lundi 22 novembre 2010

Deep Peace



Selamat siang a tous ! Merci pour les retours, encore, bien que vous ayez ete moins prolifiques dernierement. Bon sang, reveillez-vous ! C'est l'hiver qui vous fait cet effet ?

Bon alors...me voila, dans mon aventure, sur la fin de l'experience Gili Trawangan. Experience qu'on voudrait prolonger, mais il faut parfois savoir avancer, meme contre un sentiment de bien etre et une facilite, afin de vivre des experiences differentes, et dans leur maniere, tout aussi riches.

C'est donc un peu le coeur serre que je quitte GT, une situation confortable, des gens que j'apprecie, afin de continuer ma route, et d'entamer la derniere ligne droite de mon experience indonesienne.

Je prend un speed-boat, me permettant de rejoindre en une heure environ le Nord-Est de Bali, dans la region qu'on appelle la Cote d'Amed. Prendre un speed-boat coute assez cher, mais pour le coup, compare a la technique du gars fauche, me fait gagner pratiquement une journee de transit.

Seul pequin moyen interesse par la traversee GT->Amed, je me retrouve donc au milieu de l'equipage indo, pas tres causant, et qui ecoute du...Bob. C'est a se demander comment ils n'en ont pas marre de se taper le meme best-of a longueur de temps. Moi, "I shot the sheriff" m'insuporte au plus haut point.

La cote Balinaise Nord est tres differente de ce que j'avais vu avant. Les nombreux volcans balinais, notamment le Batur et le Agung, plongent directement dans la mer, et d'anciennes coulees de lave gigantesques vont jusqu'a la flotte, que bordent des plages de sable noir ou tres fonce. Avec un tourisme plus "pose", plus "retraite", la frenesie du Sud est absente, et malgre de nombreuses infrastructures touristiques bordant la mer, on a encore quelques villages de pecheurs, et leur nombreux bateaux a balanciers multicolores se reposant sur les plages.

Le bateau me debarque au milieu de nulle part...enfin au milieu d'un village de pecheurs absolument desert. Une petite fille voudrait me vendre (hors de prix) un sachet de sel local. J'ai fait ma B.A... J'ai appris un peu plus tard que la zone proprement touristique d'Amed se trouvait a environ 2-3 kilometre plus au Sud...
Toujours est-il, que les mecs m'ont largue, mon jete mon sac depuis le bateau et ont foutu le camps, en me souhaitant "bonne chance". Cocasse. Chaude transition, que de se retrouver seul sur une plage de sable noir deserte, lorsqu'on sort d'une semaine de fiesta et de farniente sur une plage de sable blanc peuplee de personnes sympatiques.

Je marche donc, tres tranquillement, dans les rues du village, scrutant a l'horizon quelque local sachant parler anglais et qui puisse me rencarder sur la destination qui m'interesse, a savoir : Tulamben, un peu plus au Nord en suivant la cote. Apres quelques minutes, je finis par en trouver un. Il s'appelle (comme beaucoup) Wayan, et me propose de m'emmener dans sa voiture tout-confort air-bag, air-conditionne, allume-cigare. Il en est fier comme tout. Par contre, tout aussi sympatique qu'il soit, il reste un balinais, et ne fera rien si financierement il n'y gagne pas. Etant donne ma situation, il etait en position de force, alors je me suis borne dans les negociations a eviter de me faire "trop arnaquer". 50 000 roupies (un peu plus de 4 euros).

Apres une vingtaine de minutes de bagnole, il me depose a Tulamben, devant un restau dans lequel j'ai bouffe (parce que j'avais la dalle voyez-vous). Tulamben est un village mort, traverse uniquement par la grande route qui longe le Nord de Bali, et qui ne vit que pour une chose : la plongee sous-marine. On a donc un village ou il n'y a pratiquement rien, a part des centres de plongee. Le clou du spectacle, celui qui attire tout le monde et fait la renomme du coin est l'epave de l'USAT Liberty, un cargo militaire americain, torpille en 1942 par la marine imperiale nippone. Longue de 120 metres, ce qui est consequent vous en conviendrez, cette epave est devenue le lieu d'habitat de centaines d'espece de poisscailles et autres algues, ou autres coraux. Et la cerise sur le chariot, c'est qu'elle n'est pas profonde (au maximum 30 metres), qu'elle est a 50 metres du bord (on rentre par la plage), et sa partie superieure peut-etre exploree en simple snorkeling ! Bien qu'ayant appris par l'instructeur de plongee que des spots magnifiques et tres peu connus, en sus de l'epave elle-meme, sont situes dans le coin egalement, c'est le bateau qui m'interessait en tout premier lieu.

Je parviens a trouver un losmen proche du restau ou j'avais bouffe. Je negocie un peu, je dis que je veux plonger et je tombe sur Jenny, une jeune indo qui gere l'hotel. Elle me dit qu'il y a un petit centre de plongee rattache au losmen, et que c'est justement son mec qui est l'instructeur, et que justement, comble du comble, il est francais. Je rencontre donc Florian, PADI Dive Instructor de son etat, afin de discuter un peu technique et jargon plongeur. Et un peu de nous, aussi...La petite trentaine, lui aussi est ingenieur...a la base. Il a juste decide de foutre le camps,  de  passer tous ses degres de plongee en Thailande et de monter sa (petite) affaire de plongee a Bali (dur, car le secteur est sature). Il vit dans une chambre de l'hotel de sa cherie, et semble carrement heureux !

Alors, en opposition complete des "usines a plongee" que representent les centres de Gili Trawangan, pas de bateau, pas d'horaire, pas de paperasse, pas de stress ici. "Tu veux plonger quand ? Ce soir apres manger si ca te bottes on se fout a l'eau". que me sort le boss - "Heeeu, ouais !".



Et hop, je me retrouve au losmen pour grailler le soir, tout le monde a la meme table, la totalite des gens etant des plongeurs, et la large majorite, des...francais ! (nan, mais c'est pas croyable). Une ambiance excellente pendant le repas, des rigolades, des retours d'experiences sur nos voyages respectifs. Du bon, je me sens bien. Et la nuit tombe. Et on se prepare a partir plonger, tout le barda, plus les lampes halogenes sous-marines.

Ma premiere plongee de nuit, entoure de quelques plongeurs tres experimentes (niveau 4 et sup) sera une experience inoubliable. Quelque peu stresse avant, et destabilise au depart par le changement de certaines techniques, surtout du a l'obscurite, j'ai adore le truc. Completement, totalement different d'une plongee de jour, on rentre la dans le monde du silence qui s'active dans l'obscurite et qui fuit lorsque le halo de ta lampe se pose dessus ! Nous nous asseyons, tranquille, sur le sable par 25 metres de fond, en cercle. Nous cachons tous nos lampes et dans le noir total, nous nous rendons compte que les mouvements frenetiques que nous pouvons faire avec les bras "excite" le zooplancton phosphorescent qui apparait comme des miliers d'etoiles vertes autour de nous. Tout juste incroyable !

Nota Bene : Alors, sur Tulamben quand tu plonges, tu n'es pas tout seul, alors il arrive souvent, que meme de nuit, tu tombes nez-a-nez avec un plongeur inconnu. Il est ton ami, alors ne fuis pas !

La nuit, les gros poissons sortent plus, et du coup, les petits se planquent. On croise un poisson Napoleon, un merou improbable, et beaucoup d'autres dont je ne saurais vous citer le nom. Au chapitre des petites bebetes curieuses, une crevette completement transparente (telle les animaux des abysses) et une "moule electrique". Alors pour info, parce que je vous entend d'ici, une "moule electrique" n'est pas un dispositif de dissuasion sexuelle. C'est un genre de mollusque orange avec des petit picots qui produisent des arcs electriques (des genres d'eclairs) entre eux. En gros c'est pour attirer le plancton que mange le coquillage. C'est impressionant, et je n'avais jamais vu ca.

Autre truc qui file le smile, c'est l'apparition, apres peu de temps, de l'epave dans les halos de nos torches. Le genre bateau-fantome sortant d'une sombre brume aquatique, si vous voyez un peu le tableau. Impossible pour moi, vu ma concentration (due a l'obscurite), ma meconnaissance du site et l'aspect bien ronge de l'epave, de reconnaitre ou de situer une partie du navire. L'epave etant trop grande pour etre exploree en une seule plongee, nous nous sommes bornes a tourner autour de l'arriere (sans y rentrer, trop risque de nuit).

48 minutes apres l'immersion, retour en surface. Jubilant comme un gamin. J'ai dormi du sommeil du juste, et content de m'etre bouge le cul apres le poulet-curry fait maison de Jenny, qui m'a demonte le gosier tant il etait releve.

"Same, same...but different"

Le lendemain, rebelote apres le petit dej'. De jour cette fois-ci. Meme endroit, mais different. "Cette fois-ci, on voit tout". Enorme experience aussi, des poissons magnifiques, une entree dans l'epave, ou nous avons croise un barracuda de 2m50, un monstre absolu avec des dents qui foutent les jetons, et qui avait elu domicile dans une grande piece du navire. Il revenait de la chasse, donc il etait absolument amorphe et souhaitait probablement faire une sieste pepere. Il s'est lentement barre lorsqu'il nous a vu...
Toute sorte de poissons exotiques se precipitent dans  tous les sens, un regal. Il n'y a rien de mieux que la plongee pour se relaxer, a part une bonne partie de jambes en l'air...

Puisqu'on parle de cela, on m'a recemment affirme que le bouquin "Mange, Prie, Aime" (cf. mon post "Run To The Hills") stipule que chaque visite a Bali est toujours accompagnee d'une rencontre amoureuse. C'etait peut-etre vrai a l'epoque ou les femmes balinaises magnifiques pouvaient s'acheter en tant qu'esclaves par les hollandais, mais je peux soutenir a posteriori que ce ne fut pas mon cas, apres un mois au milieu de la zone. Une simple exception detruisant en toute logique la loi par ailleurs enoncee, je puis affirmer ici-bas, que ce bouquin n'est qu'un ramassis de stipulations plus fallacieuses les unes que les autres. Ou alors !? Ou alors je ne me suis pas rendu compte que j'etais tombe amoureux. Ou alors je n'en ai pas besoin. Ou alors quelqu'un est effectivement tombe(e) amoureux(se) de moi et ne me l'a pas dit...Putain, il a peut-etre raison ce torchon en fait...



Pour revenir a nos moutons, pas bien nombeux en Indonesie, de retour de ma plongee du matin, je me tate encore a savoir ce que je vais faire plus tard dans la journee : rester a Tulamben, plonger encore un peu, ou bouger vers le Nord et le Nord-Ouest, plan initial.

Ouaip, au Nord-Ouest se trouve un des spots de plongee les plus reputes de Bali : Palau Menjangan. C'est une toute petite ile inhabitee avec des tombants de fou furieux remplis de requins pointe-noire et de raies manta. Qu'ils disent. C'est une vraie autoroute parait-il, et beaucoup de bateaux partent des hotels situes dans la ville de Pemuteran (concue uniquement dans ce but) ou Lovina (plus eloignee) pour peupler les recifs de Menjangan.

Malgre l'heure tardive, et le fait que Florian (le prof de plongee) tente de me decourager avec la traditionnelle penurie de transports balinais l'apres-midi, je passe un peu de temps sur Internet pour vous taper mon article sur le volcan, et parvient, avec une chance de cocu, a trouver un bemo qui pour une somme modique et en un temps deplorable (40 Km, 2h) me lache a Singaraja. Cette ville, la deuxieme plus grande de Bali apres Denpasar, je n'y suis pas alle ! Hop, comme ca ca vous la coupe.

Non, le seul truc que j'ai vu de Singaraja sont les conducteurs de ojek, les moto-taxis, m'harcelant pour m'emmener a Lovina (ma destination pour la nuit) alors que je n'etais pas encore descendu du bemo. Finalement, celui qui remporte la mise est celui qui me propose le moins cher : 10 000 roupies (0.8 euro), pour 15 km. On s'en sort bien.

En fait, Lovina n'est pas une ville, c'est un ensemble d'agglomerations basees sur le tourisme (ah bon ?), avec de nombreux hotel et resorts etales sur une dizaine de kilometres de plage. Moi, je veux aller dans le pseudo-centre de tout ce merdier, Kalibukbuk, ou il me semble que des losmen sont pas chers...


L'homme a la moto me depose, je trouve a grailler, et je longe tranquillement la plage, sans but aucun, avec tout mon barda, sans me presser pour trouver un losmen, ou autre. Je profite d'etre libre. De n'avoir pas d'autre maison que ces 8 kilos accroches a mon dos.

Et de m'en foutre royalement.



Je passe au milieu de villages de pecheurs, pauvres, qui vivent au milieu des cochons. Ils me devisagent avec curiosite mais en repondant a chacun de mes sourires. Je me pose un peu devant la mer, devant ce sable noir...puis reprend ma route. Et finalement, le mercantilisme revient a la charge, sur un Moi qui en avait fait abstraction le temps d'une heure et demie.

Bien souvent, quand on se trimballe avec un backpack, ce n'est pas a toi de chercher l'hotel, c'est l'hotel qui vient direct a toi. Savoir faire le tri et/ou negocier est la seule chose a faire. Et du coup, je croise un mec qui veut m'emmener voir l'hotel "de son pote" sur son scooter pour un bon prix. J'accepte. Et finalement je me retrouve dans une chambre qui me convient, correcte et au prix que je veux. En l'espace de 10 minutes...

Le losmen est encore une pension de famille, la matriache de 80 ans gerant le truc. Personne dans cet hotel, a part moi. Une bonne partie des rencontres se faisant dans les losmens avec d'autres backpackers et citoyens du Monde, c'etait mal engage. Car Lovina, c'est un coin touristique du Nord, mais calme voyez-vous. Et en basse-saison, et bien c'est plutot mort. Et a part la plage, et les sorties par dizaines de bateaux proposant d'aller voir les dauphins au petit matin (ce qui ne m'interesse pas pour un sou), et ben walou !

Je pense donc continuer ma route vers Pemuteran vers l'Ouest, mais c'est vrai que la pratique de sorties plongee commence aussi a peser sur le budget, que mes jours balinais sont comptes et que je m'eloigne de plus en plus de l'aeroport. L'autre solution etant de louer une becane a Lovina le lendemain pour aller tenter une deuxieme fois les montagnes du Centre, en les attaquant cette fois par le Nord (plus court).

Dans le cafe Internet en face de mon losmen, je fais la connaissance de Julie, une Suissesse voyageant solo, qui ne sait pas trop ce qu'elle fout dans le coin aussi. On mange ensemble le soir, et je lui parle de mes deux solutions. Elle semble motivee pour le trip moto dans la pampa. Ceci termine de mettre fin a mes plans d'aller vers les sites de plongee du Nord-Ouest, et de redescendre vers Denpasar par la cote Ouest, bouclant ainsi un tour complet de l'ile.



Non, je decidais d'aller faire un tour avec elle, chacun son petehumme. Nous sommes le 8 novembre. Si ma premiere tentative depuis Ubud, 16 jours auparavant, s'etais soldee par une meteo degeulasse, la seconde tentative s'est soldee par une meteo vraiment degeulasse. Le temps assez stable en matinee se degradant a mesure qu'on montait, nous avons encore vecu une horreur de pluie torrentielle et de brouillard a se glacer les os, dans les environs de Munduk. C'est a croire qu'il n'y fait jamais beau dans la region. Impossible donc de voir quoi que ce soit des volcans, des lacs ou memes de villages reputes sympatiques.

Au moins donc, pas de regret, car j'etais mieux prepare vis a vis du poncho foireux et n'avais pas tout mon barda avec moi, comme la premiere fois.



On a quand meme reussi a voir les jolies chutes d'eau de Gitgit, a rencontrer un famille de francais paumee dans un restaurant vers Munduk, sous la pluie incessante et drue, dans une puree de poix a couper au couteau et retrouver le beau temps et la chaleur a mesure qu'on rejoignait la cote Nord. Un passage par Banjar et ses fameuses Air Panas (comprenez : sources chaudes en Bahasa), dans lequelles nous avons fait une petite trempette. Une petite boucle donc d'une cinquantaine de kilometres, qu'on a fait tranquillement.

Mais ces putains de montagnes m'enervent !



Le lendemain, pas de nouvelles de Julie, donc a nouveau solo. J'ai pas mal glande toute la journee en fait. Rien d'utile au fait d'aller plus loin sur la route, nous sommes a J-2 avant mon depart pour la Thailande, et j'avais prevu un retour dans le coin de Kuta/Legian sur la fin avant de prendre l'avion (c'est plus pratique vu la proximite avec l'aeroport). Par contre, vu que je ne suis pas fan de cette partie de Bali, autant vallait-il mieux retarder l'echeance, trainer un peu sur la plage a Lovina, et prendre un minivan le lendemain pour n'avoir qu'une seule nuit a passer la-bas.

Rencontre avec une locale, la quarantaine : Maria. Elle vend des fruits sur la plage. Elle me fait gouter le meilleur ananas de ma vie, ainsi que des fruits bizarre locaux plutot degeux (dont le fameux snake fruit, a l'ecorce de peau de serpent). Je discute pas loin de deux heures avec elle, de tout et de rien, de la vie, du prix du pain qui ne cesse d'augmenter. Elle me dit que j'ai de la chance. Que j'ai de la chance d'avoir pu voir Bali, car elle n'est jamais partie de Lovina, elle ne connait pas les coins dont je lui parle, qui sont pourtant sur son ile. Le plus loin qu'elle ait ete dans sa vie ? Singaraja, a 14 Km, a l'hopital pour une fausse couche. Youppi. A part quelques paroles d'encouragement, je ne peux que fermer ma gueule et compatir a sa situation.

Elle achete ses fruits au marche et prend une marge sur la vente de plage.  Ils sont quinze vendeurs de fruits concurrents a se partager 300 metres de plage, et en saison morte, peut-etre une dizaine de clients potentiels. Quand elle ne les vend pas, elle les jete rapidement vu qu'ils pourrissent. Son mari vendant des couteaux genre "opinel" et des dauphins en bois sculpte, sur la plage egalement, on ne fait pas dans le business florissant dans la famille, et lorsqu'on atteint les 100 euros pour le couple et les deux enfants, en un mois, c'est une bonne nouvelle. De quoi payer la bouffe, et l'ecole pour les momes. Termine. La securite sociale ? Maria en aurait besoin car porter 15 kilos de fruit sur la tete pendant 20 ans, tous les jours de sa vie, commence a jouer sur la qualite de ses vertebres cervicales, et n'est pas de bonne augure pour la suite des evenements.  A la question "es-tu heureuse ?", pas de reponse...



Le minivan de Lovina, le lendemain, est passe par exactement les memes routes que j'avais empruntees sur mes deux tentatives montagnardes balinaises, et notamment les deux villages que je voulais voir : Munduk et Candikuning. Et bien devinez quoi ? Alors que j'etais en pleine conversation entre mon voisin hollandais de 70 ans et ma voisine americaine de 35, la meteo etait clemente, et j'ai pu enfin apercevoir de mes propres yeux les magnifiques reliefs et lacs du centre de Bali.
Sans toutefois pouvoir prendre de photos et tout en me faisant trimballer a l'arriere d'un bouzin. Mais toujours est-il que c'est bon ! "Je les ai vu ces connasses de montagnes !"



Je retrouve donc, quelque trois-quatre semaines plus tard, la ville de Kuta, qui ne me manquait pas. Mais les lieux sont familiers et j'ai desormais plus d'experience. D'ailleurs, je sais exactement ou je vais. Et c'est assez bizarre car j'ai l'impression que les "locaux" aussi le sentent, car personne ne me sollicite ou ne m'emmerde, alors que tous les touristes de base, europeens ou australiens se font harceler.
Il est un peu plus de midi quand j'arrive sur le coin. Kuta (Legian), est probablement l'endroit de Bali le plus chaud et le plus ensoleille, d'ou son succes. Un soleil qui tape fort, et une plage pas loin. Ni une, ni deux, je chope le meme losmen qu'a mes debut, et loue une planche de surf pour me faire une derniere session indonesienne de 2 ou 3 heures avant de partir. Ils m'ont encore refile une rastaboard, mais les vagues etaient pourries, surpeuplees.

La derniere session est toujours foireuse, c'est la tradition.

Une ultime tentative de rencontre de personnes dans le Apache Reggae Bar de Kuta, ou la faune qui y passe la semaine est tout simplement minable, friquee, suffisante et ne jure que par son apparence (ca vous rapelle un coin de France ?). Au niveau musique, on va du plutot bon a la grosse daube. Le temps de boire quelques Bintang, de refuser plusieurs offres d'amphetamines par un Australien improbable qui en avait deja pris assez et qui ne savait plus quoi en faire vu qu'il etait trop excite pour se concentrer, je me suis traine une carcasse (finalement pas mal alcoolisee) vers mon losmen.

J'y ai rejoins ma chambre minable aux murs recouverts de moisissures, a la salle de bain sans lumiere, aux chiottes qui servent aussi de lavabo, aux blattes antipathiques et a ma douche a un seul pauvre jet. Je pensais que le lendemain a la meme heure, je serai probablement dans le meme etat, mais a Chiang Mai, au Nord de la Thailande (prochain post).

Et donc, pour ma derniere nuit dans le pays, je me suis effondre sur mon lit a moitie a poil et tel une enclume, dans des effluves de bieres/clope pour finir profondement aux pays des reves, en paix...

Selemat Tinggal.

Peace, Love, Scubadive.

samedi 13 novembre 2010

March To The Sun



Que c'est il passe a Gili Trawangan ?

Petit rappels des faits. J'arrive tout juste de la fin de la descente du Gunung Rinjani de Lombok, me retrouve a Bangsal (le port le plus proche pour les bateaux vers les Gilis) avec trois de mes compagnons trekkers (Allison, Alex, et Mike les anglais)...

Avant de vous raconter ce qui m'est arrive par la-bas, je vais vous faire un petit topo du style Lonely Planet, mais a ma facon si vous le voulez bien.

Dans les glorieuses annees ou le backpacking etait encore une discipline reservee aux fous furieux routards et aux hippies backpackers, Bali etait une destination exotique et sauvage prisee. Un ensemble de plages, de jungles, de montagnes et de plages, ou il n'y avait rien. Aujourd'hui, et bien...il y a du beton.
Oui, les trois "K" faisaient des adeptes :
- Il y avait ceux qui etaient plus du genre Ku Klux Klan. Pas tres sympas, pas du genre voyageurs, et en perte de vitesse dans les sondages, a l'epoque des sixties.
- Et puis il y avait, ceux qui ne revaient que de Kaboul, Katmandou et Kuta. Les hippies, plus sympas, mais en perte de vitesse egalement, quelques annees plus tard.

On s'en doute, Kaboul a beaucoup change et n'est plus la destinations prisee pour trouver du repos, et ce depuis les demeles afghans avec les sovietiques. Vu qu'actuellement c'est une zone de guerre, oublions. Katmandou, et bien je n'en sais rien mais j'en ai entendu de bons retours par les voyageurs que je croise. Et Kuta...eh bien ca a tellement change, il y a une telle decadence qu'il n'y a plus rien de balinais dans cette ville.

Et puis les gens ont ete plus loin, vers Lombok...qu'ils ont remonte vers le Nord. Et ces trois minuscules iles, a une demi-heure du port de Bangsal, au Nord Ouest : les iles Gilis. Depuis lors, beaucoup de voyageurs qui descendent d'Asie du Sud-Est, le long de l'archipel indonesien font une halte (ou terminent leur periple) par cet endroit mythique.

Voila le seul moyen de transport, avec le velo, des Gilis.


Nous avons la, trois tout petit coins de paradis, vraiment, et il y en a pour tous les gouts :

- Vous avez Gili Meno. La plus petite, tres tranquille puisqu'il n'y a absolument rien a y faire a part glander dans son bungalow les pieds dans l'eau en lisant un bon bouquin et en sirotant une noix de coco. En basse saison (donc au moment ou j'y ai ete), tout est presque vide, les plages magnifiques de sable blanc (du corail pile quoi) sont desertes et le snorkeling y est superbe. Le calme m'a impressionne d'abord, puis apaise ensuite. A peine deranges par quelques vendeuses de fruits magnifiques (les fruits), vous pouvez etre sur de ne croiser presque personne dans l'apres-midi.

- Gili Air : La moyenne, au niveau de la taille ainsi que de l'activite. Faite pour ceux qui veulent boire un verre tranquille le soir, mais sans trop faire la fete, et se reposer pepere durant la journee. Je n'y ai pas ete, mais sont profil "intermediaire" lu vaut un succes incontestable. Pour les puristes, le "Space Bar" sert des boissons a base de divers champignons hallucinogenes locaux...certains n'ont jamais retrouve leur bungalow !

Je vous dis que des hippies sont passes par la.

Avant de vous parler de la plus "grande" (2 Km par 1 Km), Gili Trawangan, une petite mise au point s'impose : les iles Gilis ont un status un peu particulier en Indonesie puisqu'elle sont "auto-gerees"....entendez par la qu'il n'y a aucun representant du gouvernement Indonesien sur les iles. Entendez par la, pas de poste, et surtout (et c'est ce qui nous interesse) pas de police.
Chaque ile est geree par un chef local de village, qui a a sa disposition quelques sous-fifres "assurant la securite" (c'est un tres grand mot), et se trimbalant sur des velos qui ont du voir naitre Pompidou. La derniere tentative de la police indonesienne de faire une incursion sur les Gili s'est soldee par un accueil de jets de pierres par la population locale...bonne ambiance...

Toujours est-il qu'aux Gilis, jusqu'a maintenant, on est plus vraiment en Indonesie. L'abscence de police, le cote festif et les nombreux voyageurs ont ouvert la porte aux substances narcotiques diverses et variees. Les Gilis sont en effet le seul endroit ou on pourra trouver en vente (non libre, mais largement toleree) toute sorte de drogue. Toute autre partie de l'Indonesie, on vous jete en zonzon aussi sec.

Et le catalogue est fourni : on passe des classiques (marijuana arrivant de Sumatra, Vallium, coke locale egalement, ecstasy de toutes les couleurs, morphine), aux exotiques (champignons hallucinogenes, qui font le bonheur des petits comme des grands, dans une bonne omelette ou dans un peu de Red Bull, mescaline), aux psychedeliques puissants (LSD), ou a d'autres saloperies meurtieres (heroine, methamphetamines...).
Tout cela se trouve (plus ou moins facilement) sur Gili Trawangan, pour des sommes modiques.

Puisque je vous dit que des hippies puants sont passes par la ! On entendrait presque Lucy In The Sky With Diamonds. Et je crois meme y avoir apercu John Lennon (qui n'est evidemment pas mort, il est aux Gilis a l'apero avec Elvis, Mickael Jackson, James Dean, Hitler et  Gainsbarre).



"Tu veux bedave ?"

La plus repandue etant bien sur l'herbe : on vous propose sans arret d'en acheter, et ca commence des votre descente du bateau. Lorsqu'on vous loue une chambre, on vous tend la cle dans une main, et le pochon d'herbe dans l'autre (au cas ou vous en voudriez). On vous propose meme de la gouter gratos pour vous faire une idee. Il y a meme des pack "velo + equipement de sorkeling + petard" a des prix defiant toute concurrence (et elle est feroce)...c'est du grand n'importe quoi.

"I know that I am ugly, but with mushrooms I am happy !"

Cette phrase est ecrite dans le dos des serveurs du bar "Rudy's Pub" (le plus repute, egalement le plus abordable de Gili Trawangan) qui sert donc, entre alcools normaux, des boissons magiques consistant en une race inconnue de champignons passes au mixer, melangee avec du Red Bull

"Red bull, car c'est en fusee qu'on va sur la Lune", qu'ils disent. C'est LE narcotique le plus populaire des visiteurs des Gilis. Et partout, passe une certaine heure, les magasins (qui d'habitude en journee vendent des strings "Heinekken" et des crocodiles geants gonflables), sortent leurs pancartes dans la rue : "We have super extra skyhigh magic ultimate brainstorming mushrooms". Le verre coute 150 000 roupies (12 euros), ce qui represente un budget dans ce coin du monde...et ayant apercu les effets sur les gens qui en prenaient, je me suis abstenu. Cette nana, qui devait etre plutot jolie dans son etat normal, a passe pres de quatre heure a contempler ses mains se deformer, changer de couleur, voir des griffes pousser au bout de ses doigts, et cette putain de moissonneuse-batteuse chauve avec son brassard de l'ONU qui ne veut pas lacher ma cravate.

Voila ! The decor is planted, comme disent les anglais. Maintenant que je vous ai decris l'endoit comme une zone de non-droit livree au narcotrafic, un endroit a passer au Karcher, que je vous ai plus avant decrit comme un paradis sur Terre, vous allez me prendre pour le dernier des toxicos.

Que nenni ! On pourrait penser que ces iles sont en effet remplies de junkies defonces, qu'il y a de l'insecurite, des problemes, des bagarres, des incidents, des arrets cardiaques, des bad trips a foison. Et bien ce n'est pas le cas. Rien de tout cela.

Au vu du nombre de drogues disponibles, c'est quand meme stupefiant.

Non, la majorite des gens ne consomment pas ou tres peu de ces substances. Les gens sont certes la pour s'amuser, mais ce sont pour la plupart des voyageurs avises. L'ambiance est on-ne-peut-plus bon enfant et ouverte a la rencontre, a la communion, aux autres. La presence de drogue en vente toleree ne stimule pas la consommation de ces machins, mais genere une impression de liberte, elle meme generant (c'est assez difficile a expliquer) un bien-etre ainsi qu'une volonte de rester responsable, justement peut-etre pour preserver la caracteristique de l'endroit. En bref, nous avons a faire la a une grande quantite de backpackers (beaucoup de voyageurs solo) qui ne viennent pas jusqu'ici, au fond de l'Indonesie, pour se defoncer, mais pour jouir de la liberte de pouvoir le faire si jamais cela leur chante...ce qui est tres different.
L'absence de regle, de contrainte.

Gili Trawagan donc, GT pour les habitues, est un endoit hors du temps pour tous les voyageurs. Les jours se transforment en semaines, les semaines en mois. J'avais decide, a l'origine, d'y passer deux-trois jours, histoire de reposer tranquille mes guiboles souffreuteuses. J'en ai passe huit, et me suis force a partir...

GT possede un petit village (ou des logements pas chers et tranquilles sont trouvables, non loin de la mosquee), ainsi qu'une "route" principale en terre, faisant le tour de l'ile (2h a pieds). C'est sur cette route que se concentrent toutes les activites de l'ile, uniquement sur le littoral Est (face a Lombok, on peut d'ailleurs apercevoir le Rinjani aisement depuis la plage). Le littoral Nord est borde par quelques bungalows fuyant la fiesta nocture, alors que les cotes Ouest et Sud sont desertes. Il y a meme des infrastructures touristiques desafectees dans ce secteur.



Ah oui, j'oubliais. Le fait que les Gilis soient autonomes implique que le chef de village interdise aux entrangers de lancer leur affaire sur l'ile ce qui preserve grandement le littoral de toute construction hasardeuse et degeulasse, nous avons la une ile d'une simplicite apaisante. Cerise sur le gateau, il n'y a aucun engin motorise sur les iles : les deux moyens de transport etant la charette a poney et le velo. Un bonheur. A part le bruit de sabot, rien. Tout, tout est apaisant ici. Je vous parle pas des paysages, paradisiaques, des plages de sable blancs, fonds marins de furieux...

C'est dans ce monde que je debarque.

Dans le bateau qui m'y emmene, je retrouve un mec que j'ai rencontre pendant le trek sur le Rinjani. Il etait dand un autre groupe de trekkers, uniquement seul avec son guide. Il est Indonesien, originaire de Sumatra et s'appelle Kiki. Sans deconner. Il me dit que c'est un nom de fille habituellement en Indonesie. Il me dit qu'il connait bien "Zizi, le joueur de foot francais". Non mais attendez je n'invente rien, je n'ai pas l'esprit mal tourne. Je me suis force a rester serieux, retenant mon sourire du mieux que je pouvais en regardant dans la direction opposee et en eclantant de rire, faisant mine de chercher la presence d'un gallion espagnol charge d'or vers le Nord...


Bref, me voila discutant avec Kiki, debarquant sur GT, disant "bye, see you in another life and travel safe !" a mes trois compagnons de trek. Kiki reste avec moi. Il est plus jeune, il voyage seul pour deux semaines, il est assez timide et j'ai l'impression que je lui apporte une certaine securite dans son voyage, car je me montre rapidement plus debrouillard et informe que lui sur la destination. Il fait partie de cette categorie indonesienne de gens aisees.  Je n'en croise pas beaucoup ou je traine. Son anglais est excellent et le gazier semble plutot cultive. Il gagne, dans son taf de comptable pour une grosse boite d'extraction de charbon, environ 600 euros par mois, ce qui est assez confortable pour vivre dans le coin.

Aucun de nous ne savions ou nous allions passer la nuit. Il me demande si je veux partager une chambre, je refuse. Un peu de calme et de solitude etaient necessaires. Par contre, vous allez me traiter de profiteur, j'ai use de ses capacites a parler le Bahasa Indonesia afin d'augmenter mes chances de succes lors de negociations musclees pour la chambre. Apres une premiere tentative infructueuse dans un taudis, je finis par trouver (toujours suivi de Kiki), un petit losmen sympa dans le village de GT, un peu en retrait de la rue principale de bord de mer (donc plus au calme, sauf que j'avais pas prevu la mosquee et son muezzin !). Le Lisa Homestay, ou Kiki prend donc la chambre d'a cote.


Apres avoir vide la totalite de mon sac (j'avais l'intention de passer au moins 3 nuits), un certain nombre de mes affaires utilisees pour le trek etant crades, j'avais donc besoin de faire une halte lessive et d'aller explorer les environs. Mais avec ma jambe en mousse, je ne suis pas alle bien loin.

Retour a l'hotel, il reste encore deux heures de jour. Nous sommes donc le vendredi 29/10, et je fais la premiere d'une tres longue serie de rencontres a GT. Un local. LE local a qui tu va faire confiance pendant toute la duree de ton sejour. Il va peut-etre un peu t'arnaquer, mais tu l'aime bien quand meme, et il t'aime bien aussi. Du coup, malgre une relation basee pour un bonne partie sur du commerce, on s'aime bien. Il m'appelle "Oli", comme le font tous les Indos, et lui s'appelle Allan. Se trimbalant sur son velo minuscule et faisant des allez-retours dans le village, il balance toujours un "Hello Oli!" de loin, pedale vers moi pour me demander s'il peut faire quelque chose pour moi, pour me demander ou je vais, etc. C'est le genre de gars que tu vas voir si tu as besoin d'un velo, et d'un equipement de snorkeling...A la fin j'avais meme son telephone.

A part Kiki (qui repartait le lendemain), dans les quatres chambres du losmen se trouvaient egalement Nathalie, une femme francaise "d'un certain age" (mais qui n'avait pas lu le bouquin sur la bonne femme a Ubud), mere de famille voyageant seule, qui faisait un break de cinq semaines en Indonesie pour se detacher de son taf de psychologue devant accompagner les femmes victimes de grossesses a risques/problemes etc., qui commencait un peu a la submerger. Et puis, dernier au tableau, David, un allemand de 26 ans, qui connait bien le coin puisque son premier voyage seul en Indonesie remonte a ses 16 ans. C'est avec lui que j'ai traine, vu qu'il etait un bon guide potentiel et ne sachant de toute facon pas ou trouver Kiki (Allan avait reussi a lui refourguer le pack "velo +...").



J'ai bien sympatise avec David le berlinois. On va boire l'apero et bouffer, puis boire un coup. Alors pour information, le nombre d'endroits pour boire des coups est assez impressionnant a GT. Mais il y a trois bars principaux qui ont le droit, a tour de role, de mettre leur soupe plus forte et plus longtemps que les autres (c'est de la musique de boite de nuit occidentale). Le Lundi, c'est le bar du centre de plongee Blue Marlin, qui met son David Guetta a fond. Le Mercredi c'est le Tir Na Nog, un pub irlandais qui retransmet les matchs de foot et sert des Guinness, qui met son David Guetta a fond, et le Vendredi soir, c'est le Rudy's Pub, le plus populaire, qui met son David Guetta a fond. Et vous avez, un peu plus loin, le Sama-Sama Reggae Bar, repute meilleur bar reggae d'Indonesie, avec de la musique live et du monde tous les soirs jusqu'a la fermeture vers 1h30.

David (l'allemand, pas Guetta) etait en fin de vacances, en rade d'argent pour ses trois derniers jours, donc je lui en ai lache un peu de flouze (oh pas grand chose, histoire qu'il puisse au moins bouffer). Dans ma premiere vraie journee a GT le lendemain, Kiki avait effectivement mis les voiles tot sans dire au revoir. David et moi avons donc pris le bateau a 9h30 pour aller a Gili Meno, la plus deserte. Il n'y a que un aller-retour par jour qui desert les differentes iles de l'archipel (distantes d'1 Km chacune mais, au vu des courants, il est dangeureux de la tenter a la nage). Aussi devions nous etre de retour au "port" pour 15h30.
Nous avons donc severement glande sur un plage parfaitement deserte, je suis alle faire une heure de snorkeling, magnifique, a seulement une vingtaine de mettre du bord. Le temps de glander, de discuter, de glander encore, de manger. Hop ! Il etait 15h30. Tout cela est passe tres vite.





Bienvenue donc aux Gilis. L'endroit ou les gens marchent de toute facon a 10 metres par minutes (ah ces insulaires !).

L'endroit ou tu peux prendre le temps de perdre ton temps. 

Avec David, on s'est donc retrouve pour la plupart du temps au Rudy's Pub, car il s'etait fait un pote serveur, Mato, un local qui avait du rester perche avec les champignons qu'il vendait, mais qui nous faisait marrer a parler toutes sortes de langues. Mais David etait creve assez tot du fait que, pour faire des economies de fric, il ne bouffait que le soir et restait dormir au losmen toute la journee. Dimanche, dernier soir pour David, je rencontre une autrichienne hotesse de l'air...j'ai juste tape la tchatche, comprenez, mais j'aurais bien aime la revoir le lendemain. Bof, ca n'est pas arrive. Comment ca "complexe d'Oedipe", c'est encore une connerie signee Freud non ?

Le Lundi qui a suivi, David est donc reparti vers sa Chermanie natale. Et j'en ai profite pour aller aux Dream Divers, un centre de plongee ou bossait Loic, un francais exile depuis 2 ans sur cette ile paradisiaque, dont le metier est d'accompagner les plongeurs, de prendre des photos et videos de leur exploits subaquatiques, et de leur vendre le tout sur DVD apres coup. Voila, pas degeu non ?

GT est blindee (je dis bien blindee) de centres de plongee. C'est l'activite touristique qui genere le plus de pognon avec l'hotellerie et la picole. Certains ont des batiments impressionnants, munis de fosses d'entrainements, de materiel dernier cri et d'instructeurs de plongee super beaux gosses. On peut d'ailleurs passer tous ses diplomes PADI en un rien de temps et se retrouver a etre capable d'enseigner le truc a de charmantes israeliennes en chaleur. Le Blue Marlin est considere comme un des meilleurs centres de plongee technique au monde (avec des instructeurs renommes, et des formations sur la plongee au Nitrox ou encore avec un recycleur d'air).

Mais tout cela a un cout. Et le cout est particulierement eleve a Trawangan. Pour une fundive (comprenez "plongee-exploration", necessitant un diplome prealable), comptez environ 40-50 euros, materiel et encadrant fournis. Vous payez au passage, pour chacunes de vos plongees, la Gili Eco Tax, qui est une mesure locale intelligente permettant de recolter des fonds afin de nettoyer les plages, sensibiliser les ecoliers locaux au probleme de la preservation de l'ecosysteme marin, et recreer du recif coralien plus rapidement en utilisant un systeme de des cages electrifiees (le corail autour de GT est mort, en grande partie, a cause de la peche a la dynamite et au cyanure pratiquee par les braconniers pendant des annees).

Bref, ma plongee a GT, la premiere depuis longtemps (mais j'ai plus de 100 plongees sur mon carnet), s'est realisee a Shark Point, au Nord-Est de l'ile. Normalement, a Shark Point, on devrait voir des requins. Hein, normal quoi. Des pointes blanches, des pointes noires. Des requins gentils quoi. Bon, les requins etaient absents, mais les raies manta ne se comptaient plus. Une tortue de mer passait egalement dans le coin. J'aime tellement cette sensation qu'offre la plongee sous-marine, cette troisieme dimension, ce silence...Je suis resorti de l'eau tellement heureux. Meme si je n'avais rien vu, j'aurais eu le sourire tellement cette activite d'etre sous l'eau m'apporte serenite et bien-etre.



Le mardi, arrivent mes nouvelles voisines de chambres. Trois nanas ! Jackpot !!! Deux filles magnifiques : Gayle (anglaise) et Saskia (hollandaise). Et une troisieme. En fait, ce sont des nanas qui au depart voyagent seules mais qui se sont retrouvees a un moment donne. La troisieme fille, anglaise egalement et qu'on appellera "Motormouth" pour preserver sa dignite, s'est greffee a Gayle&Saskia au dernier moment, et se revele etre une veritable plaie.

Motormouth est en effet la premiere personne que je croise dans ce voyage pouvant balancer des ondes negatives, et n'ayant absolument aucun sens de la tolerance, la premiere que j'ai eu envie de fuir ! Pourtant, c'est une vraie baroudeuse. 32 balais, elle termine un voyage solo de 9 mois qui l'a menee jusqu'aux confins de l'Inde, de la Chine, de la Thailande, de la Nouvelle-Zelande, etc. Elle a donc tout vu, tout fait, et l'endroit ou elle se trouve actuellement (GT) est absolument minable a cote des merveilles qu'elle a vecu par ailleurs. Elle parle tout le temps, plus fort que tout le monde. Une casse-berles digne des plus grandes competitrices de la categorie.

Premier soir de son arrivee, au diner : la honte absolue. Nous etions 6 ou 7 voyageurs a la meme table. Motormouth etant occupee a gueuler sur son voisin  de table (elle parle tres, tres fort en fait) pour lui raconter comment elle avait pu allaiter un bebe panda chinois avec son propre sein gauche afin de lui sauver la vie (ou une autre histoire du meme accabit), a tel point qu'elle ne remarque pas l'assiette gigantesque de poulet au curry deposee devant elle. C'est uniquement un quart d'heure plus tard que, trempant sa fourchette dans une assiette semi-froide, elle se met a faire une remarque desobligeante sur la temperature de son auge. Elle fais un signe au pauvre "serveur" :
- "Vous pouvez venir ici s'il vous plait ?". Le mec, interloque, se pointe.
Vous appelez-cela une assiette chaude ?Non, c'est froid...".

Et son assiette repart donc en cuisine. Nous avons tous (sauf elle evidemment), echange des regards desole pour le serveur, le cuisto, et surtout pour cette pauvre conne qui s'est donc remise a hurler du fait dramatique que "la qualite du service en Indonesie se degradait a mesure qu'on s'eloignait de Borneo". Excusez-moi, vous qui lisez cela, mais je ne comprend pas que, quand on se la raconte "routard de fou furieux", on puisse encore s'emouvoir a l'idee de manger un poulet au curry tiede qu'on a paye 1,5 euro. La phrase universelle, qui nous est tous passee par la tete a un moment donne de notre relation avec cette fille est uniquement "ta gueule...juste...ta gueule s'il te plait".

Le courant est par contre plutot bien passe avec l'anglaise, Gayle. C'est une plongeuse, une snorkelleuse, a un bon niveau et une bonne connaissance de la faune exotique marine que nous pouvons croiser (bien meilleure que moi). Nous foutants reciproquement de notre gueule entre rosbifs et frogs (gentilment hein!) on s'est sirote quelques bieres dans une bonne ambiance. Ouep, on s'est bien entendu !



Grace a Saskia, nous faisons la connaissance d'autres barooders solo, ce qui fait de nous un petit groupe, notamment d'anglais, de hollandais et un francais tout seul (moi), qui allons nous retrouver regulierement pendant quelques 3-4 jours pour bouffer ensemble le soir, et picoler gentiment dans notre repaire : le fameux Sama-Sama Reggae Bar, ou j'avais reussi a trainer tout le monde et a leur faire apprecier l'ambiance du lieu.

"How good and how pleasant it is for us to be here together within one unity"

Le Sama-Sama, c'est un peu le rendez-vous de ceux qui n'aiment pas David Guetta ou Lady Gaga. Le groupe local "Mellow Moon" y joue tous les soirs, pendant 4 heures (avec pause d'une heure) une setlist roots reggae tres similaire d'un jour sur l'autre, mais sait mettre une bonne ambiance. Mention speciale au clavieriste, coupe afro, qui est le meilleur pianiste que j'ai jamais vu dans un groupe de reggae. Essentiellement des reprises, on retrouvera enormement de chansons de Bob (les plus populaires, de One Love a Jamming...mais pas de Natural Mystic blowing through di air), du Alpha Blondi (Jerusalem surtout), et UB40 (une musique qui m'insupporte). Le groupe joue aussi deux de leur compos, dont notamment "Lombok Holidays", excellente,  et la plus touristique "Once Upon A Time In Gili Trawangan" qui vient cloturer chaque prestation scenique.



A cette endroit, toujours dans cette ambiance de fete, sur cette petite ile ou tu croises et recroises tout le monde, je rencontre Marcel, un hollandais. La petite trentaine...Il fait 2 metres, chauve, epais comme une allumette, et blanc comme la neige. On le voit arriver de loin car, des qu'il est bourre, il brandit un drapeau ethiopien de la meme taille que lui avec le lion imperial rasta, et saute partout avec sur les rythmes marleysiens. Il affirme que son pere vient d'Ethiopie (il n'a pas su me dire de qu'elle tribu), qu'il a donc Africa dans ses veines, et que du coup, bordel, le rasta c'est sa vie (qu'il t'affirme avec un verre de biere a la main).

Avec un peu d'alcool dans les veines, ce mec devient juste enorme ! Il ne peut parler autrement qu'en utilisant des incantations Nyabinghi (un ordre Rasta). Tranquille avec ta roteuse dans la main, le mec il arrive par derriere et te sort en gueulant d'une voix solennelle un redoutable :
"Respect and penitence for the Imperial Majesty Haile Selassiai The First, Lord Of Creation, Above All, Each and Everyone, Which will look after Earth, his children and the mother Nature from Zion. Jah Rastafari ! I'n'I never fearful. Yes I."

Et il en a plein d'autres comme cela. Et il nous fait bien marrer tellement il se prend au serieux.

Il ne danse pas sur du "reggae blanc" (parce que c'est pas "Irie", c'est plus "Babylone music" ), et pense que les dreadlocks devraient etre reserves au noirs ! Bon je suis pas tout a fait d'accord, mais merde ce mec est adorable, et il est juste gigantesque avec son drapeau ethiopien 24h/24 autour du cou.

Pour cloturer en beaute, sachez qu'a GT vous avez un cinema sur la plage, avec deux films recents (pirates) par soir. Gratuits. Vous avez juste a commander a boire ou a manger une fois, et vous pouvez vous vautrer sur des coussins et autres fatboys, a 10 metres de la mer, pour mater votre film tranquille. Si vous etes plus adepte de l'intimite, des petits bungalows sur la plage, equipes d'une TV, vous permettent de mater un film a 5 ou 6, vous filant un choix d'environ 400 films. Si vous preferez, on peux aussi vous brancher une console de jeux.

GT, vous voyez, ce fut cela. Des rencontres, diverses, variees, toutes differentes. Dans la bonne humeur, la rigolade, la liberte, la tolerance, l'intemporalite. Le tout sous les tropiques, sur des plages magnifiques, avec gens beaux et bons, et des poissons de toutes les couleurs. Grosses vibrations. J'y serais reste des semaines. Et ce n'est pas le fait de m'etre fait piquer une paire de tongs et un t-shirt,  au milieu d'une plage deserte pendant que j'explorais seul les fonds marins au Sud de Trawangan, qui me feront changer d'avis. GT, j'y reviendrais un de ces quatre.

Lorsque j'ai repris pied, huit jours avaient passe depuis mon arrivee. Le compte a rebours avant mon depart pour la Thailande avait commence : J-5. J'ai donc decide de prendre un bateau rapide, directement vers Amed, Nord-Est de Bali, le samedi 6 novembre, au matin.

J'ai donc laisse derriere moi toutes mes rencontres. La plupart du groupe de voyageurs rencontres a continue sa route vers l'Est : Lombok, Sumbawa, Flores...Et moi je suis reparti, solo, vers Bali a l'Ouest. Pour le coup, ca n'a pas ete evident pour le moral, car je savais que j'allais vers des contrees plus vides, et moins animees. Juste apres GT, c'est une petite claque.

Mais je commence a avoir l'habitude alors je pars sans me retourner a 11h le matin...et dans une heure, je serai a Bali... 

Peace, Love, Frenetic Vibes.

lundi 8 novembre 2010

Fire Is Everything




Yo a vous tous.
Ca fait franchement plaisir de lire vos commentaires et les retours positifs divers et varies que je peux recevoir !

Je commencerai par une simple constatation qui peut servir a d'autres : quand tu voyages seul, n'oublies pas que tu l'es, et ne compte sur personne d'autre que toi si tu veux vivre les aventures que tu souhaites. En particulier, ne fais pas de plan sur la comete avec des backpackers rencontres en chemin ou au detour d'un bar pas cher.

Je vous dis ca, la maintenant, car j'ai failli me faire avoir. J'avais en effet comme projet de monter sur un volcan. Bah oui, l'Indonesie c'est quand meme aussi l'autre pays du volcan. Alors vous pouvez me dire que je peux toujours aller en Auvergne, mais bon c'est moins pratique quand on est a Bali. Nan, ces volcans la sont des montagnes sacrees pour les locaux, capables de produire le Feu. Le Feu detruit tout sur son passage, mais la vie qui repousse derriere est encore plus luxuriante est magnifique, les terres plus fertiles. Ces proprietes et cette puissance sont sacrees et exigent le respect. Je voulais aller voir cela en vrai, une fois au moins avant de mourir.

Des volcans dans le coin, il y en a pas mal d'ailleurs, et mon idee initiale etait de monter le Gunung Batur ou Gunung Anung sur Bali. Jusqu'a ce qu'on me parle du Gunung Rinjani a Lombok, et qu'on m'en parle comme le plus beau volcan a voir sur l'archipel Indonesien.

Figurez-vous, que par une argumentation digne des plus grands VRP de France et de Navarre, j'avais reussi a convaincre mes compagnons de Nusa Lembongan que l'ascension, reputee difficile, du Rinjani etait un accomplissement necessaire dans leur avancee spirituelle dans la quete de la Sagesse Absolue et de la redemption la plus pure, bla bla bla. L'argument falacieux consistant a dire que monter sur un volcan sacre garantissait une fertilite des plus impressionantes a fini de les convaincre. Je devrais monter ma propre secte.

Enfin oui, mais pas vraiment en fait. J'avais reussi a "motiver" quatre personnes, de maniere a pouvoir charteriser la demande et ainsi obtenir des prix moindres. Mais, vous savez ce que c'est, le temps que les gens se decident, j'avais deja mis les voiles vers Ubud, poursuivant mon periple seul. J'avais tout de meme l'espoir qu'ils y reflechissent, et avait par ailleurs annonce une date : debut du trek le mercredi 27/10 au matin. Cela veut dire qu'il fallait etre au village de depart, nomme Senaru, le mardi soir.
Et lorsqu'on veut s'y prendre avec les transports les moins chers, partir de la cote Est de Bali pour atteindre Senaru, au Nord de Lombok, demande la journee de transport.

En toute logique donc, j'avais prevu d'etre a Pandangbai, port de depart des ferries balinais, le Lundi soir. Ce que je suis parvenu a faire (cf . episode precedent). Toujours sans nouvelles de mes compagnons eventuels, me voila a la date butoire contraint de faire le choix : attendre apres les autres (ca peut etre vraiment sympa pour le coup), ou foncer dans le tas (car je peux attendre longtemps).

Le mec du losmen que j'avais trouve pour la soiree me proposait un pack "trek Gunung Rinjani tout compris" avec un tour operator dont je n'avais evidemment jamais entendu parler.

Il se trouve qu'il y avait dans ce meme losmen (et c'etait justement un de ses arguments de vente) une nana "belge" toute seule qui venait d'acheter le pack, et qui ne demandais (fort bien amene) qu'a la presence d'un francais a ses cotes. Voyez, pour la proteger en cas de coulee de lave et tout.

"Attendre apres les autres ou foncer dans le tas" ? Qu'est-ce que vous imaginez  que j'ai fait ? J'ai fonce. Aller sur le Rinjani n'est pas une opportunite qui se representera tous les soirs apres le boulot. J'ai donc rencontre la "belge" annoncee par le mec, qui n'etait autre qu'une anglaise solitaire trentenaire bossant dans la finance. Allison elle s'appelle.
Bien sur, je signe le papier pour le pack complet toutes options du trek. Voila ce que ca donne :

- Transport depuis Padangbai (Bali), jusqu'a Senaru (Lombok).
- Premiere nuit a Senaru (dans un losmen).
- Les droits d'entree au parc naturel du Rinjani.
- Les 2,5 jours et 2 nuits de trek. Trois repas par jour. Eau purifiee.
- Materiel (tentes, matelas, duvets)
- Les porteurs (pour la cargaison de vivres) et le guide obligatoire.
- Le retour vers la destination de notre choix a Lombok.


J'ai eu le tout pour 1.7 millions de roupies, soit environ 120 euros. Raisonnable. Mais j'aurais pu encore gratter je pense.

Toujours est-il que je me retrouve avec Allison, l'anglo-belge, dans le ferry pour Lembar, Lombok. Cette fille n'est pas mon style, et puis je ne sais pas si elle attend que je la protege contre les attaques eventuelles de gambas sauvages pendant le trajet maritime, mais en tout cas je l'ai laisse faire ses affaires a bord, pendant que je m'occupais tranquillement des miennes.
A peine avais-je detourne le regard que mes yeux se posent sur Tom et Maries ! Mes deux compagnons de route flamands a Nusa Lembongan, dont j'attendais toujours des news pour monter le Rinjani.
Je vais vers eux et les engueule gentiment, tout en etant content de voir des visages connu (c'est assez rare en ce moment !) en annoncant que j'etais engage pour le trek.

Voyant le temps degeulasse qui se profilait au loin sur le Nord de Lombok, il se foutaient de ma gueule, Tom affirmant que c'etait une tres mauvaise idee vu les conditions meteo. L'ascension du Rinjani sous la pluie est reputee pour etre un veritable enfer de glissades, de boue, de froid, etc.  Il tombait en effet un vrai deluge sur Lombok, pendant la traversee...des rivieres de 30 cm de profondeur dans les rues...Pas tres jouasse j'etais, mais j'avais envie de faire ce truc-la, et je sais d'ailleurs comment le temps peut-etre changeant en montagne, en particulier a 3000 metres. La suite prouva que j'avais raison.

Lombok sous la pluie


J'ai donc passe la traversee (5 heures, chiottes pleine de blattes de 8 cm a eviter absolument) entre Pandangbai et Lembar, a tchatcher par terre avec mes potes de Lembongan, ainsi qu'une australienne a dreadlocks de 20 ans arrivant de Thailande et se rendant aux iles Gili, et enfin une suissesse allant a Kuta Lombok, spot de surf repute. Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'Allison pendant la traversee, toujours est-il qu'elle etait la a l'arrivee. Elle s'est donc tres bien defendue seule contre les attaques de crustaces, me suis-je dit.

A l'arrivee, elle et moi nous retrouvons dans un bus avec d'autres gens europeens. Un vrai charter. On nous balade tranquillement en remontant par la route vers le Nord, on depose des gens, et au final, quatre heures plus tard il n'y a plus qu'Allison, un couple franco-anglais et moi ! Il fait nuit a Senaru, et l'orage n'est pas loin. D'especes d'enormes hannetons, cons comme des balais a taper dans les murs et le cou des gens, foutent un bordel pas possible. Tiens, voila que le muezzin lance l'adhan (appel a la priere, 5 fois par jour). Et oui, apres un Bali indouiste, voila la vraie Indonesie : le plus grand pays musulman au monde.

Juste une petite remarque sur le muezzin, au demeurant tres sympatique chanteur. L'adhan d'avant de leve du soleil (vers les 4h30-5h) est parfois tres mal vecu, surtout lorsqu'il dure 25 minutes et que vous logez a 15 metres de la mosquee. On avait deja moults coqs gueulant comme des decerebres a toute heure du jour et de la nuit, et voila maintenant que certains muezzin sonnent tout a fait faux. Mais d'un faux a decoller la peinture des murs !

Je tombe sur un couple de danois prenant l'apero. Ils seront egalement mes compagnons lors du trek prevu le lendemain. Ils s'appelent Sane et Lars ("comme le batteur de MetallicA?"). Ils ont eux aussi la bonne trentaine tassee, et ils sont super sympa.



"J'ai la dalle", que je lance au depourvu a l'indo le plus proche, qui ne comprend rien mais qui se marre. Je n'avais rien bouffe de la journee, et les neuf heures de transport m'avaient creuse. Il y avait un petit warung dans le losmen ou nous devions passer la nuit. Je leur ai defonce le stock de pates pour le coup !

J'ai bouffe comme un sagouin donc, en compagnie de Allison, Sane et Lars, pendant que l'organisateur du trek nous faisait un briefing sur une grande carte nous expliquant les deux differentes manieres d'attaquer le volcan : la dure, et la tres dure (non, pas la "molle"). C'etait a nous de choisir. On a delibere pendant 10 bonnes minutes puis, comme "on est pas des petites fiottes", on a choisi le tres dur (qui etait neanmoins cense etre cool le dernier jour). Le mec nous explique que nous etions au total 7 touristes dans le groupe et que nous rencontrerions les trois manquants le lendemain avant de se mettre en marche.
Il nous averti egalement que le trek sur deux jours et demie est particulierement eprouvant, et qu'il existe un trek plus abordable physiquement (mais pas financierement) sur cinq jours.

Le Rinjani est un sacre gros volcan en fait. Haut lieu de pelerinage, il est sacre pour deux religions (la forme d'islam praquee par l'ethnie Sasak de Lombok, et l'indouisme balinais).  3726 metres d'altitude sur le sommet, rebord oriental du cratere. Ceci en fait le deuxieme plus haut volcan d'indonesie apres le Kerinci, a Sumatra. Repute le plus beau volcan du pays, son cratere et sa caldeira font environ 6-8 Km de diametre et 600 metres de profondeur, ce qui est assez gigantesque. La caldeira elle-meme (le fond du cratere) contient un lac aux couleurs de cobalt, nomme Danau Segara Anak ("Enfant de la mer", comme par hasard) ainsi qu'un cone secondaire impressionant, au milieu du lac, le Barujari, regulierement en activite. Pour ceux que la vulcanologie titille, il s'agit d'un volcan gris de type explosif. Autant vous dire qu'une eruption majeure de ce monstre incinererait la quasi-totalite de Lombok et ses habitants sous les nuees ardentes et autres coulees pyroclastiques, sans parler des bombes de taille impressionantes. Une evacuation complete de l'ile (3 millions d'habitants) est alors necessaire...en quelques minutes...

Respect donc. Meme si de memoire d'homme cela n'est jamais arrive.

Une bonne nuit de sommeil apres le briefing, et a 7h30 le lendemain nous etions pares avec nos bardas pour attaquer. La motivation aux taquets ! La possibilite de laisser quelques unes de nos affaires inutiles en bas a Senaru nous a permis d'alleger les sacs, laissant aux porteurs le soin de se coltiner toute la bouffe et le materiel de camping pour les 3 jours. J'avais tout de meme un petit poids sympa dans le dos, car je redoutais la fraicheur des temperatures en altitude. Je fais la connaissance de notre guide local : Suki, 28 ans, sympatique, le sourire anxieux du mec qui a la creve et qui n'a pas grande envie de repartir pour le sommet qu'il a deja gravi plusieurs centaines de fois.

Suki, moi.


Notre trek doit relier Sembalun, vallee voisine, jusqu'au retour sur Senaru via le volcan. Il nous fallait donc faire une heure de camion pour nous retrouver a l'entree du parc a Sembalun. Cette heure de cametard pourrave, sur cette route pourrave, au milieu des villages de montagne, la traversee d'un marche bonde de locaux nous devisageant comme des extra-terrestres, avec tout notre matos fut memorable. Je me rappelle que personne ne parlait durant le trajet, juste devisageait le volcan massif qui etait en face de nous, comme si chacun se preparait psychologiquement a en chier, a un prendre plein la gueule, comme si on allait tous au casse-pipe, comme si personne n'osait plus la ramener.

Lars (G) et Owain (D) et le cametard, au milieu du marche de je-ne-sais-ou, en route vers Sembalun

A Sembalun, on rencontre les trois trekkers manquants de notre groupe. Un couple d'anglais, Alex et Mike, deux jeunes fetards qui arrivent de deux semaines de picole dans les iles Gili, et Owain, un gallois voyageur solitaire quelque peu a l'ecart du reste de ses compatriotes europeens. Non seulement il ressemble a Jesus, mais en plus il est charpentier (par contre il n'a pas d'attirance particuliere pour les jeunes enfants). Aussi n'a-t-il cependant pas su nous transformer la flotte en biere fraiche en fin de journee. Regrettable.
Le temps de signer le registre "je-suis-sur-le-volcan-venez-me-sauver-et-appelez-ma-famille" a l'entree du parc, et nous voila partis.

Jour 1 ("tatataaaa")

Le but de cette premiere journee, environ 6 heures de marche, est d'atteindre le rebord du cratere afin d'y passer la nuit. Les pluies etant regulieres et fortes, nous avions tous notre version du poncho foireux afin de pouvoir sauver des fringues de la mouille. Au dessus de nous, les nuages n'etais pas loin mais le soleil percait encore et les deux premieres heures avant le repas du midi furent realisees en plein cagnard, par une trentaine de degres. Heureusement, le debut du trajet etait relativement simple, un espece d'echauffement. Les choses serieuses allaient commencer dans l'aprem.

Et pour cause. La pente etait parfois si raide qu'il fallait utiliser les mains. Nous nous enfoncions, toujours sans pluie, dans les nuages, ce qui rafraichissait tranquillement la temperature et me faisait suer comme un veau. Le silence de montagne s'installe, sourd, et la visibilite se reduit a quelques dizaine de metre. Silence, ponctue par un "ouuuh Yallah" d'un porteur qui en chie.

Les porteurs sont impressionants. Les vrais sherpas. Ils portent deux paquets a chaque extremite d'un gros bambou de1,5m qu'ils placent sur l'epaule. Ils sont quatre et portent materiel et vivres pour un total de douze personnes (guide, trekkers, eux-meme) pour 3 jours. En debut de trek, ils ont donc chacun une trentaine de kilos sur l'epaule...Ils ne parlent pas anglais, alors ils rigolent, discutent entre eux, et montent. Et ils montent vite. Bien plus vite que n'importe lequel des trekkers. Et vous voulez savoir la meilleure ? Ils sont en tongs, puisque c'est le seul soulier abordable du coin.
Ils arrivent donc une demie-heure avant tout le monde au camps, juste assez de temps pour couper du bois, faire le feu, commencer a faire a bouffer pour tout le monde, monter les tentes et derouler les duvets. T'arrives, le repas est presque pret, t'as rien a faire. Et ca ne sert a rien de vouloir les aider, tu les genes plus qu'autre chose.
Ils n'arretent pas : paqueter, desempaqueter, couper du bois, faire la popotte, la vaisselle, le ptit dej', etc. Et toi tu les regardes sans savoir ou te mettre. Ils sont toujours de bonne humeur, toujours super souriants, serviables comme pas deux.
Ils sont jeunes (16-22 ans) et ils font ca presque tous les jours de leur vie, pour un salaire mensuel d'une cinquantaine d'euros. Aussi leur esperance d'atteindre un jour les 60 ans en est tout bonnement inexistante.



Apres donc toute la journee de marche bien raide, sans pluie, ce qui est assez etonnant, meme pour le guide : la recompense ! Le bord du cratere ! Il est environ 17h, le soleil descend lentement sur le cote oppose et la vu sur l'interieur du volcan, a quelques centaines de metres en contre-bas, est a couper le souffle. D'autres groupes de trekkers avec leur guide sont aussi dans le coin, ce qui fait une petite trentaine de personne sur le bivouac. Tous les porteurs s'affairent de leur cote a faire la bouffe et monter le camps, pendant que nous prenons photos et ne cessons de nous extasier sur ce trou beant, et surtout sur le coucher de soleil de plus en plus beau a mesure que les minutes s'ecoulent. Nous apercevons meme, sortant des nuages, le Gunung Agung, point culminant de Bali, a 80 Km de la.

Seul ombre au tableau, le coin est degeulasse. N'importe qui (et les locaux les premiers, Lombok est crade aussi) jete ses detritus dans la montagne, et il y a des coins qui sont de vraies decharge a ciel ouvert, sur les flancs meme du volcan. Une vraie honte. Mais le concept d'ecologie n'est pas de leur priorite actuelle, et cela je peux le comprendre, malheureusement.

Bref ! Attires par l'odeur de bouffe, des bandes entieres de singes gris et de chiens sauvages se mettent a trainer autour du bivouac, arrivant a choper 2-3 trucs par-ci par-la. Il faut dire que, malgre les moyens limites et la marche de la journee, les porteurs nous preparent des plats supers bons. Bouffe locale, simple vu le contexte certes, mais on se regale. Poulet, carottes, riz, legumes en tout genre, epices de folies... Personnellement on m'aurait donne un rat creve je le bouffais aussi, vu les heures de marche dans les guiboles.

Les guiboles. Parlons-en, de celles-la. Tout le monde avait mal au jambes, et la sceance d'etirement de vingt minutes que j'ai entreprie en arrivant m'a sauve quelques souffrances le lendemain.



Le vent s'est mis a souffler des que le soleil fut couche. Une belle brise thermique venant du Nord. Il ne faisait deja pas chaud avant et j'avais fais peter pantalon et sweat-shirt dare-dare (environ 15-20 degres). Mais quand le vent s'est mis a souffler, le thermometre passait doucement sous les 15 degres...Puis on est passe de la brise a la bourrasque...pas loin de 100 km/h de vent froid se sont mis a balayer les sommets et le bord de cratere. Nous nous les pelions severe.
Le mec qui m'avait vendu le trek a l'origine m'avait promis de l'equipement individuel contre le froid (blouson, gants, bonnet a ponpon) : que dalle ! Il fallait donc mettre plusieurs couches : j'ai mis les deux t-shirt et les deux sweats qui representaient mon seul equipement pour lutter contre ces conditions. Evidemment c'est tres limite.

Le vent, qui faisait plier bizarrement nos tentes tellement il etait fort (mais c'etait marrant quand on savait que quelqu'un tentait de pioncer a l'interieur) avait l'avantage de degager completement le ciel de tout nuage. Le guide nous a repete que le ciel etait d'habitude toujours couvert la nuit et que nous avions beaucoup de chance. Je n'ai jamais vu un ciel comme cela. Jamais je n'avais aussi longtemps scrute le ciel d'hemisphere Sud. Jamais dans ma vie de je n'ai vu autant d'etoiles et pu observer la voie lactee si distinctement. Une chance de cornard ! Une tuerie pure et simple ! Un regal ! Des millions de soleils...et la Lune...gibbeuse decroissante, qui eclairait le bivouac comme un plein jour.

Par contre on se les gelait. Et il fallait se coucher tot car le reveil allait se faire aux alentour de 2h30 - 3h00, afin d'attaquer le sommet et y etre pour le lever de soleil. Bien evidemment, les duvets sont trop petits et/ou trop fins. Je partage ma tente avec Allison et Owain...on dort habille avec nos 25 couches et on continue de se les geler. Je suis peut-etre un des seuls trekkers qui ai pu trouver un peu sommeil malgre le froid, le sol dur et le vent qui forcissait sur la toile. Par un peu, j'entend peut-etre une heure de vrai sommeil. J'avais un mauvais presentiment la-dessus. Le bivouac etait a 2700 metres d'altitudes, et on ne deconne pas avec la meteo et le froid lorsqu'on dort si haut.

Jour 2 ("The judgement day")

Le lendemain etait donc le deuxieme jour de trek, et le plus eprouvant puisque 11 heures de marche nous attendaient, avec depart a 3h du matin et des bananes. Le reveil, pas trop difficile vu le froid, a vu notre guide faire la gueule quand a la perspective d'atteindre le sommet. Le vent glacial etait toujours tres fort, et l'attaque de la crete vers le sommet, de nuit, avec un vent lateral nous poussant vers les 500 metres de vide sur notre droite rendaient l'entreprise risquee. J'etais du meme avis, mais je voulais la tenter quand meme, en esperant que le vent baisse avec les premieres lueurs de soleil vers 5h, au moment ou les endoits les plus delicats sont a passer. Et puis, d'autres cordees avaient deja commence l'ascension et avaient facilement une demie-heure d'avance sur nous (je pouvais voir leur lampes-torche dans la masse sombre de la montagne).

On est donc partis vers le sommet avec nos lampes. J'etais personnellement equipe d'une pauvre lampe LED a dynamo avec marque GDF dessus, que j'ai piquee au salon emploi-technologie a Toulouse il y a presque un an. Et toujours deux t-shirt deux sweat. Et mon keffieh pour proteger ma gorge fragile (oooooh). Et mon sac que j'avais charge de flotte pour avoir plus chaud en le portant. Pas de l'equipement de furieux donc.

Apres deux heures d'ascension (une restante pour atteindre le sommet), ciel toujours clair, le vent ne baissait pas, et il faisait de plus en plus froid en grimpant. Nous frisions maintenant avec les 2-3 degres. La moitie du groupe, congele, (dont le guide a moitie malade) a fait demie-tour vers le bivouac. J'ai continue avec Owain et les danois. La derniere heure d'attaque du sommet est particulierement eprouvante car il s'agit de cendres. C'est comme si vous escaladiez, pendant une heure, un tas de graviers super legers. La progression est lente, et chaque pas en avant recule toujours...

Redescente du sommet - 28/10/10 - 06h - Derriere moi la caldeira
"Gunung Rinjani m'a tuer"

Le froid m'a fait renoncer a 1h du sommet. Oui vous etes decus, moi aussi je l'ai ete. Ca m'a meme dechire de devoir faire demi-tour. Mais je tremblais comme une feuille, tentant de gagner quelques calories en bouffant des gateaux aperitifs, seul a l'abri d'un rocher, utilisant mon poncho foireux comme pseudo coupe-vent. J'etais, sans equipement, les mains dans le froc pour les tenir au chaud, a 3500 metres d'altitude, par 100 km/h de vent, sur une crete exposee au bord d'un gros trou. Des imprudents meurent regulierement sur le Rinjani. A un moment donne il faut arreter d'etre con.




Les trois autres etaient equipes par contre, ils ont pu y arriver. Moi je suis redescendu seul, transi. J'ai pu quand meme, pendant ma descente, profiter du magnifique lever de soleil (malgre une vue plus obstruee que si j'avais ete au sommet) et prendre quelques cliches. L'Agung balinais etait encore visible, et l'ombre du Rinjani s'etendait loin sur la brume matinale vers l'Ouest. La grande ile de Sumbawa, a l'Est etait egalement visible...

Retour au bivouac vers 6h30, ou les porteurs m'ont prepare des pancakes de banane et un the chaud. Je les aurais embrasse. Le sommet est rate, mais la journee est encore longue, et beaucoup de choses restent a voir. Descente prevue dans le cratere, dans la matinee. Le temps d'attendre que les trois trekkers restants redescendent du sommet vers le bivouac, dejeunent, et nous nous remettons en route vers 8h30.

Le cratere est rempli de brume matinale, et la descente (2 heures 30 encore) est humide, raide et dangereuse. Je prefere de loin monter une montagne que la descendre. La descente raide de chemins en escaliers de rochers demande une grande concentration, et n'est qu'une succession de percussions mauvaises pour les genoux et les chevilles. Surtout quand vous n'avez pas les chaussures qu'il faut. J'ai une tres bonne paire de chaussure (des Meriell, une excellente marque allemande), mais qui ne sont pas montantes. Je n'ai pas eu une seule ampoule mais mes chevilles ont severement morfle.

Autre recompense a l'arrivee : de verdoyantes collines pleines de hautes herbes donnant sur quelques sapins improbable au bord d'un lac bleu turquoise/gris/pourpre/violet (un peu psychedelique comme lac), et ces grandes falaises formant le rebord du cratere. Epoustouflant. Deuxieme recompense, la plus attendue : les sources chaudes, pas loin du lac.



Quarante degres de bonheur sulfure et de detente des guiboles (qui commencent a couiner) pendant une demie-heure seulement. Plusieurs bassins disponibles, de 20 a 90 degres (ce dernier etant a eviter pour autre chose que la cuisson d'oeufs durs).

Autant vous dire que ca a fait plizir. Retour ensuite vers le bord du lac ou les porteur nous on prepare le dejeuner. Il est midi et nous sommes debout depuis 8 bonnes heures, dont la quasi totalite a marcher. Apres le repas, la tendance est donc a la sieste...mais le guide veille au grain. "Si je vous laisse dormir maintenant, vous serez des feignasses". Et il n'avait pas tord.

L'apres-midi serait consacree a la remontee du cratere, du cote oppose d'ou nous l'avions descendu. Apres une demie-heure a contourner le lac de la caldeira, la montee elle-meme etant d'environ de trois heures de grimpe tres abrupte (la plus dure a realiser depuis le debut, en plein cagnard, un vrai calvaire mais nous avons une chances enorme d'avoir beau temps) fut suivi par une "pause biscuits/photo" sur le rebord du cratere.

Vue de la caldeira vers l'Est

Moi, Mike, Alex, Allison, Sane, Lars (Owain est absent).


Puis nous avons entame la redescente vers Senaru. Le temps de trajet vers le village etant d'environ 6 heures de marche a partir du bord de cratere, nous avons juste marche une heure trente afin d'arriver au second bivouac, sur les pentes Nord-Nord-Ouest du Rinjani, afin de passer la nuit a la frontiere ou l'environnement caillouteux et aride montagnard fait place a une jungle epaisse (protegee).

Le soulagement a l'idee de pouvoir enfin se reposer, manger et dormir est indescriptible. Etirements des jambes. Aie.
Les porteurs font un feu de joie, ce qui permet de rechauffer les coeurs et d'eloigner les singes un peu trop nombreux et insistants. Mais ce feu est vite eteint car la premiere pluie du trek commence a nous tomber dessus aux environs de 19h (nuit noire). C'est sous un benong (paillote locale) que nous terminons notre repas. A 19h30-20h, tout le monde etait couche et, bien que je sois le dernier de tous les trekkers a le faire (j'essayer de communiquer avec les porteurs apres le repas, ainsi qu'avec deux militaires francais de Djibouti, avec qui j'ai eu moins de mal...), j'ai ecrase severe dans les premieres minutes ou ma tete etait posee. Le sommeil du juste.

Reveil, jour 3. Un compagnon rend visite.



Jour 3 ("Achilles' Failure")


"Wake up everrrrybodyy. Good morrrrning !".La voix de Suki, le guide. 6h30 du mat'. Apres une petite douzaine d'heures de sommeil, c'est dur. Je me leve, boucle mon barda et les jambes me font mal. Il fait encore un peu frais (mais rien de comparable avec l'ascension du sommet de la veille). En revanche la jungle epaisse concentre une humidite hors du commun.


Un petit dej' rapide et nous nous mettons en marche, pour quatre grosses heures de descente a travers la jungle. Descente, non abrute, mais faitguante : plus de cailloux a eviter, nous sommes desormais sur une piste de boue serpentee par des racines nombreuses, epaisses et glissantes. La densite de la jungle est un bonheur...les singes, quinze metres plus haut, nous suivent d'arbre en arbre en nous gueulant dessus.


Je n'aime pas la descente. Des la premiere minute de cette troisieme journee, je savais que j'allais souffrir pendant toute la duree jusqu'a Senaru. La partie basse de mon mollet gauche, ainsi que la liaison de ce dernier au pied (qu'on appelle courament tendon d'Achille) me font terriblement souffrir. Je suis donc oblige de changer ma tactique de descente et d'absorption des chocs, en reportant le tout sur les genoux et les cuisses (qui ont aussi leur kilometrage depuis 48h).


Je traine la patte et rapidement me retrouve a fermer la marche du groupe de trekkers, dans l'obligation de faire de nombreuses pauses afin de soulager un peu la douleur et de reposer mes jambes qui commencent a trembler. Quelques heures plus tard, toujours descendant dans cette jungle qui n'en finissait plus, sur ce volcan qui n'en finissait plus de descendre, mes guiboles et mes genoux, plus sollicites qu'a l'accoutumee vu que mon pied gauche etait inefficace, avaient peine a supporter mon propre poids.


C'est donc fatigue et boiteux que je suis arrive a Senaru apres environ 25 heures de marche (et je me suis meme demerde pour faire partie des premiers), le sourire aux levres quand meme ! Car l'experience fut enorme.

J'en reviens donc a la petite morale que j'avais au debut. Car les jours precedents et les jours suivants mon trek ont vu des conditions meteorologiques empechant toute ascension meme jusqu'au cratere du Rinjani. La saison des pluies etant maintenant installee, le volcan risque d'etre ferme a tout trek dans les trois semaines a venir, et ce jusqu'en Avril.


Je n'aurais jamais vecu cela si j'avais attendu, ne serait-ce qu'un jour de plus, mes "amis" rencontres a Nusa Lembongan....et je n'aurais jamais ecris cela. Et je n'aurais pas rencontre la personne qui est a cote de moi dans le cyber cafe presentement et dont la langue me parait etre le russe.

Vous me direz avec des "si"....evidemment. Voila donc un des avantages de voyager seul : on ne s'encombre pas de la latence inherente a la prise de decision des autres. Et au final, on fait ce qu'on veut, et uniquement cela.

Mais je m'egare...

Le temps donc, de revenir a l'hotel, de repaqueter tout mon barda (toute ma vie quoi), de prendre une douche, et il etait environ 14h. Rappelez-vous que j'avais le droit au trajet sur une destination de mon choix, apres le trek.

J'ai choisi (comme Alex, Mike et Allison) l'archipel des minuscules Iles Gilis (Nord-Ouest de Lombok), et en particulier Gili Trawangan, reputee paradisiaque aussi bien que festive. Lieu de rendez-vous de tous les backpackers parcourant un jour l'Indonesie, et ce depuis les premiers routards hippies des 60's.


Ce que j'y ai trouve la-bas est (encore) une des experiences les plus enormes qui me soient arrives depuis le debut de ce voyage...


Je vous raconte ca au prochain post. Desole pour la longueur de celui-ci, mais il est difficile de vous faire partager ces choses sans y mettre quelques anecdotes croustillantes et quelques feelings et pensees (et jugements hatifs, niark niark) personnels.


Continuez de poster des comments. Vous etes BONS.


Peace, Love, Aperitif.







lundi 1 novembre 2010

Run To The Hills

The real path has no plan.
Selamat sore a tous et merci toujours pour les retours.

Alors si je ne m'abuse la derniere aventure se terminait par mon depart de Lembongan. De retour par bateau vers Sanur, Bali (toujours le meme, le public pas cher). Je descend de l'esquif et me voila de nouveau aux griffes de divers chauffeurs et hebergeurs balinais. Les retrouver n'est pas un plaisir...le role du portefeuille ambulant etant tres loin de mes veleites de voyageur. Mais enfin, faisons avec puisque de toute facon ils restent sympas et souriants.

Mon but etant de bouger vers Ubud. Je chope un taxi, une demi-heure, 100 000 roupies (8 euros). Une belle "enculade" si vous me permettez l'expression. Toujours est-il que je me retrouve a Ubud, ville tres touristique, mais pas du niveau de Kuta (et pas pour les meme choses). J'esquive les marchants d'arnaque pour trouver moi meme un petit losmen sympa, et pas cher (75K la nuit, ptit'dej inclus), le Donald Homestay. Alors la pour le coup c'est une vraie pension de famille, puisque on se retrouve au milieu de la maison avec poules et chiens. En plus, le jardin est magnifique, d'une luxuriance qui rameute meme les moustiques en nombre !

Petite vue de ma terasse en me levant le matin (Ubud).

A Ubud, on est deja un peu dans les terres, et quelque peu en altitude. Il fait plus frais, et la pluie y est plus abondante, surtout a cette periode de l'annee.L'humidite est toujours bien presente. Mais ca reste tres correcte et c'est loin d'etre desagreable.

A peine mon sac lache sur la terrasse j'entend un "francais ?", venant de la part des deux gaziers de la piaule d'en face, qui etaient a l'apero. Antonin et Yohann, deux rouennais pour le coup. Ca ne m'a pas depayse vous vous en doutez et ils m'ont montre le bon coin Internet ainsi que le bon warung "a pas cher, a bonne bouffe".

Ubud est plein de femmes "d'un certain age" cherchant a revivre l'histoire de l'heroine de "Mange, Prie, Aime" (Eat, Pray, Love, dont l'adaptation cinema inclus Julia Roberts parait-il) le best-seller de je ne sais quelle auteure. En gros c'est un bouquin de type "retrouve-toi en tant que femme", racontant une americaine quittant tout de sa vie washingtonienne pour aller manger en Italie, prier en Inde et aimer a Bali (a Ubud plus precisement). Voila. Fou non ?
Alors parait-il qu'elle rencontre un riche bresilien du nom de Fabio ou Ze Pequenho je ne sais plus, et qu'il la defouraille pendant 3 mois non-stop, a tel point que la pauvre n'en sort plus de sa chambre. Voila. Et vous avez, dans le monde reel, toutes ces bonnes femmes en quete du fameux Juanito (ou Hernando je ne sais plus).

Le nombre de locaux balinais qui se sont alors reconvertis en gigolos pour faire plaisir a ces donzelles est pratiquement alarmant (et leur coiffure, souvent de type "mulet", rivalise -presque- avec Chuck Norris pendant l'age d'or, moustache exclue). Ils sont en quete de fric, voire d'une relation durable pour emigrer en occident...

A part ca, que faire a Ubud ? Beaucoup de galeries d'art, de vendeurs de peinture (artistique, pas de pots), des sculpteurs sur bois. Des spectacles de danse balinaise et de theatre traditionnel ont aussi regulierement lieu, mais sont pris d'assaut par les touristes (nombreux, je le repete).Pour ma part je ne suis pas tres sensible a ces formes d'art (hormis le theatre, et comme c'est en langue locale, et que ca m'a l'air moins drole qu'une piece de Racine..), je me suis abstenu.

Mon premier jour a Ubud s'est donc resume a faire un tour au grand marche de la ville, non loin du losmen, et de faire la Monkey Forest. Alors la Monkey Forest, non loin du centre-ville, est une attraction touristique de premier ordre dans le coin.Tu payes pour entrer, tu re-payes pour acheter un regime de bananes, et on te lache au milieu d'un parc peuple de singes gris, habitues a la presence de l'homme et prets a tout pour choper a bouffer. Mon regime de bananes a dure en tout et pour tout 5 minutes tant  les machins sont agressifs. C'est sympa quand meme, mails il y a moyen de voire des singes de maniere plus sauvage (bien que c'etait encore pour moi la premiere fois que je voyais ceux-la). Il y a un petit temple et un petit sanctuaire au milieu, assez jolis je dirais. Juste le temps de me faire bouffer les bananes, de prendre quelque photos, ainsi qu'un petit documentaire video Ushuaia Nature sur un singe tentant de peler une canette, je reprenait ma becane fraichement louee pour rentrer a la piaule. Nous sommes le Vendredi 23/10.


Le but en effet, au fond de ma petite tete, etait d'utiliser Ubud comme base de location de la moto, et de rayonner autour, les temples (tres, tres nombreux) et les montagnes du centre.

Mais tout cela aurait ete simplement leger si je n'avais pas eu des galeres de fric. La non-presence de distributeur de billet a Nusa Lembongan m'avait pousse a depenser tout le cash disponible dans mon barda avant d'arriver a Ubud. C'est avec 50 000 rp en poche (4 euros et des bananes) que je me suis rendu compte que ma carte bancaire ne marchait plus dans aucun distributeur de la ville. "Et galere, et merde, oh merde". Ayant deja croise quelques voyageurs qui se sont fait avaler la leur (de carte) et detruire, je n'avais pas envie d'etre trop insistant sur les DAB (ATM en anglais).
La, c'est un peu moins marrant de voyager seul pour le coup ! Meme pas de quoi payer l'hotel pour le soir, juste de quoi me faire un bon repas avant de devoir commencer a faire la manche. Coup de fil en France, coup de fil a VISA...a priori il n'y a pas de probleme. Toujours est-il que ma carte ne marche toujours pas, et pas de Western Union possible vu que c'est le week-end (hop, une reference culturelle au passage).Je commencais a serieusement l'avoir mauvaise, le numero de l'antenne secondaire du consulat de France a Bali (qui doit etre ouverte de 9h30 a 11h, 3 jours par semaine) dans ma main febrile, en dernier recours.
Au final, par l'operation du Saint-Esprit (ou le redemarrage des serveurs bancaires), la carte c'est mise a marcher a nouveau. Va comprendre. Apres plusieurs heures de stress, je parvenais finalement a retirer assez de flouze pour avoir une marge de plusieurs jours. Ouf !

Ce probleme etant regle, le lendemain matin, motive comme tout, je decide de rouler 18 km vers le Nord pour aller au temple Gunung Kawi, situe dans le village de Tampaksiring.

Le sarong est toujours elegant pour les soirees.

Voyager en becane sur les routes balinaises est une experience en elle-meme. Les panneaux sont quasi-inexistants, les points de repaires tres differents, tout a l'air de se ressembler pour nous europeens. Tous les voyageurs se sont un jour paumes, et a plusieurs reprises d'ailleurs. Il est donc necessaire de s'arreter demander pratiquement a chaque croisement qui represente un doute (huit sur dix). A mesure qu'on s'eloigne des centres touristiques habituels, on tombe sur des gens qui ne parlent plus anglais, et qui vous devisagent comme si vous atterrissiez d'une autre planete.

"Un homme blanc sur sa monture d'acier et ses lunettes Ray-Ban contrefaites s'est arrete ce matin pour demander sa route".

Equipe d'une carte et d'un compas qui ne me quittent plus, je leur demande la route, et avant tout, je leur demande ou je suis. La plupart des gens que j'ai croise ne savaient pas lire une carte ou se positionner dessus...une vraie galere. Dans ce cas la, la seule solution consiste a leur demander la prochaine ville souhaitee, de les laissez vous montrer du doigt, de leur faire un sourire suivi d'un terima kasih (merki!) avant de mettre les gaz jusqu'aux prochains, 1 Km plus loin.

Et on progresse ainsi, petit a petit, vers sa destination.Presque deux heures pour faire 18 bornes...Les distances ici ne se comptent pas en kilometres mais bien en temps. Les routes sont tellements foireuses, le trafic peut etre important par endroits, on se paume plus facilement qu'il ne faut pour le dire, la pluie peut surgir egalement...
Ah, et il faut bien faire de l'essence de temps a autres. Les routes balinaises regorgent de magasins qui presentent en bord de route des anciennes bouteilles d'Absolut Vodka reconverties en jericans. Ils les vendent un tout petit peu plus chere que les stations services gouvernementales plus rares (oui, ici aussi, l'Etat a le monopole de la pompe). Mais enfin, c'est 5000 Rp/Litre (0.6 euro) contre 4500 Rp...autant donc filer a bouffer a une famille qui en a besoin. Bon, j'y allais a coup de 2 litres, mais c'est toujours ca !

Me voila donc au temple sus-nomme, seul comme souvent (il est encore tot). Je rentre, met le sarong (bout de tissus que tu mets autour de la taille comme un serviette de bain) obligatoire, me mets de l'eau benite sur les cheveux et vais voir de quoi il retourne. On a la un vieux temple dont certaines scuptures dans la pierre doivent remonter a tres lontemps (avant JC certainement)...quand on sait qu'il y a quelque decenies ces trucs etaient enfouis au fond d'une jungle epaisse, on se prend quelques scenes d'Indiana Jones dans la tete :)
Je profite de la serenite de l'endroit et d'etre seul pour m'assoir sous un bali benong ("petite maison pour se relaxer" en balinais, c'est une sorte de petite cabane de bambou, sans mur et sur pilotis, ou les indos se rassemblent  pour ne rien faire et discuter en fumant leurs traditionnelles cigarettes aux clous de girofle) et reflechir un peu au sens de la vie...



En remontant le grand escalier au milieu d'une faille dans la roche, borde par plein de marchants guettant le touriste, je tombe sur Wayan, un vieux sculpteur de bois. Il devine de suite que je suis francais. Et il veut que je lui achete un crane de vache. "Je n'ai pas la place dans mon sac pour ton crane de vache", que je lui sors. Il rigole de toutes ses dents (enfin, de sa dent). Je m'assois un peu avec lui et nous discutons chacun de notre vie pendant une demie-heure. Il n'a jamais vu le reste de Bali, ni aucun autre endroit, pas assez d'argent. "bad business, bankrouuut !". Une petite discussion comme tant d'autres mais encore un enrichissement personnel. Ca n'arrete plus !



Retour vers Ubud pour recuperer tout mon barda, et direction les montagnes, au Nord. Le plan etait de passer 2 ou 3 jours la-haut dans les petits villages avant d'entamer le mouvement vers Lombok. Je sais par experience que le changement climatique provoque par la Montagne peut etre flagrant, j'achete donc une cape de pluie (une merde infame de type poncho trouvee au marche d'Ubud). Je decide de me diriger vers le village d'altitude de Candikuning (~1200 m), a une cinquantaine de kilometre au Nord (compter 3-4 heures).
Je galere une fois de plus pour trouver la route principale menant vers Candikuning mais c'est finalement bon. Le ciel noir en face de moi me fait craindre le pire...et deja quelques gouttes se mettent a tomber.

Je mets la cape, confiant, et recouvre aussi mon backpack dans lequel j'ai a peu pres toute ma vie actuelle.

J'ai pris, pendant les deux heures qui ont suivi, la pire saucee que j'avais vu dans ma vie. Des trombes de flotte, et moi sur ma becane galerant pour y voir, sentant que la poncho se dechirait et que finalement j'allais finir completement trempe. Je me suis bien arrete, pensant que ca n'allait pas durer. Mais non, j'ai du repartir sous le deluge, degoulinant, ayant froid (mouille en becane quand il commence a faire des temperatures d'altitude comme 10-15 degres, c'est pas la joie). Je me parle a moi-meme dans le casque "putain, la t'as deconne...vraiment tu deconnes". C'etait dangereux. Bien sur, trop avance pour faire demi-tour : il faut aller jusqu'au bout, et se grouiller pour esperer choper un losmen.

Et lorsque tu demandes a quelle distance se trouve Candikuning, le mec te repond "4 km". OK. Tu roule 10 minutes et tu repose la question. "4 Km". Arf ! Et moi trempe me les gelant sur ma mopette ! Je ne rigolais plus trop pour le coup !

J'arrive finalement dans Candikuning, en plein brouillard, mais au moins il ne pleut plus. Je trouve un losmen miteux (mais avec une douche chaude, ce qui m'a fait un bien fou). Ce village est tout petit, ils ne parlent pas anglais pour la plupart et ne sont pas habitue a croiser des touristes. Le losmen que j'ai trouve, via le Lonely, est surtout fait pour accueillir des touristes balinais ou indos. Or on est pas en saison, il est donc quasiment vide...cette fois-ci c'est d'avantage Shining qui me vient a l'esprit. Le patron est un espece d'energumene tout moche, soixantaine cheveux longs, se baladant avec un t-shirt + jeans moulant rouge vif-delave. Comment vous dire...un genre de mix entre Beetlejuice, Iggy Pop et Darry Cowl. M'enfin il m'offre un the chaud a mon arrive.
Je suis bien sur completement mouille et gele, mes grolles sont pleines de flotte (en revanche le contenu du sac fut epargne). Il regne une humidite ici superieure a 100%, et en plus ca pele ! Rien ne va secher par ici, a moins qu'il fasse soleil le lendemain. Seule solution que j'ai trouvee : dormir sur mes fringues mouillees (c'est bien mais pas top, et ca marche a moitie).

Vers 20h le soir, il fait deja nuit depuis longtemps. Je decide de m'aventurer vers le centre du village, afin de me trouver un truc a manger. Il fait toujours pas beau, et la temperature reste des plus fraiches ! Le marche du village est encore actif en nocturne. La specialite du coin : des fraises (0.5 euros le Kg) un peu acides mais pas degeu. A vrai dire, on est ici dans la region qui sert de verger pour toute l'ile. Le climat y est tel que tout parvient a pousser aisement, des laitues aux citrons verts, ainsi que les succulentes tomates locales ! D'ailleurs, le jardin du losmen dans lequel je loge est impressionnant de luxuriance !



Je rentre dans un petit warung pas cher. J'apercois deux mecs occidentaux (je n'en avait pas croise de la journee !) et m'approche d'eux. Ils sont francais. Encore. Les francais sont les touristes les plus nombreux en Thailande, a Java, a Bali...on en croise partout, tout le temps, certains voyageant seul, d'autre non. Mais cela devient assez fatiguant car on n'est pas a l'autre bout du monde pour se retrouver avec necessairement des "compatriotes" et discuter politique, de reforme des retraites et des greves en France. En general ce genre de compadres, je les evite. Les francais que j'ai croise ont tous ete bien sympa et dans un bon esprit, alors rendons leur hommage tout de meme. Et puis c'est bon signe de voir que beaucoup de francais voyagent en routards !

Pour vous dire le truc, la seule autre chambre occupee de mon hotel etait egalement un couple de francais. Les cinq uniques occidentaux presents ce soir la a Candikuning (village de montagne bien paume, rappelons-le) etaient, par hasard, tous francais.

Le village est enclave pres d'un lac, entre plusieurs volcans. Je ne peux pas vous parler du lac, ni des montagnes alentours vu l'epaisseur du brouillard et mon arrivee tardive. Je comptais bien evidement sur le lendemain pour poursuivre mon exploration de la region, et pousser vers l'autre village de Munduk (repute un des plus beaux et typiques villages de montagne de l'ile) pour passer la nuit suivante.

Le lendemain leve a 6h30. Malheuresement, il fait toujours aussi humide et frais. Le temps est egalement toujours aussi pourri, des seaux d'eau tombant de ciel et, tel que je l'avais prevu dans mon pire scenario, aucune de mes affaires n'a seche (celles sur lesquelles j'ai dormi ne sont au moins plus gorgees de flotte, mais simplement 'humides'). La perspective de rester coince a Candikuning pour la journee ainsi que la nuit suivante ne m'enchentant pas beaucoup plus que de devoir me remettre sous le deluge avec la moto, un retour vers Ubud redevient donc envisageable plutot que de poursuivre dans les montagnes ou le climat a l'air tres pluvieux, surtout en cette periode de l'annee. Ils ne doivent pas beaucoup voir le soleil en saison des pluies ici.

La nature veritablement bouchee du plafond nuageux ne semblait pas de bonne augure pour la suite de ma journee. Je decide de patienter tranquillement pour voire comment cela evolue. La patience est mere de toutes les vertues parait-il, mais la pour le coup c'est foire ! Apres 3h d'attente sur la terrasse de ma piaule a regarder inlassablement la pluie tomber, je decide d'abandonner l'exploration des montagnes pour cause de conditions meteo defavorable et d'entamer un retour vers Ubud. Une heure de plus a attendre a ete necessaire a trouver une fenetre meteo permettant de reprendre la moto et de foutre le camps !

La montagne a vaincu cette fois-ci.  
Je reviendrai.

Retour a Ubud en fin de matinee, je retourne au meme losmen (ou je retrouve les deux francais) et me tape deux temples dans l'aprem. Celui de la Grotte de l'Elephant est sympa pour la nature qui l'enveloppe. La grotte en elle-meme, bien que sacree pour les balinais, est un trou sans aucun interet de 10 metres de long creuse dans la roche. Voila. Alors vous pouvez, si vous le souhaitez, louer les services des nombreux 'guides' trainant dans le coin vous expliquant l'interet de ces vieilles pierres, mais ce ne fut pas mon cas.

La journee suivante fut une journee de voyage. Direction Padangbai pour la nuit. M'y etant pris trop tard pour choper les navettes tousites assurant la liaison Ubud-Padangbai, je me demerde (je ne sais comment d'ailleurs) pour trouver un bemo qui m'assurera le transport, les taxis etant hors de prix.

Les bemo sont les transports en commun typiquement locaux. Peu d'occidentaux les utilisent car ils sont lents, d'une organisation incomprehensible pour le profane et evidemment peu confortables (surtout en plein cagnard). En revanche, si on se debrouille bien, on peu s'en sortir pour vraiment pas cher. Ce sont en fait des mini-bus qui sont sense faire des liaisons comme ca, entre deux ville. Pour descendre quand on le souhaite, il suffit de gueuler sur le chauffeur.
Je me retrouve donc dans un bemo au milieu de balinais menant leur petite vie, personne a bord ne parlant anglais. Au bout d'un moment le chauffeur s'arrete sur le cote, derriere un autre bemo, et me dit de monter dans celui-la. Alors la, faut faire confiance...parce que tu n'as aucune idee d'ou tu es. Finalement apres deux-trois changements de bemo, je suis dans celui qui m'amene directement a Padangbai.

Padangbai est une petite ville de transit puisque c'est de la que partent les ferries les plus reguliers et les moins chers pour Lombok, ma destination. Le chauffeur du bemo me demande ce que je vais faire a Lombok. Je lui parle de mon projet d'ascension du volcan Gunung Rinjani, un mastodonte de 3726 metres qui prend la moitie de l'ile. Grosse erreur ! A peine arrive a Pandang Bai, le chauffeur parle a deux mecs, et tres vite je me retrouve au milieu de gars me vendant hotels, projets de trek sur le volcan de Lombok, et compagnie.



Finalement je trouve un hotel pour passer la nuit, et vais me baigner dans la petite plage de Blue Lagoon, en fin d'aprem. A cote de ma chambre d'hotel, trois voisines...devinez la nationalite...voila. Bon j'ai passe la soiree en leur compagnie quelque peu genante vue qu'elles etaient accrochees a leur ordinateur portable et a Facebook, j'ai donc decide de rentrer tranquille-pepere-pas enerve a l'hotel afin de reflechir aux propositions qui m'ont ete faites pour realiser l'ascension du volcan, sur plusieurs jours.

Je m'arrete ici et vous raconterai plus tard ces trois jours de souffrance qu'ont represente ce trek du deuxieme plus haut volcan d'Indonesie.

Merci encore a vous pour les commentaires sympas. Ca donne envie de continuer. J'ai rajoute quelques photos egalement, mais pas des masses c'est un peu la misere pour uploader.
La bisaille.

Selemat Tinggal !

Peace, Love, Fly Fishing !