mercredi 9 octobre 2013

Soulfly




Sérieusement. Je ne me prendrais même pas en stop moi-même avec cette dégaine de taulard.

Sawadi Krap à tous, jeunes gens. Merci de passer dans le coin, le compteur de visites remonte doucement, ça fait plaisir. 

Où en étais-je ? Ah oui, je suis avec Mo et je cherche une voiture pour partir du village de Pak Song, dans un coin relativement paumé du Sud de la Thaïlande...en route pour le paradis.

Comme on pouvait s’en douter en effet, les quelques bus empruntant la transversale Est-Ouest 4006 ont des horaires erratiques et ne marchent pas quotidiennement ce qui nous laisse peu de marge de manœuvre dans un coin de la Thaïlande relativement paumé.

Me voilà donc à faire du pouce au bord de la route. Non seulement ma dégaine fait peur aux gens mais en plus il n’y a pas foule, et il se met à pleuvoir dru. Je me plains, mais finalement un jeune Thaï souriant et sympathique s’arrête au bout d’une vingtaine de minutes et nous propose de nous amener vers l’Ouest jusqu’au croisement avec la route Nord-Sud reliant Ranong à Phuket. Ce qui est dommage pour le coup c’est que nous nous retrouvons à l’arrière du pickup, sous la flotte et dans l’impossibilité de converser en langue des signes avec ce charmant chauffeur qui nous en sortait une belle du pied. Ou pas d’ailleurs (« Peut-être qu’il veut nous manger » !). A mesure que l’on quitte les collines de forêt humide et que l’on s’approche de la côte, le temps s’améliore. Il nous fallut environ 30 minutes pour atteindre la croisée des chemins, dire merci (« Kopung Kap  de ne pas nous avoir mangés ») et nous retrouver dans un boui-boui proche vendant un accès Internet et des biscuits Oreos (ce qui représente le minimum pour la survie en milieu hostilement chiant). La conversation avec les locaux curieux n’est pas très avancée non plus, mais visiblement un bus allant vers le Sud passe par là, et pourrait jaillir de n’importe quel buisson à peu près à tout instant. Désolé, la qualité de l’information n’est pas au top mais on fait ce qu’on peut.

C’est bien beau de prendre un bus, mais encore faut-il qu’il s’arrête où l’on veut. Même si les chances de prendre par erreur le bus pour Mourmelon (35 jours de trajet depuis Lang Suan) sont faibles, il faut quand même que celui-ci s’arrête à Kura Bhuri, d’où partent les bateaux vers les îles de Ko Surin, et où il est possible d’acheter des pass d’accès au parc naturel. Partis du Runs’N’Roses en début d’aprem, c’est début de soirée que nous arrivons à destination. Dans la gare routière pour le coup.

 

Cette fois-ci, grosse différence avec Lang Suan : il y a du monde, dont pas mal d’occidentaux. Je ne sais pas où est partie Mo, alors j’entame la conversation avec un gros teuton allemand de corpulence conséquente. Il revient directement de Ko Surin et me conseille justement M.Tom, le tour operator qui s’est occupé de lui et qui vient justement de le déposer. Je vais donc me tailler une bavette avec ce cher Monsieur Tom, qui n’en demandait pas tant. Les clients tombent comme des mouches, c’est Noël avant l’heure. Il nous propose de nous emmener avec son super minibus à son agence afin d’arranger les choses : logements, accès au parc, transports. Négociation des prix quasi impossible, mais ils sont raisonnables. Nous avions pris un pack du style « nuit dans un ptit hotel de Kura Bhuri »avec bateau et accès.


Une fois la piaule investie, pas franchement l’envie de faire le grand tour de Kura Bhuri. Et puis c’est vrai que là où nous à mis M.Tom semble être assez éloigné des endroits animés potentiels de la ville. Il y a tout de même un petit marché nocturne sur le bord de la nationale, alors on décide d’y passer une heure ou deux afin de picorer quelques denrées locales en guise de dîner. Un passage au Seven-11 afin de récupérer une ou deux Changs, puis retour  à la guesthouse où nous entamons une partie d’échec - que je gagne, il est toujours bon de le rappeler.

12 mars 2011. 5ème mois de voyage déjà bouclé. Petit déj’ en quatrième vitesse sur les coups de 7h30. M.Tom est un homme occupé. Il nous rembarque dans son minibus prestement. On ne se fait pas prier cela dit, on va quand même à Ko Surin, hein. On atterrit du côté d’un port perdu dans une immense mangrove. Ce coin-là de la côte d’Andaman est en effet très marécageux et sur plusieurs dizaines de kilomètres de littoral, des bras de mer et autres passes se faufilent à l’intérieur des terres. Il semble y avoir pas mal de petits ports de pêche dans le coin, et les bateaux sont légion. 


Nous prenons le large vers l’archipel. Une heure de navigation sur une petite embarcation relativement rapide remplie d’occidentaux. Nous sommes comme des pucelles sentant un slip sale de Kurt Cobain tant l’excitation est à son comble. Même tata Suzanne est dans la place.
 
"Tu viens à la maison dimanche ? Je te fais une taaaaaarte"

Oui, Chez Jalan nous disposons d'un matériel de pointe afin de vous rapporter les plus belles images du monde et des sourires de qualité.

Et pour cause : le spectacle qui s’offre à nous est hallucinant alors que nous commençons à naviguer entre les îles composant Ko Surin. Des morceaux de paradis terrestre absolument sauvages et entièrement préservés. Cela devient rare dans le coin, surtout si proche de l’infâme pustule qu’est Phuket. La Mer d’Andaman possède des joyaux bruts de beauté et pour ce qui est de la Thaïlande, l’archipel de Ko Surin n’y fait exception (tout comme son voisin de Ko Similan, un peu plus au Sud, reconnu comme rassemblant les plus beaux spots de plongée du pays). 


Ça change de la Grande Motte, avouez-le.
Le parc national naturel de Ko Surin est donc protégé, dans lequel la pêche est –censée être­ interdite et où la construction est également prohibée. Du coup, lorsque vous vous rendez là-bas en tant que touriste : pas le choix, il faut camper. Pas d’hôtels, pas de routes, pas d’électricité, pas de magasins, pas de bars ni de restos, du coup pas d’excités alcoolisés ou de pétasse en maillot sirotant un mojito sur une chaise longue en travaillant son cancer de la peau. En clair : juste des chemins sablonneux serpentant d’une plage à l’autre ou des pistes s’enfonçant dans la jungle vers on-ne-sait-où.

Sous la palmeraie en face d’une plage (peut-être une des plus belles du monde est incontestablement la plus belle que j’aie vue de tout mon voyage), seuls les bâtiments administratifs, une cantine et de basiques sanitaires communs sont les édifices solides. Les touristes (début 2011 en tout cas) ne pouvaient être logés que dans des tentes, éventuellement louables sur place comme tout le matériel de camping nécessaire. Interdit également de se faire de la bouffe ou des feux, la cantine est là pour ça (même si le choix des plats est limité. Aussi est-il possible de prendre à emporter si toutefois on souhaitait se faire une excursion dans la jungle couvrant l’île ou un tour en kayak). C’est la seule zone de camping de l’archipel, tout cela étant extrêmement cadré par les autorités, mais personne n’y perd au change ! Les emplacements des tentes sont à deux pas de l’eau, l’endroit est juste incroyable. La beauté du coin est tellement bluffante qu’elle calme toutes les velléités. Instinctivement, tout le monde respecte la quiétude de tout le monde. Et si l’ambiance n’est pas festive, voire même plutôt individuelle, les gens n’en sont pas moins amicaux et souriants (la zone est d’avantage primée par les familles, les voyageurs plus calmes et ces sempiternels hippies). Comment ne pas l’être, lorsqu’on a la chance de vivre dans une telle simplicité au milieu d’une nature si généreuse, même pour quelques jours. 


Il faut croire que la chance nous sourit avec Mo car à peine arrivés à la cahute de location des tentes qu’un allemand d’une cinquantaine d’année, chauve, slip de bain bien remonté s’approche de nous (oui, juste nous et pas les 30 autres péquins à faire la queue) et nous indique que la tente voisine à la sienne est vide et que nous pouvions éviter la location, bien que celle-ci « fuirait un peu » en cas de pluie. Nous suivons donc Klaus, car c’est son nom et nous arrivons à son spot de camping, qui n’était pas le plus dégeulasse, avec le hamac qui va bien. Merci Klaus. Visiblement le bougre solitaire était planté la depuis quelques jours ou semaines et était un habitué des lieux. 

Encore un emplacement de camping foireux !


D’autres voisins eux, plient bagages. Un couple. La fille en question s’approche de nous et nous offre leur natte de paille pour mettre à l’entrée de notre tente (vu qu’on est plantés dans le sable, c’est pas bête afin d’éviter de se retrouver avec le Takla-Makan dans la tente). Juste comme ça. Merci Médême.

"Je mets la caravane sur la boule et on rentre à Melun !"
Alors que faire à Ko Surin, puisqu’il n’y a point de Club Med’ ou de Makoumba Night pour draguer à plusieurs milliers de kilomètre à la ronde ? Lézarder, prendre du temps, lire, louer du matos de snorkelling pour aller jeter un œil à la fourmillante faune locale, se laisser charmer par ces jeunes requins pointe-blanche qui nagent tranquillement dans 50cm d’eau autour de vous à la douce brise d’un petit matin qui frissonne encore d’une fraîche nuit passée sous la pluie tropicale (j’en ai la larme à l’oeil). Tenter de trouver les lieux de ponte de tortues marines (sans s’en approcher pour autant, hein, pirates !), chercher des plages secrètes à travers la jungle ou bien rendre visite aux Moken, dans leur village situé sur une des îles de l’archipel. 
Alors par rapport à tout ce qui est peuple Moken de Ko Surin, ils l’ont un peu trop fumée, justement (la moken). Vous conviendrez qu’il est en effet plutôt rare de voir des nomades vivant dans un village sédentaire. Il faut dire que le monde actuel se prête plutôt mal à tout ce qui est nomadisme, et que ce genre d’ethnie et ses traditions tendent malheureusement à disparaître sous la pression sociale et économique. 

Ce hamac est pas mal situé, testons-le.
Ça c'est moi et à ce moment précis je n'ai aucune espèce de pensée pour vous (sans rancune)...



...cela méritait la photo réciproque de Mo, qui s'en tape également...

...mais ça se comprend...

A l’origine, les Moken de Birmanie sont un peuple important qui gravite principalement dans l’archipel des îles Mergui au Sud du Myanmar en Mer d’Andaman, également réputé pour sa beauté et constitué de plus de 800 îles. Une toute petite partie d’entre eux ont poussé l’aventure encore plus au Sud dans les eaux Thaïs et se sont retrouvés à Ko Surin.
Les retours du village Moken que nous avons eus étaient plutôt mitigés …Assez mitigés en tout cas pour nous dissuader de prendre un bateau afin d’aller sur l’île d’à côté pour les rencontrer. 

Ce genre de visite guidée dans des villages de diverses tribus ne m’a jamais émoustillé ; je les ai d’ailleurs beaucoup évitées dans ce Jalan Jalan. Elles sont bien souvent mises en scène par les guides, les touristes regardant les locaux comme des bêtes curieuses, et les locaux vacant à leur occupations et regardant les touristes tantôt comme des portefeuilles ambulants, tantôt comme une bande d’abrutis qui les observent en prenant des photos mais sans jamais réellement rentrer en contact. Qui est la curiosité dans ce face à face? Qui est le singe à qui on lance des cacahuètes ? Attention ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne porte en aucun cas un jugement sur le peuple en lui-même mais bien sur le système touristique gravitant autour de celui-ci. On retrouve les mêmes principes dans les treks des montagnes du Nord de la Thaïlande, du Viet Nam ou dans les pseudo-villages flottants du Tonlé Sap au Cambodge. 

Le "port" d'arrivée, Ko Surin

Il semble en effet que le peuple Moken, comme beaucoup de minorités ethniques, soit vraiment très riche en traditions et en particularités et se distingue nettement des Thaïs. Il aurait été plus intéressant de trouver une solution afin de les rencontrer indépendamment des circuits habituels (ces solutions existent mais nous ne les connaissions pas à l’époque et nous avions peu de temps devant nous).
C’est vrai que nous, on aime bien les poissons multicolores. On les préfère aux belles araignées dans les douches. Alors sur les deux journées pleines que l’on passe à Surin, on passe une grosse partie de notre temps à explorer les alentours sous-marins avec nos palmes, masques et tuba, et on se fait pas mal plaisir. De toute façon, il n’y as pas d’activité volley-ball et pas une vague à l’horizon…



Mais que vous dire ? QUE VOUS DIRE ? Si t'aimes pas VA À LA MONTAGNE !

 
Bien entendu, si l’on n’aime pas l’ambiance cocotier/plage ou qu’on n’arrive pas à s’en passer sans l’associer à un hôtel ou quelques bars, il y a moyen de s’ennuyer ferme à Ko Surin. Si en revanche on recherche des lieux magnifiques, calmes, préservés, isolés du monde réel et quasi-totalement déconnectés de la civilisation, cet endroit est clairement un bijou. Pour peu qu’on ne soit pas regardant sur le confort. Néanmoins pour nous, deux jours/deux nuits ont suffi car nous n’avons pas réellement rencontré d’autres personnes (même ce cher Klaus était plutôt solitaire). De plus, une fois la nuit venue et la cantine fermée, toute l’île se retrouve dans le noir complet, et seules les lampes torches peuvent encore garantir une prolongation de la soirée. Enfin, la montre tournait pour Mo, vu qu’elle n’avait que 15 jours de congés, ce qui nous poussait à réfléchir sur la suite des évènements.
Nous décidâmes d’attaquer la route vers Ko Tao.

Le sourire est dans la place.


S’il y a bien une chose qui m’est arrivée durant ce premier Jalan Jalan c’est l’acquisition d’un but. Je reviendrai plus en détail sur les leçons de ce premier trip dans la conclusion à paraître [un jour, NDR]. Mais d’un voyage sans fin programmée tel que l’était le trip j’avais développé la volonté de poursuivre ma formation de plongeur sous-marin vers le niveau de Dive Master (grosso-modo un assistant-instructeur). Pour deux raisons principales : d’une je n’ai jamais envie de cesser d’apprendre, et deux je suis trop passionné de ce truc pour ne pas envisager d’y développer éventuellement une carrière professionnelle. Cette prise de conscience était notamment due à ma rencontre avec Lee & Jen (cf. l’article « Denying Gravity ») quelques mois plus tôt puis l’idée s’était développée et tel des fesses de danseuse de Zumba, s’était raffermie au fil des rencontres, des découvertes et des kilomètres jusqu’à se trouver au centre du voyage, à peu près à cet instant-là.
J’avais déjà pu glaner çà et là des informations pour devenir stagiaire DiveMaster. Mais jamais je n’étais parvenu à me décider d’un centre de plongée et d’un lieu où j’avais fait les rencontres adéquates  et où je ressentais d’assez bonnes vibes pour poser y mon barda quelques mois (bien que j’ai frôlé le posage à El Nido aux Philippines fin Décembre). Je décidai avec Mo de tenter le coup vers Koh Tao car c’est évidemment l’une des capitales de la plongée sous-marine : elle détient les records du monde de l’endroit qui certifie le plus de plongeurs à l’année ainsi que les prix les moins chers. Aspect n’étant pas nécessairement attractif mais cela laissait pressentir du choix dans les centres de plongée. J’avais aussi eu une mauvaise impression quatre mois plus tôt du Golfe de Thaïlande, ayant ramassé environ 4 jours de pluie non-stop sur Ko Phangan, et je voulais laver l’affront. Enfin j’avais eu de très bons retour de l’ambiance Ko Tao, plus posée que sa voisine susnommée, plus petite, plus roots.


Ko Tao ("le pays des rêves"), prochaine destination.

Je reviendrai bien évidemment sur Ko Tao en temps voulu. Pour le moment nous voilà avec Mo, en ce petit matin du 14 mars 2011, dans le bateau nous ramenant de l’archipel de Ko Surin vers le continent. Une fois à Kura Bhuri, après avoir mangé un pad thaï de compétition proche de la gare routière, nous trouvons rapidement une solution pour rejoindre Chumpon, plus au Nord sur la côte Est de la péninsule. Cette fois-ci le bus passe le long de la frontière birmane, et la route prend un certain temps. Le retour à la réalité depuis Ko Surin est d’autant plus rude qu’un grave accident de bus a eu lieu sur la route peu de temps avant le passage du notre et que le spectacle est quelque peu « déroutant ». Le bus lui-même n’étant pas sorti de la route, en revanche. Mais vous m’avez compris.

En voyant ça je me dis : "Putain si on y construisait un Hotel Hilton 4 étoiles ? On a juste à raser le coin. On se ferait du flouze, avec tous ces connards d'Occidentaux friqués prêts à n'importe quoi".

Pas de couteaux à Ko Surin. Au cas où vous demanderiez ;)



Il nous faudra la journée pour atteindre l’autre côté de la péninsule et être jetés à Chumpon. La classique « journée poubelle du baroudeur sans peur et sans reproche». Solides et déterminés, rien ne nous résiste et nous obtenons rapidement ce que nous souhaitons : achetons des tickets pour un espèce de petit ferry qui ne ressemble pas aux bateaux touristiques habituels des compagnies SongSerm, Lompraya et consorts (habituées elles aussi a déservir Ko Samui, Ko Phangan et Ko Tao). Et pour cause : nous sommes les seuls occidentaux et la totalité des passagers sont des travailleurs birmans ou thaïs. Dans ce bateau de nuit transportant toutes sortes de véhicules et d’engins, s’entassent quelques dizaines d’hommes et de femmes qui foncent tout droit se coucher dans le grand dortoir commun à tous, sur-climatisé comme d’habitude…Aussi lorsqu’aux alentours de 23h, le bateau largue enfin les amarre après 1h30 d’attente à bord, ils sont tous déjà en train d’écraser sévère. Une capacité incroyable des asiats' de là-bas à dormir n'importe quand et n'importe où, en toute circonstance, et que j’appellerai affectueusement "le reflexe Tsing Tao". (vu qu'à la longue je suis devenu spécialiste en psychologie cognitive sociale de la région. Ahem.)


Le Crew Ko Surin vous défie : Pouvez-vous plisser le front ainsi tout en ayant l'air serein ?

Mais tous les locaux n'ont pas ce réflexe Tsing Tao. Un local, étant venu nous rejoindre sur le toit du bateau afin de profiter du spectacle lors du départ, essaie de communiquer. Impossible de se comprendre, lui ne parlant pas l'anglais évidemment, mais il semblerait qu'il soit ouvrier et qu'il parte construire je-ne-sais quels bâtiments sur Ko Tao. Le mec est tout bonnement adorable, vient vers nous spontanément avec son plus beau sourire et avec les meilleures intentions mais nous ne parvenons pas à nous comprendre. Quelques bribes et signes semblent passer, mais que c'est dur ! Cette frustration de la barrière de la langue je la connais, mais je ne l'accepterai jamais. Mais c'est finalement la bière qui met tout le monde d'accord, et nous partageons une Chang en sa compagnie. 

Le mec ne tarde pas à partir, une fois que nous avons réellement atteint la pleine mer. Nous ne tardons pas non plus, il faut essayer de trouver le sommeil. Car tôt demain matin nous atteignons Ko Tao, pour une nouvelle expérience à mettre dans la besace !

Je vous la garde au chaud pour la prochaine fois (qui sera je ne sais pas quand, vu que je suis sur la route). Faites attentions à vous. Voyagez dru, mais voyagez souple.

Notez qu'il y a des milliers de photos sur le Picasa Web, vous trouverez celles-ci sur le "photoII" : cliquez sur les images qui défilent sur l'accueil du blog et baladez vous dans les répertoires !

Peace, Love, Bunaken is the shit !


mercredi 11 septembre 2013

RetroJalan : FreshMan






Selamat tengah hari !

Voilà une pièce de collection datant du 15 ou 16 octobre 2010. Confessions intimes, flippées et maladroites du début de Jalan Jalan, sans savoir que je serai parti pour 8 mois. Restez connectés y'a du lourd qui arrive.


jeudi 1 décembre 2011

Welcome To The Jungle



Sawadi krap à tous.

Merci aux quelques uns qui passent encore ici et qui ont encore le cran de faire commentaires et critiques. Remarquez, je ne peux pas vous en vouloir, vu le temps écoulé depuis le dernier post. Ce n'est pas nécessairement le manque de motivation qui m'a tenu écarté de mon aventure bloggesque ces derniers temps mais d'avantage les évènements de ma vie privée qui m'y ont contraint. Car voyez-vous, autant je me battais comme un beau diable pour vous donner des news fraîches lorsque j'étais en plein dans le Jalan Jalan, autant depuis les nombreux mois où je suis finalement de retour en France, les choses se sont quelque peu précipitées. Il faut croire que notre monde occidental est bourré de contraintes...

Étant bien conscient que l'excitation du lecteur se trouve quelque peu altérée par le fait d'être loin du "temps réel" vis à vis du récit, j'ose espérer tout de même que ce billet vous plaira autant que je prends de plaisir à l'écrire. Et n'ayez crainte, les souvenirs sont frais dans ma tête (et mes quelques notes de l'époque -pas si lointaine- me permettent de rentrer dans le détail).

Frais sont les souvenirs. 6 Mars 2011...

Un bus...
Un enième bus depuis que je voyage par la terre, depuis maintenant presque un mois et demie, dans un périple au travers de cette incroyable Asie du Sud-Est, depuis que mes pas ont foulé le sol de la capital vietnamienne, Hanoi. Des dizaines d'heures de bus depuis fin Janvier 2011 me trimballant le long de la Mer de Chine, afin de bifurquer vers le Cambodge, où je n'ai passé que trop peu de temps. Me voilà donc quittant ce dernier pays pour revenir, après trois mois, dans ce fabuleux coin qu'est la Thaïlande.

Ah ! Bangkok la vibrante !
Cette fois-ci, pas de risque de dépassement du visa (ahem, à priori) : mon passage à l'ambassade Thaï de Phnom Penh porte ses fruits puisque je suis tranquille pour 60 jours sur le territoire. Le point de passage de Poipet -le plus emprunté des touristes vu sa proximité avec les temples d'Angkor- n'est pour moi qu'une formalité car j'ai déjà un visa, et les difficiles relations diplomatiques entre les deux pays (les armées se foutent régulièrement sur la gueule pour avoir la souveraineté sur certains temples bouddhistes non loin de la frontière) ne sont que très légèrement palpables à cet endroit. Comme à mon habitude, je tombe sur un couple de Français plutôt sympa avec qui je discute rapidement lors des démarches administratives de vigueur à la frontière.

Je ne m'attarde pas. J'ai hâte de remonter dans le bus pour me taper les trois heures restantes avant l'arrivée à Bangkok. Comme pratiquement à chaque "atterissage dans un nouveau pays", je ne serai pas tout seul. Ce fût d'abord le cas avec ma propre maman à Bali en Octobre. Puis Maïna et Steph à Chiang Mai ou encore Matthieu et Maly à Manille mi-Décembre. Croiser des visages connus fait toujours un bien fou lorsqu'on voyage seul et avec la tête dans le guidon constamment.


Là, c'est encore un vrai visage familier qui m'attend à Bangkok (enfin j'espère). La raison de ma précipitation au Cambodge et de la tentative d'organisation de mon planning de backpacker (ce qui est, si vous voulez mon avis, une oxymore remarquable). Ma cousine Morgane est en effet dans la place, fraîchement débarquée de France. La voilà en Asie du Sud-Est, qui est alors devenu mon "terrain de jeu", dans lequel je me sens à l'aise, même si j'ai encore tout à découvrir... Cette expérience thaï avec Morgane, si elle fut marquante, fut également une autre vision de la Thaïlande que celle qui me fut offerte à mon premier passage quelques mois auparavant.

Voilà Mo, 6h de jetlag dans le bide, dévalant nonchalamment une rue bangkokienne


Tout d'abord, ma folie des coins crades et pas chers d'une Bangkok que j'avais déjà pu apprendre à aimer fut quasi instantanément balayée par les velléités "différentes" de Mo. Rendez-vous en milieu d'après-midi à Thewet, un petit quartier situé à 2 Km au Nord de Banglamphu (Kaosan Road et consorts), le long du fleuve Chao Phraya. Juste un petit poil plus cher, plus calme et carrément plus clean que le ghetto des backpackers, le coin de Thewet, trouvé par Mo via son 'superguide' (j'y reviendrai) se révèle être un excellent compromis que finalement peu de gens, même habitués de Bangkok, connaissent. La proximité des bateaux-bus de la Phraya en fait un choix sympa pour taper vers l'hypercentre comme Siam Square, Sukuhmvit, Patpong ou Chinatown, et la proximité avec Kaosan Road est toujours un plus pour avoir de quoi remplir ses soirées arrosées bangkokiennes.

À peine descendu du tacos qui me ramenait vers Thewet, je regarde autour de moi pour chercher Mo. Bien évidemment, comme je suis dans les vappes, je ne vois pas ce que j'ai devant mon nez. Il a fallu qu'elle me saute de dessus pour que je finisse par la voir...Retrouvailles.

Une bière Chang, notre première, est partagée. Nous voilà à trouver rapidement notre piaule (avec un standing clairement au dessus de ce que vous trouverez vers Kaosan), puis au 7 Eleven le plus proche pour acheter quelques Chang afin de nous trouver un petit ponton en bord de Chao Phraya avec de quoi picoler. Après un certain temps, nous décidons de nous rendre dans un temple bouddhiste tout proche, afin de "remercier Bouddha pour ce voyage".
Ça, c'est le dada de Mo. N'ayant personnellement aucune conviction d'ordre religieuse, je la suis sagement dans cette micro-aventure (mais attention je ne suis pas contre, j'ai du coup remercié Bouddha à fond, parce que bon, si c'est lui qui gère mon Jalan Jalan, il envoie du steak quand même, le gazier). Nous nous retrouvons à cramer des encens et à écouter des bonzes, reliés avec nous par la tête grâce à un réseau impressionnant de ficelles pendues au plafond afin de connecter tout le monde dans le délire, réciter des mantras bouddhistes sans arrêter pendant 45 minutes, de cette manière qui est la leur : singulière, froide et monocorde. C'est un spectacle impressionnant et envoutant, mais quand on est simplement spectateur, ça devient long au bout d'un moment (désolé). Au final on se sait même pas si on va rester coincé avec les bonzes pendant toute la soirée, alors ça devient juste drôle...

Les berges du Chao Phraya, lieux d'étonnants manèges nuit et jour
 

Le reste de cette première soirée se passe avec quelques Chang (loin de moi l'idée de faire de la pub à cette marque de bière, il s'agit simplement de la plus consommée dans le pays, devant la Singha, la Leo et la Tiger), assis sur un trottoir de Kaosan Road, où il suffit simplement de s'écarter et de regarder pour trouver un spectacle hallucinant. De backpackers défoncés, de prostituées Thais qui tentent de les attirer, de tous ces commerçants de bouffe, de textiles, de voyages, d'artisanat et de rêve, qui vont et viennent et finissent par fermer boutique sur les coups de 3 heures du matin, alors que l’effervescence de cette rue incroyable commence doucement à redescendre. Kaosan Road, Thanon Kaosan, pour nos amis Thailandais, est un endroit de furie, d'échange, de débauche et de tourisme de masse. Mais clairement, il n'y a que peu de côté malsain dans ce coin là de Bangkok. La plupart des voyageurs y squattant n'étant que des backpackers à petit budget cherchant simplement à faire la fête. Nous sommes encore loin des coins plus glauques de la capitale. Bien que Mo soit avec moi, cet esprit kaosanien ne m'habite pas, et c'était déjà le cas lors de mon premier passage à Bangkok début Décembre. Mais j'adore y passer car cet endroit vibre de toutes ses forces.

Une désormais classique, un toit d'un des milliers de temples de la capitale

Lendemain, 7 mars, première journée et lever tard. Nous profitons d'un petit dej' délicieux sur Thewet et nous bougeons vers Banglamphu pour trouver un cyber café vers Thanon Ram Buttri (la guesthouse Green House gère un restau pas mauvais et le cyber café le moins cher du coin). Cela nous permet de donner des news à la familia mais aussi de commencer à planifier la route vers le Sud, direction que nous avions choisi de prendre rapidement (nous ne voulions pas nous éterniser dans Bangkok). Dans cette même rue, nous rentrons dans un magasins de costards, car voyez-vous j'avais décidé de profiter d'être dans le coin où plein de tailleurs népalais sont en concurrence pour me faire tailler un ou deux costards pas cher. C'est finalement sur "M.Armani" que s'arrête mon choix. Loin d'avoir un rapport de près ou de loin avec l'Italie, Monsieur Armani me propose un prix correct et semble faire correctement son taf. Après le choix des tissus et la prises des mesures, nous nous donnons rendez-vous le lendemain pour le premier essai. Ouais, ils bossent vite en plus, probablement grâce aux gamins dans l'arrière-boutique...


Nous prenons le bateau-bus sur le fleuve pour descendre dans le coin de Chinatown, à peu près sur les traces que j'avais laissées au mois de décembre. Ce passage dans le coin chinois, complètement à l'aventure, m'avais marqué et je décidai donc d'y trainer Mo. On achète quelques fringues, on se galère à faire comprendre aux Thais que l'on cherche un jeu d'échecs pas cher pour occuper nos petits moments (chose qui fut un succès), et nous traçons à nouveau la route vers Siam Square, le quartier des affaires ultra-moderne. Nous atterrissons finalement du côté de Patpong.



Chinatown, "Thai Concrete Jungle", Bangkok


Patpong, que je découvrais en même temps que Mo, est avec certains Soi proches de Sukhumvit, le lieu de tourisme sexuel de Bangkok. À cet endroit, le sexe est partout, vendu en pleine rue comme une marchandise dans un système de consommation de masse. Pigalle, c'est le Vatican à côté. Des prostituées par centaines, des stripteaseuses magnifiques partout, le péquin moyen pourrait vite tomber dans le piège. Et il y a ces ping pong shows, véritables symboles de la Thaïlande misogyne. J'en ai déjà parlé lors de mes précédents posts sur le pays. Vous en trouverez facilement dans les coins à sexe de la région (Patpong donc, mais aussi dans les endroits comme Phuket ou Pattaya notamment). Grosso modo ce sont des shows où une femme nue sur une scène se cale -entre autres- des balles de tennis de table dans le vagin. Armé d'une raquette de ce même sport, vous devez tenter de rattraper la balle qu'elle vous envoie à pleine vitesse par la seule force de ses muscles vaginaux. Ces filles-là (car ce sont indéniablement des filles) ont probablement de la corne à la place d'un orifice, vu qu'elles sont capables de décapsuler les bouteilles d'Orangina avec leur outillage, non sans avoir oublié de secouer la bouteille avant sinon la pulpe reste en bas. [voilà, ça c'est fait, NDR]

Patpong, Bangkok

Par simple curiosité (et non par excitation, ce genre de truc étant d'avantage pathétique qu'émoustillant), nous nous sommes aventurés dans l'un d'eux. Gare à l'arnaque ! La plupart des rabatteurs pour ping pong show vous file un papier permettant l'accès gratuit au lieu. Sous réserve de prendre une conso. Plus spécifiquement, une conso pour vous et une conso qu'il faudra payer à la jeune demoiselle à poil qui ouvre goulument ses jambes devant vous. La moindre bière coutant 15 euros, vous sortez de là avec une note inattendue. Surtout que nous n'y sommes pas restés bien longtemps...En conclusion : pas spécialement un gros kiff comme expérience. Mais c'est toujours une expérience de plus...

Ragaillardis par un tel spectacle, nous remontons la grande avenue de Thanon Sukhumvit pour rejoindre dans un bar-lounge-pour-expat-blindé-à-la-con une vieille connaissance de Mo, Mickaël, qui se trouve bosser à Bangkok, ainsi que la compagne de ce dernier, une charmante thaïlandaise ne parlant pas le français mais sachant l'anglais. L'expérience est quelque peu déroutante alors que nous partageons un verre et je ne cache pas mon ennui profond alors que seuls Mo et son pote trouvent l'énergie de discuter. La compagne en question semble crever de désespoir également. Personnellement je n'ai qu'une envie : me barrer.
Ça ne durera pas longtemps car tout le monde avait l'air de s'emmerder dans ce florilège de bienséance sans intérêt à l'occidentale.

Une telle journée à marcher partout, vous le savez, c'est assez éprouvant, et nous ne tardons finalement pas à rentrer en direction de Thewet, où nous bouffons une soupe achetée dans une cariole de coin de rue avant de tracer tranquillou vers les plumes.

Encore entrain de raconter des conneries une Chang à la main. Bangkok.

Le lendemain est encore plus cool que la veille, puisque nous restons dans le coin de Banglamphu. Nous avons lâché notre piaule à Thewet (tout en y laissant nos sacs) dans le but de trouver un bus pas cher pour prendre la route du Sud. Après moult inquisitions, nous apprenons qu'il est trop tard dans la journée pour prendre un bus touristique. En revanche, la vaillante Thaï qui nous renseigne dans cette agence de voyage du Soi Rambuttri nous apprends qu'il y a moyen de choper des bus de voyage locaux, en se rendant à gare routière Sud de Bangkok (je note son nom en local pour le taxi : สถานีรถประจำทางในภาคใต้). Le temps pour nous de récupérer nos sacs, prendre un tacos et nous voilà, dans la soirée, à la grande gare routière.

On achète les billets directement sur place. Pour moins cher que via les agences de voyage touristiques du coin de Banglamphu. L'opération se fait aussi facilement, sans aucune difficulté, le bus pour locaux est tout autant, voire plus confortable que les bétaillères à touristes, et se trouve moins exposé aux vols (qui sont légion chez ses derniers). Un plan en or pour barooder en puissance voyageant pas cher, que j'ai réutilisé quelques semaines plus tard (car mes aventures à Bangkok sont loin d'être terminées).

Partis vers 22h, nous voilà en route vers le Sud. Il y en a pour environ 8 heures. Et c'est là que l'on se rend compte à quel point la Thaïlande a compris que faciliter la vie au voyageur/touriste allait développer son économie. C'est de loin le pays de ce Jalan Jalan où se mouvoir d'un point géographique à un autre est le plus facile.

La côte Thaï, proche Lang Suan est déserte de tout tourisme

Nous avions demandé au chauffeur de nous larguer à Lang Suan, qui est une petite ville située sur la côte Est de la péninsule Thaïlandaise, située à un peu plus de 500 km de la capitale. C'est sur les coups de 4h du matin que le bus nous largue au milieu de nulle part, proche de la ville en question. Nous, nos sacs et personne alentours. Personne ? Pas tout à fait. Comme par hasard voilà deux mecs en bécane qui sont postés là, au milieu de rien, aux premières lueurs du jour. Ils ont sûrement été prévenus par le chauffeur du bus que deux Farangs débarqueraient et se retrouveraient en galère.

Ils nous proposent de nous emmener dans un homestay . J'essaie de négocier quelque peu mais au vu de la situation c'est plutôt peine perdue, même si j'arrive à obtenir un petit rabais. Et puis nous sommes crevés donc trouver un lit est une priorité. Je monte dernière un gars, Mo derrière l'autre et en avant.

Alors sachez, chers sympathiques lecteurs, que même en Thaïlande, se pointer dans un homestay sur les coups de 5h du matin pour choper une piaule est souvent voué à l'échec. Le premier endroit où le mec nous emmène connait vraisemblablement son propriétaire endormi, et nous demandons au gars de ne pas insister vu que l'endroit nous plaisait moyennement et que nous préférions être devant la mer (oui, même à bout de fatigue on reste des casse-couilles). Le deuxième essai sera le bon. La piaule n'est pas grandiloquente, la plage pas des plus magnifiques, mais enfin le soleil se lève sur la Mer devant nous et nous ne demandons pas mieux.


Aube sur Lang Suan



Il faut savoir que le plan de s'arrêter dans ce patelin paumé qu'est Lang Suan, bien qu'à l'arrache comme d'hab, répond à deux problématiques toujours ouvertes en ce 9 mars. La première étant de chercher un bel endroit bien posé et bien roots sur une des plages de la côte Est - toujours dans le souci d'éviter la zone de Phucket. J'en avais entendu du bien de la part de mes compagnons de route Antho et Anso rencontrés quelques mois plus tôt sur l'île de Koh Phi Phi. Mais je savais qu'ils avaient été dans le coin de Chumphon, qu'on avait déjà dépassé de 80 km vers le Sud. Mes informations étaient donc très limitées sur les possibilités alentours.


En revanche, l'extraordinaire guide de voyage de Mo (basé sur le principe de l'écotourisme)  nous avait mis l'eau à la bouche sur certains plans pas mal dans le coin. Si vous regardez la carte, vous verrez que Lang Suan se trouve à la croisée des chemins entre la grande route Nord-Sud et la petite "départementale" fonçant en direction de la côte Ouest de la péninsule, et notamment la ville de Ranong, qui représente le point de passage le plus important du Sud du pays pour rentrer au Myanmar. Notre but ultime n'étant pas de changer de pays, mais de nous rendre sur la côte Ouest où se trouve le parc naturel de l'archipel de Koh Surin, renommé pour son côté sauvage et magnifique, lieu de vie du peuple Moken, les "nomades de la Mer".

Mais ce véritable paradis sur Terre qu'est Koh Surin n'était pas pour tout de suite. Nous avions repéré dans le guide, un petit hôtel d'écotourisme situé au milieu de la jungle, le long de cette fameuse départementale (la route 4006), à environ 20 km de la côte Ouest. Son nom : le "Runs 'N' Roses". Forcément..."Welcome To The Jungle", comme dirait ce cher Axl.


5 heures et demie. Lang Suang. "Enjoying the view, taking pictures you know...". La fatigue est néanmoins visible.

Je décide d'appeler, et tombe sur la gérante de l'endroit, Ingrid, une néerlandaise. Je lui annonce que nous sommes intéressés mais quand elle m'indique le prix d'une nuit, nous sommes rapidement refroidis. En effet, on nous annonce des prix à l'européenne. Je lui sors qu'on la rappelle, car nous avons besoin de délibérer par rapport à la suite du voyage et à notre budget. Visiblement il semble impossible de négocier (on est pas en présence de locaux pour le coup).

Avec Mo, Runs'N'Roses nous fait beaucoup trop cher par rapport à nos envies et notre budget de baroude. Je décide donc dix minutes plus tard de rappeler Ingrid, par politesse afin de lui annoncer que ça ne sera pas bon pour nous. Vraisemblablement cette dernière en avait aussi discuté avec son mari, et vu qu'il ne devait pas y avoir foule, voilà qu'elle m'annonce non seulement qu'ils étaient prêts à faire un effort sur les prix, mais qu'ensuite c'est nous qui décidions combien nous voudrions donner ! Le voyage avec Mo avait déjà commencé sous les meilleurs auspices à Bangkok qu'une autre bonne nouvelle venait donc de tomber !
Enthousiasmés car l'endroit semblait vraiment classe sur le guide éco-touristique, nous acceptons l'offre et prenons connaissance de la route pour rejoindre l'endroit.

En ce 9 mars donc, après seulement une grosse demie-journée dans notre homestay, nous voilà en milieu d'après-midi sur la remorque d'un pick-up qui nous dépose au centre-ville de Lang Suan. Alors, "centre-ville" est un grand mot, tant cet endroit est absolument mort et relativement petit. Seuls occidentaux à la ronde, le barda sur le dos, notre présence dans la rue principale proche de la "gare routière", désertes l'une comme l’autre, semble attiser la curiosité des locaux. En fait la gare routière est juste une place de parking pour un bus avec une baraque vide à côté, pour information.

D'information, nous en manquons, justement. Car nous souhaitons prendre le bus qui prend cette fameuse départementale allant vers l'Ouest, mais personne à la "gare" n'est présent pour nous indiquer le chemin et les horaires. Nous décidons alors d'aller demander aux gens qui nous zieutaient aux alentours. Bien évidemment, dans ce coin paumé de Thaïlande, personne ne parle un traître mot d'anglais. D'ailleurs, soit dit en passant, l'anglais de Mo n'est pas beaucoup plus évolué que celui du paysan Thaï moyen, ce qui nous a fait pas mal marrer pour le coup.

Bon, alors c'est la véritable galère pour faire comprendre aux gens que nous attendons un bus (en même temps, avec nos sacs, nous n'étions certainement pas là pour chercher un spot de skateboard, nous sommes d'accord), pour leur faire comprendre où nous voulons aller et pour essayer de comprendre si un bus va passer dans la journée et si oui, quand ? Mais peu à peu, à force d'insister, de batailler et de rigoler avec ces locaux absolument adorables, la lumière jaillit. Un sympatique Thaï à moustache semble je-ne-sais-comment comprendre notre requête et nous fait le signe "un" avec son index (oui, c'est ça la lumière).

Morgane, qui est l'optimiste de service, en déduit "une heure avant le bus".
Je rétorque "Ça pourrait tout aussi bien être 'un mois' ou 'une demi-lune', ou encore 'un euro pour avoir l'info' ", vu que je suis le pragmatique relou de la bande. Quoi qu'il en soit, on a le temps de bouffer, et ça tombe bien vu qu'on a la dalle. On s'arrête donc dans le petit boui-boui en vue de la gare de bus -au cas où-, puis on se fait servir un plat local dont je n'ai aucun souvenir mais qui n'était pas à noter dans le Michelin, même si les gens qui l'avaient préparé avec amour et volupté étaient bien sympas.

Peu après avoir terminé le repas, voilà donc un bus qui arrive. Il faut croire que c'est Mo qui avait raison ! Nous voilà donc en route pour le Runs 'N' Roses, environ 50 minutes de bus (rempli à raz bord de Thaïs voyageant tranquillement, nous dévisageant au début puis devenant très rapidement tout à fait indifférents à notre présence). Là aussi, le chauffeur ne parle pas anglais et j'ai toutes les peines pour m'assurer qu'il a bien compris où nous allons. Mais ils gèrent, ces gens-là, et une fois arrivé dans un micro-patelin perdu dans la campagne/jungle, nommé Pak Song, on nous fait signe de descendre.

Le doute sur la bonne destination s'envole rapidement lorsque nous voyons une femme occidentale sortir d'un 4x4 et venir vers nous. Il s'agit en effet d'Ingrid, qui comme promis venait nous chercher directement au village sur le passage du bus. Ingrid est une femme d'un gabarit relativement impressionnant, 1m85, rousse au cheveux courts, 145 kg (nan je déconne). on sent tout de suite qu'elle n'a pas les deux pieds dans le même sabot et que si elle vous met une gifle, les cervicales sautent.

Il faut avouer qu'avec l'histoire de la négociation des prix et des appels téléphoniques du matin, le malaise est palpable de notre côté, mais Ingrid sait se montrer immédiatement accueillante et chaleureuse ce qui nous détend un peu. Très rapidement, nous arrivons à l'endroit (situé à environ 1.5km de Pak Song).

Le Run's and Roses est un petit hotel/homestay basé sur l'éco-tourisme qui comporte un nombre très réduit de chambres (3 ? 4 ?) organisées en bungalows dans la "jungle". Bon, le mot "jungle" est un grand mot, c'est pas non plus l'Amazonie. Mais vous vous retrouvez là, vous êtes en pleine nature, dans cette forêt primaire où le silence n'existe pas.
Soyons clair : cet hôtel est paumé au fin fond de la campagne Thaï, très loin des circuits touristiques. Donc ne vous attendez pas à des soirées de folie et des gens partout, mais à un calme incroyable et une sensation de plongeon dans la nature généreuse de l'Asie du Sud-Est. La nuit tombe vite, et à 21h tout le monde est rentré dans sa chambre, le "restaurant" de l’hôtel est fermé et il n'y a absolument plus rien d'autre à faire que de se rentrer aussi, discuter sur la terrasse, lire un livre, fumer une clope ou jouer aux échecs devant la gigantesque masse sombre de la forêt d'où provient un raffut impressionnant des millions de petites bestioles qui la peuplent. Une immersion incroyable, des odeurs, une puissance et des vibrations très particulières.

"Bordel, c'est quoi cette écrevisse sauvage de 30cm" ?



Ce principe impose un rythme de vie axé sur la Nature elle-même, ainsi que le contact humain avec d'une part Ingrid et son mari, qui gèrent les lieux, ainsi que les autres convives du homestay. Aussi Ingrid fixe-t-elle les horaires des repas, car tout le monde mange ensemble (les gérants avec les clients) autour d'une grande table ronde de bois exotique, le tout sur une magnifique terrasse en hauteur avec une vue sur la jungle tout bonnement hallucinante. Certes, les prestations, disons "matérielles" et "culinaires", étaient d'un niveau nettement au-dessus de tout ce que j'avais fait jusqu'à maintenant dans ce Jalan Jalan, ce qui d'ailleurs justifie le prix (la bouffe est délicieuse et les chambres sont magnifiques), mais au-delà de ça, le respect de la Nature et les relations humaines semblaient être le fil rouge de toute la gestion de l'endroit.

Le lieu commun de vie, de restauration du Runs'N'Roses
  

D'ailleurs, lors de notre passage, deux autres chambres sont occupées : deux amies d'une soixantaine d'années ainsi qu'un couple de québécois d'environ 50 ans, Danielle et Daniel avec qui nous avons eu l'occasion de bien sympathiser lors de ces longues soirées à discuter dans la forêt Thaï. Tous restaient pour une période bien plus longue que nous au Runs'N'Roses. L'endroit est en effet plutôt prisé par des touristes recherchant le calme asiatique (du genre que l'on peu retrouver par exemple sur les 5000 îles sur le Mekong, au Laos), avec un confort sympathique moyennant finance, plutôt que le soleil, la plage, les cocotiers et la frénésie de certaines îles comme Phuket ou Phi-Phi. Le climat en reste très chaud et humide : on est quand même sérieusement dans le Sud du pays.

La base réelle de l'existence du Runs'N'Roses, c'est cette école et cette infrastructure d'accueil pour jeunes orphelins Thaïs, disposés à côté de l'hotel. Le homestay en lui-même n'est qu'une vitrine éco-touristique pour mettre en valeur le projet ainsi que lui garantir des rentrées financières. Donc même si ça coute un peu cher, sachez que vous faites de toute façon une belle action en aidant Ingrid et son mari à développer ce petit centre d'accueil perdu au fin fond de la forêt du Sud de la Thaïlande. À l'heure où j'écris ces lignes, le nom a changé et est devenu "TCDF Eco-Logic", qui, reconnaissons-le est un nom tout à fait pourrave, mais bon.
Bonne ambiance avec les Daniel's québecois

Alors, qu'avons nous fait aux alentours du Runs'N'Roses ? Non parce que c'est bien beau de leur faire de la pub gratuite (ils la méritent), mais faut aussi avancer dans le récit. Finalement, avec le recul nous ne sommes pas restés longtemps (moins de 48 heures au final) dans cet endroit. Plusieurs raisons à cela : le prix et le temps. D'une part il n'était pas spécialement prévu de s'arrêter en chemin à cet endroit là, même si nous avons eu raison de le faire. Aussi, le principe d'Ingrid, du "donner ce que vous voulez", exceptionnel pour nous, est à double-tranchant. Je ne me rappelle pas du montant que nous avons laissé, mais nous étions relativement mal à l'aise, au vu de la qualité de l'accueil. Ce principe là quelque peu précipité le départ, et il nous fallait avancer.

Avancer oui, mais comment, lorsqu'on est au fin fond de la pampa thaï (tiens, c'est joli ça, "PampaThaï", c'est musical) ? Mon pote Nans, ouais celui de Nus et Culottés, vous dirais qu'il n'y a qu'à faire du stop. Alors en avant pour le stop.

Peace, Love, Respect to the dancefloor.


Si vous observez vraiment vous observerez une Mo sauvage chassant le ragondin

Un bisou sur la truffe à celui ou celle qui me trouve le nom vernaculaire de cette jolie fleur

Une carte sympa dans le Runs'N'Roses

Les tronches improbables et les regards mouillés des backpackers égarés


Les piaules

La vue depuis la piaule, ça change de la Grande Motte

La piaule elle-même

Voici donc un arbre avec des feuilles sans aucune particularité

Mo marchant vers son destin. Aux alentours du village de Pak Song, province de Chumpon.