lundi 28 novembre 2011

The Perfect Design


Sousaday à tous.



J'ai entendu pour la première fois parler des temples d'Angkor dans un jeu vidéo. La petite plaisanterie remonte à 1993, où j'avais hérité sur ma Super Nes d'un jeu de rôle acheté par mon frère, nommé Illusion Of Time (Illusion of Gaïa dans d'autre pays). Ce petit bijou vidéo-ludique mettait le joueur dans la peau de Paul, un gamin qui cherche à retrouver son père aventurier, disparu depuis un bail, ceci avant de se rendre compte que son véritable dessein est de sauver le monde en contrant le Mal Absolu, incarné par la Comète du Chaos. Son aventure le mènera à affronter toute sorte de créatures maléfiques, et se retrouver dans les endroits les plus mythiques ou connus du monde : la Grande Muraille, la pyramide de Kheops, le continent perdu de Mû, la tour de Babel...et parmi de nombreux autres, les temples d'Angkor (qui grouillent de saloperies qui vous veulent du mal).

C'est donc cette vision mentale qui fut la première pour moi quand j'entendais alors parler des "vrais" temples. Il m'a fallu quelques années supplémentaires pour intégrer le fait que ceux-ci se trouvaient effectivement au Cambodge, et encore un sacré paquet de temps avant de me décider à aller les voir véritablement. Sans vraiment parvenir à me sortir de la tête ces idées farfelues de petit garçon imaginant monstres, pouvoir magiques et inombrables passages secrets au cœur de ces "ruines perdues".

À toute fin utile, Je rappelle en effet que ce Jalan Jalan  s'étend dans la longueur puisqu'il était à la vraie origine question de ne faire "que" Bali & Lombok et de rentrer après 1 mois/1mois et demie de barooodage (grand max 2,5 mois). Au moment où j'arrive pour voir les temples je boucle déjà pratiquement le cinquième mois de route ! Rien n'a été préparé ou prévu (j'ai un peu autre chose à faire).

Étang, entourant Angkor Wat


Arrivée donc à Siem Reap, ville moyenne du Nord-Ouest du Cambodge jumelée avec Fontainebleau (!) et dont le nom signifie "défaite siamoise" [par les khmères]. En gros, si vous enlevez la retenue sud-est asiatique, ça donne "bande de grosse buses de Thaïs on vous a tellement mis la fessée, qu'on a même renommé une ville pour s'en souvenir". Ouais, c'est pas nécessairement la franche camaraderie entre les deux voisins (l'actualité prouve que c'est toujours la cas aujourd'hui). Alors la principale (mais non unique) attraction qui fait venir les gens nombreux à Siem Reap est évidemment le complexe d'Angkor, dont l'entrée se situe à environ 5 Km du centre-ville.

Comme je l'avais raconté dans un billet précédent, Siem Reap et les temples sont restés pendant des années l'unique point visité par les touristes au Cambodge, ceci à cause (et malgré) des graves troubles géopolitiques dans le pays jusqu'à récemment. Aujourd'hui, cela reste le seul véritable lieu de tourisme de masse du pays, puisque c'est véritablement l'usine (on m'avait prévenu). Si les temples ne sont pas la seule chose à faire à Siem Reap, l'exploitation touristique de ceux-ci est poussée à l'extrême et se pose comme la clef de voute économique de toute la ville. Des hôtels pour tous les budgets sont omniprésents, comme tout un tas de service aux touristes. Les massif bus climatisés remplis de chinois ou de retraités européens sont également dans la place pour leur permettre un aller-retour entre les ruines et leur palace 4 étoiles, tout en leur évitant avec soin tout contact avec la population locale gênante.



Mon temps au Cambodge touchant doucement à sa fin (alors que je n'y suis que depuis environ une semaine), j'avais décidé de faire trois nuits et deux jours à Siem Reap, utilisant les deux journées pour faire la tournée des temples (il y a de quoi faire), avant de reprendre la route, le jour suivant, vers Bangkok où je dois retrouver ma cousine Morgane.

La descente du bus provenant de Phnom Penh fut quelque peu inattendue puisque celui-ci s'arrête à la "nouvelle gare routière", très étonnamment située à l'extérieur de la ville, à perpète du centre. Mais la compagnie de bus est sérieuse, et avant de descendre, le mec nous dit qu'on a le droit à un tuk-tuk gratos pour rejoindre l'endroit, et qu'il nous faut absolument faire abstraction des chauffeurs de tuk-tuk espions sanguinaires infiltrés dans la masse des "gentils chauffeurs de tuk-tuk 'officiels' ", mandatés par la compagnie pour transiter ses passagers. Je me retrouve donc à l'arrière d'un de ces singuliers tuk-tuk khmeres avec pour compagnons deux voyageurs solo qui ne savent pas vraiment où ils vont.

Pour ma part, je ne sais pas trop où je vais non plus, mais Yann-Loup, mon compagnon furtif de voyage à Phnom Penh, m'avait conseillé le homestay "Garden Village" qu'il avait expérimenté et qui était parait-il un vrai repaire sympa de backpackers voyageant à budget serré. J'ai compris plus tard que Siem Reap en était bardée. Bref, ne me trouvant pas de réelles affinités avec mes deux co-voitureurs de tuk-tuk en présence, je leur sors "vous faites ce que vous voulez, moi je vais au Garden Village". Ils n'avaient pas l'air bien motivés pour me suivre (motivés tout court d'ailleurs) et c'est sous leur yeux fatigués que je sautait hors du véhicule avec mon barda, pour demander s'il restait une chambre pendant que mon chauffeur m'attendais. Ayant trouvé ma piaule et abandonné mes covoitureurs à leur sort, me voilà dans un gros backpackers avec beaucoup de chambres aux prix divers et variés.

Au Garden Village, vous avez un dortoir "extérieur" (toit+matelas+moustiquaire, mais vous êtes dehors) à 1$ la nuit. Mais j'avais décidé pour ma part de prendre une chambre à 3$, ce qui me permettait de laisser mon barda en sécurité et d'avoir mon petit coin d'intimité. Chambre spartiate, dans une cabane en bambou, séparé de la chambre d'à côté par...des bambous (ce qui me permet d'entendre la voisine se faire chaleureusement dévergonder, comme si elle était avec moi....mais elle ne l'était pas. C'est la vie.), une salle de bain commune en extérieur, et un pur restaurant/bar sur le toit du bâtiment principal (contenant à veu de nez une bonne cinquantaire de piaules).



Le premier soir à Siem Reap est placé sous le signe de la détente (pour changer). Ma première mission étant de trouver un cyber-café ouvert (comme à mon habitude de blogueur) afin de balancer des nouvelles. Ils se trouvent facilement dans un endroit aussi touristique. Je me retrouve par hasard dans le marché de nuit de Siem Reap, dont l'effervescence et les multiples lumières rappelle qu'il est encore tôt dans la soirée, malgré la nuit noire récalcitrante, référence à ces longues soirées d'hiver dans nos contrées françaises. Lesquelles, je vous l'avoue, ne me manquent pas un brin en cet instant. Le marché est très sympa, c'est surtout des babioles, souvenirs et décorations pour les touristes, mais c'est vivant et c'est sympa à faire.

Il y a même des chiottes, au marché nocturne de Siem Reap.


Je me pose dans un canapé dans le 'restobar' et me commande à bouffer, sans oublier une bière pour faire passer. Ce qui me permet de rencontrer quelques backpackers aussi paumés que moi, mais qui vivent au maximum l'instant présent en partageant pitance, boissons et histoires de voyageux autour d'une table dans un endroit chaleureux et respirant les bonnes vibrations.

Rencontre ce soir-là. Un nouvel arrivant comme moi. Sam, un anglais. Rien à voir avec le fameux Will, l'autre britannique ayant partagé ma route au Viet Nam (voir épisodes précédents). J'ai affaire ici à un petit jeunot de 19 ans environ, dépourvu de tout poil, mais sympatique. Très timide, il faut que je le titille un peu pour qu'il se libère un peu. J'avoue, j'avoue, oooh oui j'avoue que je cherchais un compagnon pour partager le tuk-tuk afin d'aller visiter les temples, ce qui permet de diviser le prix par deux (pardi!). Usant de mes capacités innées de négociation et d'endoctrinement, je parviens à le convaincre de m'accompagner dans la visite de toutes ces vieilles pierres pour les deux prochaines journées. Je pourrais penser que je suis un manipulateur d'exception, mais c'est sans compter sur une femme que j'ai pu rencontrer (nous y serons bientôt) qui me réduit sans peine à l'état d'apprenti.

Le Sam (à gauche) finira par découvrir le revers de la médaille, de s'être retrouvé avec Bibi.


Alors, le gros truc si vous visitez un jours les temples d'Angkor, c'est de vous faire le lever de soleil sur Angkor Wat (probablement le plus grand et le plus connu de la palanquée de temples qui compose ce véritable complexe). Vous l'aurez compris, la nuit se couchant tôt, il va falloir vous lever tôt car Monsieur Soleil ne prendra pas la peine de vous attendre. Depuis Siem Reap comptez environ vingt petites minutes de tuk-tuk sous les premières lueurs du jour avant d'atteindre Angkor Wat qui, il faut bien le dire, a vraiment de la gueule.

En ce matin du 4 mars 2011, comme probablement tous les matins de l'année, il y a du monde à Angkor Wat, même pour le lever de soleil à 6h15. Monsieur et Madame Toutlemonde ainsi que le couple Chinois ont décidé en effet de s'acheter le dernier appareil photo Reflex à la mode ultra-cher-de-la-mort, et sans jamais savoir s'en servir correctement, se font leur photos de vacances floues grâce à lui. Et sont à vos côtés pour immortaliser l'instant fatidique où le soleil passe au-dessus du temple. En gros, vous avez deux cent péquins (dont vous) en trains de prendre des photos au même endroit.

"Putain je suis un pro avec mon reflex qu'on m'a offert à Noël"

Si j'ai une gueule d'enterrement c'est juste que je n'ai plus l'habitude de me lever à 5h (l'ai-je déjà eue?)

Waaaaow. Angkor Wat sans chinois devant.


Et là, vous allez vous marrer. Des nuages. Il y avait des nuages ! Bordel, tu te lèves avant que ces branleurs de coqs asiatiques se mettent à gueuler comme des damnés afin de voir le soleil se lever sur "Encore What ?", et 80% du temps tu te tapes la brume matinale ! Qui se dissipent un peu plus tard ! Oui ! Et parce qu'on pourrait à la rigueur se réjouir de l'absence de soleil durant la journée tellement le cagnard est sauvage au Cambodge, ne vous inquiétez-pas : au mois de Mars c'est la pleine saison sèche et vous allez cramer sous un soleil que vous ne verrez plus  jamais de la même façon. Voilà donc les photos sont à moitié foirées et nos gueules de déterrés ne font rien pour les arranger.

En fait, les nombreux (plusieurs dizaines) temples qui s'étendent sur des centaines de kilomètres carrés et qui forment le complexe d'Angkor sont le vestige d'une ancienne grande cité à l'époque où les Khmers étaient vraiment dans leur meilleure période (de vrais "badasses" comme on dirait aujourd'hui). Militairement, ils mettaient des fessés à droite à gauche (surtout sur leurs voisins Siamois, les futurs Thaïs). Culturellement, ils ont eu une influence importante, et cette influence se ressent dans la richesse architecturale et la diversité qui se retrouve dans les multiples temples d'Angkor. La cité d'Angkor elle-même était construite en bois et seuls les religieux et les rois étaient autorisés à construire des édifices en pierre (le matériau des Dieux) alors que la plèbe ne pouvait uniquement que bâtir avec du bois. Ce qui explique que la cité elle-même ait entièrement disparu et que seuls les bâtiments "nobles" soient restés debout.
Ces temples datent de six siècles et il a fallu plusieurs centaines d'années pour construire tout cela. La finesse et l'inventivité de chaque sculpture (jusqu'à l'échelle du centimètre) représentent un travail tout bonnement incroyable et donne sans peine à ces temples le titre de Merveille du Monde.

À Bayon. La Nive et l'Adour sont pourtant loin.


Ce serait passablement ennuyeux de vous raconter ma visite des temples (déjà que vous avez l'air de vous faire chier comme des rats morts). Vous comprenez que des gens qui ne sont pas initiés à la sculpture médiévale ainsi qu'aux arcanes de la société et de la culture Khmère d'alors, ne comprennent pas grand chose à ce qu'ils voient. Comme moi, quoi. Ce sont de vieilles pierres, joliment sculptées et arrangées qui se trouvent dans un environnement de jungle à couper le souffle...

Une tuerie, ces temples, quand même...


C'est d'ailleurs Maly (encore elle !!) qui en tant que connaisseuse de l'endroit me conseilla des temples à faire absolument. Dans la première journée, nous avons donc visité : Angkor Wat, Ta Prom, Angkor Tôm, Baphuon, Bayon (situé au centre de la cité perdue et connu pour ses deux cents visages sculptés), Banteay Kdey, Ta Keo.

C'est à peu près vers ce moment là que je retrouve par hasard au milieu de toutes ces ruines, Baptiste et Greg, mes compagnons de Sihanoukville, qui eux n'ont décidé de ne se faire qu'une seule journée de temples. Greg étant beaucoup moins sous l'influence de la marie-jeanne que la dernière fois que je l'avais vu, permettait d'avoir un peu plus  de conversation avec lui, ce qui n'était pas un mal pour le coup. Toujours dans l'impossibilité de se capter par téléphone nous tentons de nous organiser pour nous voir le soir même, mais sans trop de conviction. Le fait que nos piaules repectives soient situées dans deux endroits diamétralement opposés de la ville de Siem Reap n'a effectivement pas arrangé les choses. Bref, toujours avec une journée d'avance sur moi (comme à Phnom Penh d'ailleurs), ils avaient décidé de tracer vers Bangkok dès le lendemain. Ce fut -presque- la dernière fois que je les ai vus...

Toujours avec Sam, dont la compagnie se révélait de plus en plus ennuyeuse (le pauvre n'était pas des plus rayonnants0, ainsi que notre chauffeur de tuk-tuk, environ la vingtaine, qui se montrait patient et sympathique à chaque instant (un bonheur, ces Cambodgiens), nous faisons notre tournée des temples. L'endroit étant plutôt achalandé par le touriste, tu croises partout de nombreux gamins très jeunes (dix ans à peine) qui sont là pour te vendre tantôt des t-shirts, tantôt une flûte en bambou, tantôt des portes-clés. Ces gamins sont attendrissants mais ils ne te lâchent jamais la grappe, et sont particulièrement aguerris au commerce et à la négociation, ce que je trouverai toujours hallucinant venant de la part de mioches de cet âge-là. Angkor est depuis longtemps une attraction touristique majeure et les familles locales n'ont pas mis longtemps à comprendre quel serait le business à se faire avec leur minots en bas-âge lequel rapporterait plus que de les envoyer à l'école (fait que les enfants nient avec la plus grande maladresse).


Cette gamine devant East Mebon était d'une intelligence redoutable. Il m'a fallu du temps pour devenir son "ami".


Finalement, nous terminons notre première journée de temples sous le cagnard complètement lessivés. Outre passer votre journée à marcher et à grimper des escaliers raides et interminables, vous baroudez solennellement dans la jungle à slalomer entre serpents et vieilles ruines. Le Garden Village (notre bienaimé backpacker) proposait, comme partout d'ailleurs, deux circuits différents dans les temples d'Angkor. Un grand circuit, et un petit circuit. Nous avions décidé de nous taper le grand le premier jour, et l'autre le lendemain.
En cette soirée du 4 mars donc, repos bien mérité dans le Sunset Bar (qui se trouve au final être l'original nom du restaubar sur le toit du Garden Village). Sam ne tient pas bien longtemps sur les assauts répétés de la bière locale. Je me retrouve alors à papoter pendant un moment avec deux homosexuels culturistes allemands qui se touchent à-qui-mieux-mieux ! Mais le lit m'appelle bien vite également...

Encore un levé tôt pour cette deuxième journée de temples. Six heures du matin et nous sommes déjà dans la douce brise matinale cambodgienne. Cette fois-ci, pas question pour nous d'aller retenter une photo matinale d'Angkor Wat. Le circuit d'aujourd'hui est plus petits mais on va encore passer la journée au soleil à se faire trimballer en tuk-tuk entre les édifices.
Sur cette deuxième journée les endroits à noter en particulier sont : les bassins de Krol Ko, le temple "des femmes" Banteay Srei (en pierre rose) situé à quelque kilomètres au Nord du complexe ainsi que Ta Prom, Ta Som.

"Mais qu'est-ce qu'il fout avec son drapeau Vietnamien sur le cul, celui-là ?"


Ta Prom d'ailleurs, est un des  temples du complexe à visiter en priorité. Il est connu dans le monde entier pour les immenses arbres fromagers pluricentenaires dont les énormes racines se sont approprié les ruines. Une étrange impression de puissance venue du fond des âges est dégagée par la vision de ces arbres qui inéluctablement broient le temple de toutes parts et font éclater ses pierres. De puissance et en même temps de sérénité, d’apaisement, à l'ombre de ces mastodontes qui ont dû en voir (des vertes et des pas mûres).




Non, je ne me suis pas changé, c'est le lendemain...

Le design parfait de la Nature.

Iron, like a Lion, in Zion.


Positions traditionnelles de danse mal faites. Bon c'est franchement pour les touristes

Le côté "cheesy" de certains asiat's me fera toujours halluciner (Bayon)


Regardez-moi cette gueule de touriste.


Le chauffeur de tuk-tuk...vraiment cool. A eu la gentillesse de me laisser conduire !



Nous décidons de nous faire une pause vers les petits restaus se trouvant en face du temple East Mebon (avec ses sculptures d'éléphants aux quatre coins). Avant de faire une pause déjeuner, j'avais décidé d'aller voir ce temple, mais Sam m'avait déjà lâché et préférait désormais se la couler douce avec un coca en tchatchant avec le chauffeur de tuk-tuk plutôt que d'affronter les énièmes escaliers raides du énième temple.

Oui, et je le comprends un peu, le bougre. Lorsqu'on ne connait que dalle à tout cette histoire Khmère, deux jours à crapahuter entre les "vieilles pierres" sont bien assez. C'est superbe, c'est incroyable, c'est tout ce que vous voulez mais c'est fatiguant et lassant si vous ne savez pas ce que vous regardez. Évidemment, les puristes vous dirons qu'une semaine à Angkor c'est bien trop juste pour apprécier la finesse des édifices, mais si vous n'êtes pas un minimum renseigné (par un guide ou un bouquin), allez-y, car ça vaut réellement le coup d’œil, mais ne prévoyez pas trop de temps à visiter le complexe archéologique non plus.

"Oooh putain, ooooooh putain il vient sur moi"


Les restaus en face d' East Mebon sont (comme toujours dans le coin) tenus par des femmes qui se mettent à gueuler en sortant avec un menu à la main dès qu'un touriste occidental pointe le bout de son nez en tuk-tuk. La scène est assez cocasse, de voir toutes ces Cambodgiennes se tirer la bourre pour obtenir le client, criant toute sorte de choses en "anglais", avec cet accent Sud-Est Asiatique caractéristique définitivement imprimé dans mon cerveau désormais.

"Hello you buy ?" . Asiatique anonyme de sexe féminin cherchant à priori à vendre un bien.
 

D'ailleurs il n'y a pratiquement personne à part nous, et c'est vrai que le jeune Sam et moi-même attirons manifestement l'attention de toutes ces femmes (de tous les âges, mais principalement jeunes). Rien d'affolant toutefois, elle sont assez curieuses ce qui me permet pour ma part d'engager la conversation avec quelques-unes d'entre elles et ainsi d'en savoir un peu plus sur elles, sur leurs modes de vie et sur leurs façon de penser et de concevoir les choses. Finalement nous passons pratiquement deux heures à discuter et rigoler avec elles avant de repartir voir d'autres temples.




La fin de cette deuxième journée se déroule au milieu de centaines de touristes qui se retrouvent sur la colline de Phnom Bakkeng, sur laquelle se situe un temple à partir duquel on surplombe franchement la jungle et on peut apercevoir les tours d'Angkor Wat, situé à environ 2 Km à vol d'oiseau au Nord-Est. Une masse improbable de gens s'y précipite pour le coucher de soleil. C'est joli quand même comme coin...

Depuis Phnom Bakkeng..

Mais regardez la finesse de taille de ce nombril...

Angkor What ???


C'est complètement séchés que Sam et moi sommes de retour au Garden Village. Juste le temps de dire au revoir à notre pote le chauffeur de tuk-tuk (dont le nom sera passé inaperçu), puis "posage" en règle au bar car cette journée fut-elle aussi épuisante. Tout comme la veille, c'est autour d'un plat et d'une mousse que Sam et moi rencontrons d'autres voyageurs, dont notamment le très sympathique sud-africain Carl, le suédois Jonas et un anglais quarantenaire hypocondriaque, ancien hooligan mais toujours alcoolique à niveau respectable, que nous appellerons Calimero et qui n'avait visiblement trouvé que l'herbe et les femmes cambodgiennes pour calmer ses douleurs physiques et morales. Ma dernière soirée au Cambodge, s'est donc déroulée sans accrocs et sans folies avec ces personnes.

Banteay Srei, le "temple des femmes"


Et c'est un peu à l'image de mon court (10 jours) passage au Cambodge. Un de mes plus grands regrets dans ce Jalan Jalan sera de ne pas avoir pu rester plus longtemps dans ce pays. Pauvre, magnifique et encore majoritairement préservé d'un tourisme de masse irrespectueux, le Cambodge est une perle. Les gens, emprunts d'une histoire aussi lourde que grandiose, y sont d'une gentillesse comme j'en ai rarement fait l'expérience dans ce voyage. Aurais-je eu plus de temps, j'aurais probablement été m'enfoncer dans les zones rurales reculées du Nord-Est, vers Mondolkiri et dans la vallée du Mekong pour remonter vers la frontière laosienne. Ces régions ont la réputation d'être incroyables...



Raaaaaaah ! Arrêtez !!! Espèces de Texans-Chinois !

Le temple de Bayon est assez hallucinant. Avec un nom comme ça, en même temps...


East Mebon.
Mon séjour, en quatre étapes, s'est soldé par d'avantage de calme que précédemment, probablement du à la fatigue accumulée pendant le mois précédent au Viet Nam, ainsi qu'à une solitude plus importante dans cette partie du voyage. En effet, je n'ai pas vraiment eu de rencontre avec des gens menant à partager un bout de route ou vraiment "tripper" sur plusieurs jours. Aussi, le planning trop serré (pour la première fois depuis le début de l'aventure) m'a probablement empêché de prendre mon temps et de m'imprégner du voyage de la façon dont j'avais pu le faire jusque là...où j'avais une liberté quasi-complète de temps et d'itinéraire.



Ma piaule est juste à gauche, devant le hamac orange. Siem Reap.
Et la vue, depuis ce même hamac.

En peu de temps le Cambodge m'a totalement conquis en tant que backpacker et je ne peux, depuis que je l'ai quitté, me résoudre à me dire que je n'y retournerai pas ! Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion d'y retourner au cours de ce Jalan Jalan, mais ce n'est que partie remise.

En attendant, mes pas me mènent vers un autre destin. Des retrouvailles souhaitées et prévues de longue date avec ma cousine Morgane, qui a décidé de venir me rejoindre en Thaïlande afin de partager un temps soit peu l'aventure, la route, le pain et foultitude d'autres choses avec moi, le temps d'une quinzaine.

C'est en ce lendemain de temples donc, le 6 mars, que je reprends la route en bus direction Bangkok via Battambang et le passage de frontière de Poipet.

La suite de l'aventure, croustillante, vous sera contée prochainement.

Merci à ceux qui lisent et commentent. Les posts deviennent plus rares ces derniers temps, mais l'envie de partager est toujours présente. Vous êtes bons !




Peave, Love, Chao Phraya !