diplomatiques se sont détendus (on entend que le Viet Nam est aujourd'hui ce qu'était la Thaïlande il y a 30 ans), sur un patriotisme exacerbé subséquent à tout cela, etc. Nous n'avons jamais eu la connaissance suffisante pour comprendre...

Je retiendrai au final un intéret plus grand pour la partie Nord du pays, malgré les mauvaises conditions hivernales qui ont fait foiré mes plans initiaux et ont limité ma visite. Je retiendrai globalement la beauté incroyable de ce pays tout entier, de sa forte identité et de la diversité des climats et paysages rencontré. Au final, je ne peux que vous conseiller d'aller y faire un tour. C'est un grand pays, dans tous les sens du terme, et il vaut vraiment son pesant de pho.

A très vite !

Peace, Love, "Heeeeeeey!"